Camille Kouchner de retour avec “Immortels” : “Ecrire est ma manière de chercher une vérité”

[Musique] Pour nous, c’était simple. Nous n’avions qu’un corps, une même existence. La main de Ben était la mienne, mon pied était le sien. Sa tristesse me dévastait et ma douleur le faisait pleurer. Saie me faisait éclater de rire et mon bonheur le surexcitait. À cet âge, c’est vivre seul qui nous paraissait triste. Quand les adultes s’interrogaient sur l’absence de nos parents, nous, c’était plutôt sur les enfants uniques qu’on se posait des questions. Grandir à deux donne confiance. On partage tout sans craindre le manque. Quand l’un défaille, l’autre prend le relais. Quand le second se perd, le premier l’aide à se retrouver. Seul désormais, j’en fais le décompte. À deux, fille et garçons, j’étais au complet. 4 ans après l’onque de choc provoquée par la familiia Grandé dénonçant l’inceste commis sur son frère jumeau par leur beau-père, elle est de retour avec un roman, une formidable histoire d’amitié fusionnelle entre deux enfants. Une réflexion aussi sur les injonctions qui pèsent sur les deux sexes et sur l’héritage de la libération sexuelle des années 60 et 70. Camille Kouchner est l’invité de ce nouveau numéro 2 à l’affiche. Bienvenue à tous et bonjour Camille Kouchner. Bonjour. Vous êtes donc de retour 4 ans après la Familia Grand Dé, vendue à plus de 4500 exemplaires et qui a surtout engendré un grand débat national et la création de la Civis, la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Euh est-ce qu’il a été difficile de se remettre à écrire après ce livre où finalement son succès vous a porté ? Je crois que c’est ça a été indépendant de de la sortie du livre. J’ai j’ai commencé à écrire immortel tout de suite après la famille Grandé. Euh j’ai j’ai pas regardé trop euh ce qui se passait, enfin j’ai regardé pour la société, pour la civis et cetera, mais moi je suis restée un peu dans ma bulle et dans ma bulle d’écriture. Donc j’ai j’ai tout de suite enchaîné. Alors vous publiez donc ce roman donc immortel et on y découvre qu’ coincé sur son lit d’hôpital juste après l’ablation de son saint droit. Elle vient de d’apprendre la mort de Ben qui est le garçon avec qui elle a grandi qui était pour elle comme son comme son frère. Et en fait le le livre remonte un peu le fil de leurs souvenirs d’enfance. Euh ils grandissent dans la France d’après mes mai au milieu de parents intello euh et pas forcément préoccupé par le bien-être de leur progéniture. D’abord, pourquoi est-ce que vous êtes passé par la fiction euh pour raconter cette histoire-là ? Bah, en réalité à ce moment-là euh au début de l’écriture euh j’ai lu Les Haut de Hurlevant euh et j’avais envie de raconter l’amitié et les Ha de hurlevant m’ont beaucoup marqué sur le lien sur la qualité de ce lien entre un garçon et une fille. Et je me suis dit, c’est assez proche en fait de ce que moi j’ai pu vivre dans ma relation avec mes amis d’enfance, avec certains amis d’enfance. Et à ce moment-là, je me posais la question de l’enfance aussi. euh la sortie de la famille grande, j’ai reçu beaucoup de témoignages et cetera et je me je me suis j’avais cette question récurrente qui était mais que fait-on de son enfance ? D’accord, il y a des drames, OK, il y a de la violence mais il y a pas une une enfance qui qui se maintient en nous pour la vie. J’avais cette question là qui me tarodait et je me suis dit pour retrouver l’enfance, il faut que je retrouve mes amis d’enfance. Et donc voilà, je j’ai eu envie de de passer par là. Et vous replongez aussi sans doute un peu dans vos propres souvenirs avec Ben et Ca qui grandissent donc dans cette France post 68 euh avec des adultes issus de la génération de la libération sexuelle. Vous réglez un peu vos comptes parfois avec cette cette génération qui s’est évidemment battu courageusement pour plein de de liberté mais la par l’a parfois fait payer très cher à ses enfants ? Oui, je sais pas si je règle mes comptes. Ce que je je voudrais moi surtout, c’est poser un regard sur les enfants, pas sur les parents. Donc, je sais que c’est très tentant de s’intéresser aux parents, mais Ben et Cass sont des enfants qui grandissent et c’est à eux que je voulais m’intéresser. Encore une fois, après la familière Grand Dé, j’ai reçu tellement de témoignages de de gens qui sont nés dans ces années-là. C’est à eux que j’avais envie de rendre hommage. Alors, évidemment, il y a un contexte. Le contexte c’est d’avoir des parents et donc dans une première partie de livre, il y a ses parents. Mais pour moi, ce livre, il est surtout sur sur ses enfants et sur les enfants de cette génération là qui subissent aussi leur contradiction. On le voit avec la la mère de C qui donc militante féministe qui revendique haut effort fort le droit des femmes mais qui fait subir à sa fille plein d’autres injonctions. Oui. Oui. Bah je crois que c’est la la ça rejoint la question de de comment est ton femme dans cette société ? Les injonctions paradoxales, on narrête pas d’en recevoir. Il faut être ceci, cela, être trop ceci, pas assez cela et cetera. Donc j’ai incarné toutes ces contradictions dans un personnage. Je me suis amusée quand même à le construire. C’était c’était voilà, c’était assez agréable de construire ce personnage de BA qui regroupe un peu Oui. Voilà. C’est à la fois la lutte et à la fois les paradoxes quoi de dire bon bah il faut pas être conforme mais quand même il faut se conformer un peu. Ouais. et qui montre aussi que le féminisme a évolué et a et a beaucoup changé. Ce qui est particulièrement intéressant et moi m’a beaucoup interpellé en tant que mère d’un garçon et d’une fille euh c’est que justement vous montrer que les injonctions elles ne pèse pas que sur les petites filles. Ben n’est pas en reste. Lui aussi subit peut-être de façon plus incisieuse, je ne sais pas, mais des injonctions, des violences. Vous avez cette phrase que je trouve très forte, je cite qu’un passage mais il y a la fille et le garçon, celle qu’on viole, celui qu’on violente. Finalement tout le monde est victime de ce système. Bah oui, je je me posais