Bertrand Piccard : “Écologie et économie peuvent et doivent aller de pair” • FRANCE 24

Bertrand Piccard : “Écologie et économie peuvent et doivent aller de pair” • FRANCE 24

invité ce soir au cœur de l’info et Bertrand Picard. Bonsoir Bertrand Picard. Bonsoir. La plupart nos téléspectateurs vous connaissent pour avoir fait le le tour du monde sans énergie fossile en ballon puis en avion solaire. La décarbonation de l’aviation est l’un de vos domaines de recherche mais des recherches qui au fil des années se sont élargies pour replonger sans jeun de mots peut-être dans les racines familiales. L’océan est à présent pour vous un terrain d’innovation tout aussi essentiel. Alors Bertrand Picard, nous avons beaucoup parlé cette semaine et encore ce soir hein dans notre débat des éditorialistes des 100 premiers jours de Donald Trump à la Maison Blanche. Quand vous voyez les conséquences que cela implique pour les sciences, la recherche américaine, qu’est-ce que cela vous inspire ? Quand on regarde dans l’histoire, il y a toujours eu ces moments où les gouvernements, où les églises ont voulu détruire la science pour garder la population dans l’ignorance parce que c’est beaucoup plus facile de contrôler des gens ignorants que des gens cultivés. Et de tout temps, il y a eu des scientifiques qui ont été torturés et brûlés pour hérésil parce qu’ils empraignaient les dogmes officiellement admis. Donc la question aujourd’hui c’est pas pourquoi ça se passe mais pourquoi maintenant ? Et on remarque quelque chose d’intéressant c’est que le monde de l’économie, le monde de l’industrie, le monde de la finance est en train de se venger maintenant de ce message de changement climatique, d’écologie rébarbative, d’écologie chè sacrificielle. Et ils se sont ils se sont sentis menacés par ce type-là d’écologie. La science, c’est ce qui veut prouver l’existence humaine, la l’origine humaine des changements climatique. Donc si on attaque la science, on peut essayer en tirant sur le messager de de diminuer l’action climatique et et de se protéger des écologistes. Mais la nature est implacable. Mais la nature est implacable. On peut pas nier les faits picard, il les voit bien. Surtout aux États-Unis, on pense à Donald Trump, on enchaîne les tornades et lui casse les agences. météorologique notamment. Mais oui, mais pour Donald Trump et ses alliés, tout ça c’est pas d’origine humaine. Il y a des changements climatique sont pas d’origine humaine pour eux. Et ce qu’il faut montrer maintenant, c’est une autre image de l’écologie. C’est pas une écologie qui menace l’économie à l’industrie. Il faut montrer une écologie qui est une opportunité économique qui crée des emplois parce qu’on devient plus efficient, parce qu’on modernise, parce que on on met sur le marché des solutions qui vont développer l’économie et la finance et l’industrie. Et ce message là, c’est pas le message que les écologistes donnent. H mais c’est le message que vous portez. Mais c’est le message que je porte parce que je pense que c’est comme ça qu’on va pouvoir intéresser le monde économique et essayer de d’arrêter cette écatombe de de de scientifiques qu’on abat euh parce que finalement la science c’est celle qui dénonce les changements climatiques. Mais la science et la technologie c’est aussi ce qui amène les solutions pour lutter contre les changements climatiques mais aussi pour moderniser l’industrie pour la rendre plus efficiente. Moi je rappelle que si notre monde a des problèmes aujourd’hui, c’est parce qu’on est complètement inefficient, qu’on gaspille et c’est pas simplement du CO2 qu’on produit, c’est aussi de l’argent qu’on perd, des marges bénéficiaires cassées et restreintes à cause de tout ce gaspillage. Vous plaidez pour cette pour ce travail conjoint effectivement du développement des technologies en faveur de de de l’environnement. lui et dans un autre espace-temps, on revient, je reviens à Donald Trump euh dans son discours au Congrès euh après être arrivé au pouvoir, il parlait encore, il défendait une urgence, pas une urgence énergétique alors qu’on parle d’une urgence euh climatique. Et quand lui euh parle d’une urgence énergétique, il parle des énergies fossiles. C’est plus du tout, c’est pas du tout ce que vous prenez. Et c’est dire que si vous lui dites les énergies renouvelables sont beaucoup plus propres, il va pas vous écouter. Si vous pouvez lui montrer que les énergies renouvelables sont maintenant, contrairement à il y a 20 