David Baverez, homme d’affaires et essayiste : “Celui qui produit, gagne !” • FRANCE 24

Bonjour et bienvenue dans l’invité de l’économie. Je reçois David Bavrez, investisseur et essayiste installé à Hong Kong. Son dernier ouvrage est paru aux éditions Novis en 2024 et il s’intitule “Bienvenue en économie de guerre”. Bonjour David Bavrez. Bonjour. Alors c’est quoi l’économie de guerre pour vous ? Alors l’économie de guerre, j’ai une bonne nouvelle, c’est pas la guerre. C’est pas non plus l’économie juste de défense. C’est pas 2 3 % du PNP, c’est 100 % du PNB. C’est le fait que quand vous êtes dans l’économie de paix, ce qu’on a connu pendant 30 ans de cycle entre 1989 et 2020, l’économie est tirée par la demande, par le consommateur. Et l’économie de guerre, c’est que vous êtes tiré par l’offre et plus particulièrement donc la production, plus particulièrement les goulots d’étranglement à la production parce que il est très difficile de produire. Aujourd’hui si vous parlez un chef d’entreprise et ben l’enfer c’est de produire. Ouais, d’accord. C’est l’enfer parce qu’il y a le changement climatique, parce que il y a les bateaux qui marchent pas parce que j’arrive pas à trouver des ouvriers parce que il y a des risques géopolitiques l’enfer. Donc celui qui produit gagne mais c’est quand même assez différent de la définition que tente d’apporter les économistes à l’économie de guerre parce qu’ils disent en gros une économie de guerre c’est quand on est à 20 % du PIB. Là on en est très très loin. C’est 20 % de la défense du du PIB. Là, on est à 2 % peut-être. Non, mais ce que les hommes politiques essayent de vous dire, c’est que c’est juste un problème de défense et que si on passe de 2 à 3 % du PNB en défense, le problème est résolu. Et nous, citoyens, nous n’ons rien à faire. Et je dis bah non, non, l’économie de guerre, elle touche tout le monde parce que chacun dans nos activités, on voit bien que l’enfer aujourd’hui, c’est de produire. Ouais. Pour les entreprises, ça veut pas dire tout simplement que la politique fait son retour, que pendant 30 ans, on a cru que la politique et à force la géopolitique. Alors, c’est pas la politique, c’est la géopolitique. C’est très c’est très différent. deux mondes qui sont complètement historiquement deux silos qui se sont vous vous avez des des ambassadeurs et des profs des géopolitiques de sciences po un mépris total pour les gens comme moi du business et les gens du business qui disent mais on a pas besoin de ces gens pour faire de du business tous ces géopoliticiens et là les deux fusionnent donc ces anglop vous avez toujours été au milieu vous alors non c’est vraiment venu alors je suis toujours intéressé mais c’est devenu une nécessité en 2022 où le monde a craqué à la fois par la guerre d’Ukraine et par le 20e Congrès du parti communiste que moi j’ai vu de près étant résident en Hong Congo. Et du coup, on est prêt ou pas ? Enfin, les chefs d’entreprise sont prêts à comprendre ce nouveau monde. Alors, la Chine est prête parce que la Chine, ça fait 10 ans qu’il s’y prépare. Il manufacture aujourd’hui 35 % de la production manufacturière mondiale. Qui veut dire que quelle que soit la chaîne de valeur que vous preniez, il y a un goulot d’étranglement que les Chinois maîtrisent parce qu’ils ont 70 80 90 % de part de marché mondial. Ouais. Les États-Unis ont réagi en 2022 sous Biden avec l’IRA et cetera et nous européens on commence mais on commence parce que surtout depuis un mois et demi du fait que l’économie de garde ne vient pas seulement de Chine mais vient aussi de Donald Trump on commence à comprendre que il va falloir qu’on réagisse mais comme d’habitude on est les derniers. Et quelle différence vous faites entre économie de guerre, guerre commerciale et guerre économique ? Alors, c’est très différent parce que la guerre commerciale sont les tarifs. Vous voyez les tarifs. Donc ça fait 2 mois qu’on nous enfin ou un mois qu’on nous rabâche. Les tarifs. Les tarifs. Si vous prenez les États-Unis, le déficit commercial avec la Chine, c’est 1 % du PNB américain. Oui. Donc c’est donc c’est pas le sujet en fait. Alors si c’est pas le sujet, c’est quoi ? Et vous voyez, l’Europe