cette question là quoi. Je me suis dit mais comment comment devient ton homme ? Comment devient-on femme ? Et à travers ces années 80 90, quelle est cette violence qui s’abat sur les petits garçons et les petites filles pour qu’il se pour qu’ils deviennent autres que ce qu’ils étaient quand ils étaient enfants ? Alors voilà, je l’ai ancré dans ce moment-là parce que je pense que c’est c’est un moment particulier les années 80 90 et cetera et j’ai essayé Oui, c’est une question qui m’a voilà qui est importante pour moi. Les garçons aussi subissent cette violence donc j’avais envie de le montrer mais par l’école, par le collège, par le lycée, par leur lien entre hommes et ils sont pas voilà je pense qu’ils sont ils sont aussi le réceptacle d’une violence qui n’appelle pas de leur vœux. Ouais. vous l’expliquer et vous le démontrer très bien dans le dans le livre. On va faire une petite pause pour écouter la chanteuse Suzanne. Je crois que vous en avez entendu parler notamment de son nouveau single Je t’accuse clin d’œil évidemment au j’accuse d’Émilz Zola. Elle interpelle la justice et dénonce son inaction dans les affaires de violence sexistes et sexuelles. On aperçoit dans le clip des victimes de violence anonymes mais aussi Muriel Robin, Catherine Ringet ou encore Charlotte Arnou qui a porté plainte contre Gérard de Pardieu et Caroline Darian la fille de Giselle Pélico. Regardez. Tu étais où ? Sûrement que tu existes pas. Pourquoi tu es jamais là quand on ne croit plus qu’en toi ? Demande à tous les gosses que tu ne protèges pas. Tous les monstres ne sont pas que dans les salles de cinéma. Mais tu en as rien à faire toi. Ce sera qu’un nom de plus sur la liste dans un fait d’hiver, dans un tiroir. Des tonnes de vie classé sans suite mais tu vas rien faire. Toi où faudrait qu’on t’arcelle justice ? Est-ce qu’on doit te faire nous-même car je t’accuse de fermer les yeux alors que tu as tout vu, je t’accuse. Voilà la chanteuse Suzanne, on aperçoit sa larme qui elle aussi s’est dit victime de violence sexuelle. Elle cite le nom de Giselle Pélico qui a rappelé le besoin urgence urgent évidemment d’une meilleure prise en charge des violences sexistes et sexuelles. Caroline Dariant dont on voit le visage a elle aussi décidé de porter plainte finalement euh pour viol contre son père Dominique Pélico. La parole se libère clairement et évidemment tant mieux autour des violences envers les femmes. Mais qu’en est-il de l’inceste et des violences faites aux enfants ? C’est c’est le dernier tabou pour vous. Vous parlez de Caroline d’Arian, il s’agit d’un ceste hein. Donc voilà, déjà libérer la parole, ça commence par appeler les choses par leur nom. Donc pour Caroline Darian, en effet, je comprends je comprends vraiment qu’elle qu’elle qu’elle pose cette question à la justice et d’ailleurs, je ne comprends pas que la question ait pas été déjà explorée. Enfin, donc je moi je la soutiens vraiment beaucoup dans son dans son combat. Ce clip, il est magnifique. C’est Andrea Bescon qui l’a qui l’a réalisé. niveau alias Loufoc et cetera sont des militants incroyables qui se battent pour l’enfance justement alors que ce soit à la ou que ce soit contre les violences pédocriminelles qui ne sont pas de l’inceste ou celles qui sont de l’inceste et cetera, c’est pas une histoire de tabou, c’est une histoire de volonté politique, c’est une histoire de moyens financiers. Pour l’instant, il y a que les militants qui bougent quoi. Et c’est assez désespérant. Oui. Vous trouvez peut-être qu’on en fait pas assez ? On peut rappeler les chiffres he qui sont douloureux mais qu’il est bon de marteler. Je crois qu’il y a 5 millions et demi de Français qui se sont dit victime de violence dans leur enfance. On parle de trois enfants par classe. Bah oui, enfin moi je je là je je j’ai moi j’aiécris des romans donc voilà j’ai j’ai pris un autre chemin mais par ailleurs je suis juriste. Donc je suis tout ça de très près. Je trouve qu’on avance pas beaucoup. Ouais. Et qu’est-ce qui vous êtes vous dans votre justement dans ce combat ? C’est la littérature peut-être ? Oui. Euh moi c’est ma manière euh de de d’essayer de chercher une vérité. Euh c’est d’écrire, donc de passer par des choses euh qui sont romancées, fictives là pour pour immortel en tout cas euh et de raconter de de enfin de donner une représentation des choses. Voilà. Et là, je passe par le roman pour donner une représentation des choses, que ce soit par le cinéma, que ce soit par la musique, que ce soit par le par la littérature, je pense que montrer avoir, c’est très important. Il y a pas que le droit dans la vie et il y a aussi ça. Et la culture est très très importante pour réformer les esprits. Ouais. Et les mots aident aussi à saisir ce qui se passe dans la dans la réalité. Merci beaucoup Camille Kouchner. On va finir avec un un coup de cœur culturel. Le féminisme finalement n’est pas n’est pas très loin. Vous nous parlez d’un film. Dites-nous un peu de quoi il il s’agit. Ben, j’ai vu récemment Oxana qui a été réalisé par Charline Favier et que j’ai trouvé magnifique. J’ai trouvé un que les images étaient très belles, que le récit était incroyable et surtout j’ai beaucoup appris sur ce mouvement des fées et sur la lutte menée par cette femme et Oxana Chatsko qui étant donc fondatrice de ce de ce mouvement. Exactement. et qui a fini par mettre fin à ses jours. Mais euh ce ce féminisme radical, ce féminisme dont on a besoin, j’ai été très impressionnée par ce film. Bon et ben on va aller voir ça. Merci beaucoup Camille Kouchner pour ce conseil et évidemment pour ce livre immortel paru aux éditions du Seuil. Merci aussi à vous de nous avoir suivi. N’oubliez pas de nous retrouver sur france24.com ainsi que sur tous nos réseaux sociaux. On se quitte donc sur des images de Oxana, le film de Charline Favier qui revient sur la naissance des fémines. Je vous laisse découvrir et vous dis à très vite. Vous êtes arrivé en France quand ? En 2013. Pour quelle raison avez-vous quitté votre pays ? On est en là-bas. [Musique] C’estàd politique artiste activist. [Musique] революция ma vie semaine.