ans, devenu moins cher h que le fossile et le le gaz, le pétrole, le charbon et cetera et que c’est un avantage pour son pays, là vous parlez un même langage et je crois que le gros le gros obstacle c’est quand on ne comprend pas la vision du monde de l’autre. Hm hm. Et le but c’est pas de se dire euh j’ai raison ou il a raison. Le but c’est de voir comment dans la vision du monde de l’autre on peut faire passer un message avec un autre langage que l’autre peut comprendre. Et si vous mettez des écologistes en face de Donald Trump, ça marchera pas. Si vous avez le monde économique qui comprend qu’en étant plus efficient, plus moderne avec des nouvelles solutions techniques, des nouvelles opportunités financières, vous pouvez protéger l’environnement. Et bien à ce moment-là, la décarbonation va devenir une conséquence logique de la modernisation et vous arriverez à faire plaisir à tout le monde. Mais vous pouvez pas faire continuer un clivage comme ça qui est qui est négatif pour la planète. Vous avancez vous avec des des financements privés. Comment est-ce que vous faites pour que pour que ça ne vous pousse pas vers des innovations qui qui tentendent vers la rentabilité plutôt que vers vers le le bien commun ? Alors, nous avons la chance Ouais. Ouais. Nous avons la chance à la fondation Solar Impulse d’avoir un groupe de 370 experts sur des experts indépendants qui analyse toutes les solutions qu’on nous soumet et il faut que les solutions soient existantes aujourd’hui, qu’elles puissent être commercialisées, qu’elle soit économiquement rentable et qu’elle protège l’environnement. Et si ces critères sont réunis, la fondation Solar Impulse donne son label Solar Impulse Efficient Solution et ensuite c’est les solutions qu’on amène à des gouvernements, à des régions. On a des partenariats avec la région de France, avec la région Grand Est pour amener des solutions. On réunit des acheteurs privés et publics avec des start-ups qui amènent des solutions. Donc on on développe tout ce tissu euh de de de solutions à disposition de de tout le monde. Puis bien sûr, on en amène à des à des entreprises et à des à des industries. Alors, j’allais venir parce qu’effectivement, c’est vrai que ce label environnement, ce green washing a fait beaucoup de dégâts aussi au discours de de décarbonation. On a vu les entreprises s’approprier ce label sans le respecter en fait en le foulant des pieds. C’est pour ça qu’on fait pas un label écologique. On fait un label et c’est le seul au monde qui fait ça qui certifie la rentabilité économique d’un système, d’un processus, d’un matériaux, d’un produit, d’un appareil qui est écologique. Hm. Alors, je voudrais venir et c’est ça qui nous permet d’entrer dans des entreprises et de dire “Mais regardez, si vous utilisez tel système, par exemple, réabsorber la chaleur perdue d’une cheminée d’usine ou utiliser la chaleur des sous-sols avec des pompes à chaleur pour chauffer des bâtiments de grande taille ou un data center pour faire de l’eau chaude pour une ville, h bien, vous aurez 80 % de moins de consommation d’énergie. Donc, on n’est même pas fait bien pour protéger l’environnement. On est dans le faites quelque chose qui marche en fonction de vos critères de rentabilité et en plus ça protège l’environnement. Donc euh vous ferez euh d’une pierre de coup. Vous enchaînez les prises de parole récemment Change Nowo SOS Oéan Vivatech. Ça ce sera au mois de de de juin. Donc on l’a compris he votre ligne directrice est d’arriver avec des solutions des des motivations et cette prise de conscience cette bascule que vous avez eu quand même dans votre dans votre vie professionnelle. Je suis ce dire même si c’est plutôt une vie de passion. Euh, s’est produite au-dessus du Pacifique. C’est l’image que vous vouliez voir. C’est pas cette photo. Ah si, c’est cette photo, pardonnez-moi. Voilà, avec la perche. C’est ce selfie incroyable au-dessus du Pacifique. Mais oui, j’ai accroché une GoPro au bout d’un d’une perche. J’ai passé la main par la fenêtre et j’ai pris cette photo. Alors, je me suis fait engueuler royalement par mon équipe de sécurité qui m’a dit “On fait pas ça, on passe pas la main. Vous êtes à 10000 m 3000 m.” Pardonnez-moi, je ambitieuse mais mais à part ça, c’est cette image qui permet de vraiment montrer ce qui se passait. un avion silencieux, sans carburant, sans pollution, qui volait uniquement avec le soleil jour et nuit pendant plusieurs jours et plusieurs nuits de suite. Et