C’est désormais officiel. L’index va augmenter dès le 1er mai, c’est ce qu’a annoncé le Statec. Les salaires va donc augmenter de 2,5%. En effet, le taux d’inflation annuel tait de 1,7% en avril ce qui a eu pour conséquence de déclencher une nouvelle tranche d’indexation.

Ce mardi 29 avril, l’Office des statistiques confirmera définitivement la prochaine tranche d’indexation ou, le cas échéant, la reportera une nouvelle fois. Les travailleurs calculent déjà la différence que l’indice fera sur leur salaire. La dernière tranche d’indexation avait eu lieu en septembre 2023.

Mais le bonheur des uns fait le malheur des autres. En effet, tout le monde ne se réjouit pas de la même manière de la tranche indiciaire. Les employeurs doivent répercuter l’adaptation des salaires sur chaque collaborateur. Une charge financière supplémentaire, surtout pour les petites ou moyennes entreprises.

Chaque tranche indiciaire représente pour nous une charge annuelle supplémentaire à cinq chiffres.

Michael Kyll

Électricité Kyll

Interrogé par le Luxemburger Wort, le directeur d’Électricité Kyll, Michael Kyll, explique certes que «l’adaptation automatique des salaires à l’inflation est un mécanisme puissant qui maintient la stabilité sociale du Luxembourg. Mais d’un point de vue entrepreneurial, la réalité est souvent différente», ajoute-t-il. «Chaque tranche d’indexation représente pour nous, chez Électricité Kyll, une charge annuelle supplémentaire à cinq chiffres, et ce indépendamment de la situation économique ou du carnet de commandes.»

En particulier, «dans un contexte conjoncturel difficile, où les investissements sont reportés, les chantiers réduits et les matériaux plus chers, de nombreuses petites et moyennes entreprises sont sous pression», reconnaît le directeur. «Pour nous, en tant qu’entreprise de 45 collaborateurs, cette situation implique beaucoup de responsabilités vis-à-vis de l’équipe, de nos clients, mais aussi de la stabilité à long terme», souligne-t-il.

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Michael Kyll exprime donc le souhait «que l’indexation ne soit pas simplement perçue comme une évidence, mais comme un instrument bien intentionné qui, d’un autre côté, doit aussi être supporté économiquement. Cela ne doit pas être à sens unique», résume le directeur de l’entreprise familiale.

«Pour nous, en tant qu’entreprise de 45 collaborateurs, cette situation est liée à une grande responsabilité», déclare le directeur d’Électricité Kyll. © PHOTO: Chris Karaba

Garantir le pouvoir d’achat

La Chambre des métiers explique que, pour les entreprises artisanales en particulier, chaque tranche supplémentaire signifie une augmentation de la charge salariale. «Cela met les entreprises sous pression et diminue leur compétitivité, notamment au niveau international», ajoute la Chambre.

Chaque tranche met les entreprises sous pression et diminue leur compétitivité, notamment en comparaison internationale.

Chambre des Métiers

La Chambre des métiers fait remarquer que si l’indexation des salaires représente un coût supplémentaire pour les entreprises, elle permet de garantir le pouvoir d’achat des travailleurs, surtout dans un contexte d’inflation élevée.

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C’est pourquoi la Chambre des métiers ne remet pas fondamentalement en question l’index. «En même temps, il est important de rester vigilant: une spirale inflationniste persistante peut conduire à une accumulation automatique d’adaptations de l’index, avec des effets négatifs sensibles sur l’ensemble de l’économie, comme nous l’avons vécu en 2023», explique la Chambre des métiers au Luxemburger Wort.

C’est pourquoi il est important de trouver un équilibre: «D’une part, les entreprises doivent pouvoir rester compétitives. D’autre part, il faut garantir des conditions de vie équitables et stables pour la société dans son ensemble.»

Quand une tranche d’indexation est-elle déclenchée?

Afin de maintenir le pouvoir d’achat, le Luxembourg a introduit un système d’indexation automatique des salaires en fonction du coût de la vie. «Une nouvelle tranche indiciaire est appliquée lorsque la moyenne semestrielle de l’indice des prix à la consommation dépasse de 2,5% la valeur de référence précédente. Cet indice est calculé sur la base d’un panier d’environ 7.700 prix de biens et services collectés par les enquêteurs du Statec et de 90.000 données supplémentaires provenant des paiements effectués aux caisses de différents supermarchés», peut-on lire sur le portail d’information Luxembourg Public.

Si une tranche indiciaire est déclenchée, tous les salaires et pensions augmentent de 2,5%. En 2023, il y a eu trois paiements d’index.

Les entreprises peuvent prévoir l’index dans leur budget

Le directeur de la Chambre des salariés (CSL), Sylvain Hoffmann, explique que l’index est «une bonne et importante chose». Car pour éviter une perte du pouvoir d’achat au Luxembourg, le salaire ou la pension doivent être adaptés.

Pour les employés qui ne sont pas couverts par une convention collective, l’index est souvent la seule possibilité d’adapter leur salaire, souligne Sylvain Hoffmann. C’est pourquoi l’index est «une garantie que les salaires ne perdent pas de leur valeur», souligne le directeur de la CSL.

Normalement, les entreprises ont intégré l’index dans leur budget.

Sylvain Hoffmann

Directeur de la Chambre des salariés

L’index donne aux entreprises une certaine sécurité et aussi une prévisibilité, car «les tranches d’index peuvent normalement être prévues à l’avance dans le budget», explique Sylvain Hoffmann. «Cette année, la tranche indiciaire arrive de toute façon plus tard que prévu (le déclenchement a été reporté plusieurs fois, NDLR) et normalement, les entreprises l’ont intégré dans leurs calculs.»

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«Pour certaines entreprises, l’index représente bien sûr une charge financière supplémentaire, mais le système a globalement fait ses preuves au cours des 50 dernières années. L’économie s’est bien développée au cours des dernières décennies et les petites et moyennes entreprises se sont également bien développées», décrit Sylvain Hoffmann. Récemment, d’autres évolutions, comme la hausse des prix de l’énergie, ont posé des défis aux entreprises.

Les prix augmentent-ils avec l’indexation?

Souvent, les consommateurs associent le déclenchement de l’index à une hausse des prix. Tout va-t-il devenir plus cher dans les supermarchés? «Faux», explique le syndicat OGBL: «Ce sont les entreprises qui sont les premières à augmenter les prix. Si elles ne le faisaient pas, nous n’aurions pas besoin de l’index pour mieux protéger nos salaires et notre pouvoir d’achat.»

Il en va de même pour l’inflation, car on craint le plus souvent que l’indexation «alimente» l’inflation. «Si l’index alimentait l’inflation, chaque échéance entraînerait automatiquement une poussée inflationniste. Contrairement à des affirmations récurrentes, le Statec n’a pas pu confirmer, dans une étude sur ce phénomène, un tel effet inflationniste dit de “second tour” de l’index», indique le syndicat dans sa lettre.

Cet article a été initialement publié sur le site du Luxemburger Wort.

Adaptation : Lorène Paul