Louise Dupont reçoit l’autrice Camille Kouchner, de retour quatre ans après l’onde de choc provoquée par “La Familia grande”, dénonçant l’inceste commis sur son frère jumeau par leur beau-père. Vendu à plus de quatre cent cinquante mille exemplaires, ce récit a engendré un débat national et la création de la CIIVISE, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Dans le sillage de ce premier livre, elle publie aux éditions du Seuil “Immortels”, une formidable histoire d’amitié fusionnelle entre deux enfants, une réflexion aussi sur les injonctions qui pèsent sur les deux sexes et sur l’héritage de la libération sexuelle des années 1960 et 1970.
#CamilleKouchner #Immortels #Littérature

En savoir plus avec notre article : https://f24.my/B8Pp.y

🔔 Abonnez-vous à notre chaîne sur YouTube : https://f24.my/YTfr
🔴 En DIRECT – Suivez FRANCE 24 ici : https://f24.my/YTliveFR

🌍 Retrouvez toute l’actualité internationale sur notre site : https://www.france24.com/fr/
📲 Recevez votre concentré d’information sur WhatsApp : https://f24.my/WAfr
et sur Telegram : https://f24.my/TGfr

Rejoignez-nous sur Facebook : https://f24.my/FBfr
Suivez-nous sur X : https://f24.my/Xfr
Bluesky : https://f24.my/BSfr et Threads : https://f24.my/THfr
Parcourez l’actu en images sur Instagram : https://f24.my/IGfr
Découvrez nos vidéos TikTok : https://f24.my/TKfr

3 comments
  1. Bonjour ! Comment trouvez-vous habituellement des idées pour de nouvelles vidéos ? Avez-vous des méthodes particulières ? 💖😘

  2. Cette vidéo a marqué notre soirée. Nous avons désormais une nouvelle règle : plus de rires, moins de disputes💚

Comments are closed.