puis moi qui me disait “Mais en fait, on croit que c’est le futur, on croit que c’est de la science-fiction mais non, c’est ce qu’on peut faire aujourd’hui. Ça c’est les technologies d’aujourd’hui.” Et j’ai eu comme une espèce de révélation que si moi j’étais dans le présent et pas dans le futur, c’est que le reste du monde était dans le passé et que le gros problème du monde, c’est qu’on se rend pas compte qu’on est dans le passé parce qu’on est comme un poisson dans l’eau qui comprend pas qu’il est mouillé. Et nous, on a des moteurs thermiques qui qui ont besoin de trois fois plus d’énergie au kilomètres qu’en moteur électrique, des maisons mal isolé, des chauffages inefficients, des processus industriels démodés, des énergies fossiles polluantes et cher et et on trouve ça normal. Et c’est là que je me suis dit mais en fait ce qu’il faut c’est moderniser le monde. Et si on modernise le monde et qu’on devient efficient, ben on va produire forcément beaucoup moins de pollution, beaucoup moins de CO2, beaucoup moins de déchets et on pourra entrer dans un autre type d’économie qui est une économie qualitative où on vend de l’efficience au lieu de vend de la quantité et du gaspillage. Donc c’était vraiment un moment charnière. Pour cela, il faut il faut une implication des politiques. Est-ce que vous êtes entendu ? parler. Est-ce que vous êtes entendu ? Est-ce que vous êtes suffisamment entendu ? Alors écoutez, je vais pas critiquer les théories de décroissance, de sacrifice, de réduction de mobilité et de confort parce que il y a des gens qui sont capables de le faire et bravo. Mais il faut bien voir que 95 % de la population et pratiquement 100 % du monde des dirigeants économiques ou politique vont s’y opposer et s’y opposent ardemment. Donc c’est pas ce langage là que j’essaie d’avoir pour pouvoir convaincre. Hm. Moi, mon seul but, c’est de motiver les gens à utiliser des nouveaux types de solutions et des nouvelles technologies efficientes, modernes et propre. Et quand je parle comme ça à des partis qui sont loin d’être des écologistes, ben ils me reçoivent et ils écoutent et ils me disent “Mais ça c’est une vision de l’écologie qui nous intéresse et ça on est prêt à le soutenir.” C’est un sujet qui devient transpartisan en somme. Mais oui, vous savez c’est ce clivage idéologique entre d’un côté une écologie sacrificiée à l’échelle et de l’autre une industrie rentable mais polluante, ça n’a plus lieu d’être. On on n’est plus là. Il y a 20 ans, on y était. Quand mon père a créé sa son premier institut d’écologie dans les années 70, il y avait pas de solution. Il était horriblement frustré et à l’époque, il y avait que la décroissance et ça marchait pas. Et tout le monde lui disait “Mais écoutez, on va pas faire ce que vous nous conseillez.” Mon père, il était quand même un peu pour la décroissance à l’époque. Ben maintenant, il y a des solutions qui permettent de de créer une unanimité. Je voudrais parler justement de de votre père, mais je voudrais quand même qu’on voit voilà le projet sur lequel vous travaillez actuellement. Euh c’est un un avion hydrogène vert. Il il faut des projets spectaculaires pour porter les justement le discours que vous avez. Ah moi je pense que oui, il faut créer de l’enthousiasme, de l’excitation. Il faut montrer qu’un autre futur est possible. Il faut remettre de l’espoir et de l’action chez tous ceux qui pensent que il faut fermer les volets, rester chez soi parce que le monde est foutu. On on Moi, je trouve que c’est criminel de faire peur aux enfants comme ça. Maintenant, il faut remettre le remettre les choses en mouvement. Alors ça 2028 tour du monde sans émission et sans carb et sans carburant fossil et sans escal mais ça c’est c’est un projet qui est mené avec Raphaël Dinelli qui est un navigateur émérite et on sera les deux à voler dans cet avion. Mais ce qui est fou c’est que ça ce sont des solutions qui existent déjà. Vous collaborez avec Airbus notamment sur ce projet. C’est Airbus qui nous a fait toute l’aérodynamique et l’étude de faisabilité qui nous a mis à disposition des piles à combustible. On travaille avec des industries comme Science CO euh qui a qui nous met à disposition les matériaux du futur, des matériaux beaucoup plus légers, beaucoup plus rigides, des membranes pour pile à combustible, des euh revêtements sur l’avion pour améliorer le le l’écoulement de l’air. Donc vous savez, sans sans industrie qui amène des solutions, on va pas très