a proposé aux États-Unis zéro tarif entre le commerce bilati et Donald Trump a dit “J’en veux pas.” Vous voyez bien que c’est pas le sujet. Le sujet c’est quoi ? Le sujet c’est 120 % du PNB américain. C’est la dette américaine. C’est le fait que la dette publique n’est pas comme vous avez des économiste à nois comme Piketti qui vous raconte que il y a jamais besoin de rembourser la dette publique et que pour autant que vous voulez. Et ben non, ça stoppe maintenant. Ça stoppe, c’est assez marrant, ça stoppe par les militaires. Donc c’est là où joue la géopolitique, c’est que vous avez une loi de alors c’est pas une loi légale he mais c’est une observation historique de l’historien britannique Nel Ferguson qui compare un pays doit comparer ses dépenses militaires à ses dépenses d’intérêt à servir sa dette. Et il a observé que le Royaume-Uni le poids de la dette de remboursement de la dette par rapport pas remboursement juste les intérêts les intérêts par rapport à votre budget militaire. Il a noté qu’en 1945, le Royaume-Uni a perdu tout poids géopolitique parce que les intérêts sur la dette plus importants que le budget militaire. Et aujourd’hui aux États-Unis, vous êtes les deux courbes se rejoignent, vous êtes à 3 % du PNB. Hm hm. Mais vous êtes à 3 % du PNB pour les intérêts de la dette. La dette est de 120 % du PNB. Les taux d’intérêt sont à 2 et demi parce qu’ils sont historiquement bas. Mais aujourd’hui, les taux d’intérêt aux États-Unis, ils sont à 4 et demi. Ouais. Donc si aujourd’hui vous deviez refinancer totalement la dette américaine, vous seriez obligé de payer 6 %. Donc les militaires disent ça n’est pas possible. Ouais. Et donc les tarifs que nous avons, c’est pour en fait financer 300 milliards de dollars que les États-Unis essayent de alors moi je suis européen, je veux dire voler au reste du monde pour financer. Ouais. Mais ce sont les États-Unis qui se sont mis dans cette situation. Après tout, à partir des années 80, de l’ouverture en 2001 de le de la Chine à l’OM, c’est ce sont eux qui ont exporté leurs entreprises. Non, c’est pas le sujet. Le sujet, c’est si vous souvenez, chaque fois qu’il y a eu un grand craque 2001 euh Ben Laden, le World Trade Center, le stimulus plan pour faire repartir l’économie américaine 3 % du PNB. 2008 la crise des subprimes pour faire repartir l’économie 12 le stimulus plan 12% l’objectif de 30 que vous compreniez que vous compreniez 2020 c’est 35 % du PNB donc en fait les États-Unis disent Bavrez vous êtes beaucoup dans les chiffres et vous perdez la géopolitique parce que quand vous vous prenez ces ces références qui sont très chiffrées et quand vous prenez l’histoire avec l’OMC la manière dont Apple toutes ces entreprises sont allées en Chine Pour délocaliser, il fallait délocaliser à cette époque et c’est ce produit américain qui revenou, il faut toujours délocaliser. Vous n’allez pas relocaliser responsabilité très clair. Non, ce que je vous dis c’est que le raisonnement américain qui n’est pas stupide, il me fait pas plaisir en tant qu’européen, c’est vous souvenez de mars 2020, on était tous enfermés, les bourses s’effondraient, les États-Unis ont sauvé le monde parce qu’ils ont mis 35 % de PNB sur la table. Enfin, c’est et donc et donc ce que nous disent les États-Unis, c’est un peu comb le fouttoir en 2008. Non non mais alors en 2008 c’est justement en 2008 c’est la Chine qui nous a sauvé parce que c’est la Chine qui a fait un et 20 ans plus tard qu’est-ce qui se passe ? C’est que la Chine a dépensé cet argent colossal dans de l’immobilier qui aujourd’hui est vide dans des infrastructures improductives. Donc aujourd’hui toute la population chinoise a perdu entre au moins un/ers et la moitié de sa fortune dans l’immobilier qui est déprécié. Et les États-Unis disent “On va pas remettre, on va pas commettre la même erreur. Donc on va pas sauver le monde en 2020 et nous traîner cette dette étatique pendant les 20 premières années.” Donc le monde le monde doit nous ren solution de Trump, c’est bien de réimporter les entreprises aux États-Unis. C’est ce qu’il dit. Bien sûr. Mais mais arrêtez, vous n’allez pas croire ce que dit Donald Trump quand même. Le