loin. C’est aussi ça qu’il faut montrer. Alors, il y a des industries polluantes qui s’en fichent complètement, mais il y a quand même beaucoup plus d’industries que ce qu’on croit qui mettent à disposition des solutions dont on a vraiment besoin pour l’environnement. qui ont envie d’innover. Je vous entendu d’ailleurs citer cette faire cette comparaison sur le le premier vol en avion qui date de 1903 et 66 ans plus tard voyage sur la Lune. Donc c’est vrai que ça montre à quel point quand l’élan est là ça peut aller très très vite. Donc il faut pas hésiter à faire ce premier pas qui semble complètement fou dont on se dit jamais on traversera l’Atlantique ou un océan. On va revenir sur ce ce ce moyen de de collaborer avec la la nature avec cette photo de votre père Jacques. Avant lui, votre grand-père hein August se sont intéressés au grand fond marin mais mais lui en particulier il a plongé dans la la fausse marine des Marianes. C’est au sud du Japon à l’est des Philippines. un record qui je crois n’a pas égalé enfin c’est prête à voilà un peu à polémique mais il c’était la première plongée dans le point le plus profond des océan 1916 m de profondeur et là il a découvert qu’il y avait la vie ce qui a été révolutionnaire et ça montre à quel point les prises de conscience et les explorations peuvent nous permettre de de changer nos idées reçues puisque les États-Unis envisageaient je crois à cette époque d’enterrer leurs produits chimiques, leurs déchets nucléaires exactement dans les photos parce qu’il pensait que c’était désert et que ça gênerait personne et donc finalement ils ont décidé de ne pas le faire. Mais l’autre tragédie, c’est qu’on a découvert qu’à ces profondeurs, il y a du plastique. Oui. Et donc c’est vrai que vous vous arrivez aujourd’hcov qui retournait dans la phase des Marianes euh 60 ans après mon père et et qui a vu qu’effectivement maintenant il y a du plastique là au fond. Et et aujourd’hui donc c’est pour ça que je je le disais dans dans en présentation, vous vous proposez des solutions aussi pour l’océan. Il y a ce sommet sur les océans qui va se dérouler à Monaco et à Nice au mois de juin qu’on va évidemment suivre sur sur nos antennes. C’est vrai qu’il y a de quoi s’inquiéter surtout quand on voit on y revient Donald Trump qui a signé un décret la semaine dernière seulement sur l’exploitation des fonds marins et qui est prêt à aller exploiter dans dans les eaux internationales. C’est vrai qu’il y a aucune limite et qu’on a besoin de par feu de contrepouvoir pour limiter ces ambitions là. Et je dirais surtout dans les océans parce que comme on est dans des territoires internationaux, c’est un peu la loi de la jungle. Mais là où il y a une vraie schizophrénie dans notre monde, c’est que les bateaux qui pêchent au chalu dans les zones marines protégées et qui détruisent les fonds, qui détruisent la vie marine arrivent dans des ports, déchargent leurs poissons et on retrouve ces poissons dans nos supermarchés. Donc c’est à nous aussi. Donc si doncateurs de faire pression aussi sur les pouvoirs publics pour qu’on on crée de la cohérence. Oui. Et soutenir du pouvoirs publics quand ils quand on leur demande de fermer des ports aux bateaux qui font de la pêche illégale et cetera. Parce que le la philosophie ambiante, c’est il faut des traités internationaux auxquels tout le monde se plie sinon on fait rien. H et ben le résultat c’est qu’on fait rien parce qu’on arrive pas à faire des traités comme ça. Mais si vous avez un pays qui ferme ses ports à la pêche illégale, je peux vous dire que le pays voisin va le faire aussi. il a on peut le faire et ça va entraver toute cette piraterie de de pêche illégale. Alors autant dans le monde terrestre, je dirais on a des solutions rentables, on a des tas de choses qu’on peut mettre en place, autant dans certains moments et certains endroits, il faut mettre des législations en place. Je pense qu’on aura entendu votre appel ce soir. Bertrin Picard, je vous remercie beaucoup. on aura entendu votre enthousiasme, votre passion et puis toutes ces solutions que vous proposez, que vous poussez et qui sont là. Et donc ce besoin d’innover et de rendre l’implication attrayante parce qu’on peut faire bouger les choses et c’était important de le rappeler ce soir. Merci beaucoup Pertrand Picard. Merci pour votre invitation venue sur ce plateau. Qui me passionne.

2025-05-02 18:04 Invité au coeur de l’info

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