chômage alors il est intelligent ou il est Ah ben il est très intelligent. Europe estupide mais il est tout stupide malheureusement alors il commet des erreurs tactiques mais vous n’allez pas ramener de la production industrielle quand il y a 4 % de chômage que vous n’avez pas de personnel qualifié voyez très bien TSMC qui fait des semi-conducteurs taïwanais il deva ouvrir en 2025 ils disent maintenant 2027 et 2029 il y a personne pour construire une usine. Donc ça risque pas puis quand vous faites des semi-conducteurs, c’est pas une usine c’est tout un écosystème qui peut vous ramener. Donc ça c’est de la propagande la vraie ce que je vous dis on est dans le monde des fake news. Donc votre métier de journaliste c’est chaque fois que Donald Trump dit quelque chose mettez une négation et disent est-ce que je suis plus proche de la vérité ? Oui. Et donc ça n’est pas une question de ramener de la production aux États-Unis. Je rappelle que l’industrie c’est 20 % du PNB américain. Les services c’est 70 %. Donc ce qui compte c’est l’égmanie américaine des services. Et pour ça ce que je veux c’est notamment sur le plan militaire pouvoir financer un pivot vers l’Asie. que madame Hillary Clinton nous a lancé en 2011 et depuis il n’y a pas un soldat supplémentaire américain en Asie depuis 15 ans. Donc les militaires disent “Voyez bien cette guerre d’Ukraine, cette guerre d’Ukraine, nous européens on dépense 400 milliards dans la défense tous ensemble. Poutine c’est 100 milliards et on narrive pas à la pâtée à Poutine. Donc mais c’est l’objectif c’est que nous la guerre ce serait quand même de dire il y a quelqu’un qui nous attaque chez nous qui nous attaque. Ah bah bien sûr parce que si vous n’êtes pas Ukrainien pens qu’il a qué il attaqué l’Ukraine et pas l’OTAN. Ah bah non mais si vous n’êtes pas ukrainien, si vous êtes pas éclés ukrainiens, alors là vous n’êtes pas européen bien évidemment que je me sens ukrainien et je pense que nous devons défendre l’Ukraine. Et donc quand les Américains voient des Chinois avec 300 milliards de budget militaires, ils disent “Mais quand on ajuste des parités de pouvoir d’achat, donc quand on comprend ce que un dollar en Chine, non mais je dis justement bah vous dites les Russes nous attaquent donc non mais je dis qu’on va se défendre. Je dis que je vous dis juste que nous n’arrivons pas au bout de 3 ans à dire à Poutine tu arrêtes. Donc ça veut dire que ça marche pas. N on a on dépense quatre fois plus et on arrive pas à stopper quelqu’un. Donc ça marche pas notre truc. Et de même les États-Unis disent “Nous avons 900 milliards de dépenses militaires, les Chinois en ont 300. Mais avec les 300, regardez ce qu’ils ont fait en mer de Chine depuis 10 ans alors que nous on a rien fait parce qu’on doit financer le Moyen-Orient, parce qu’on doit financer l’Europe et donc ça c’est terminé. Et donc voyez comme la géopolitique intervient dans le business parce que pour financer cet eff de défense, voyez que les États-Unis disent bah il faut que vous nous aidiez à rembourser notre dette nationale. Et nous européens, on l’a compris que la géopolitique a toujours été présente. Alors pas du tout parce que on a un premier ministre François Berou qui dit “Le modèle français ne sera aucunement impacté.” Bah c’est pas possible. C’est pas possible. et il sera donc ce que mes parents en 194 en 1975 mes parents ont perdu leur pouvoir d’achat qu’ils avaient gagné en travaillant de 1945 à 1975. Il y a une crise pétrolière l’empoir d’achat a pris un coût. Aujourd’hui nous les 30 dernières années, ça été ce que j’appelle les 30 glandeuses. Nous avons pas fait un choix de pouvoir d’achat parce que les revenus réels ont été stables. Ce que nous avons fait c’est un choix de style de vie. Je veux je veux pay je veux la retraite à 60 ans, je veux le télétravail pour travailler seulement un jour ou de jours par semaine et ça ça aujourd’hui. Donc ça faut changer ce modèle vers quel autre modèle ? Et bien euh il va falloir qu’on réinvente l’Europe et l’espoir qu’on a c’est l’Allemagne parce que l’Allemagne est le seul pays aujourd’hui. C’est comme la Chine en 2008. L’Allemagne est le seul pays à ne pas être endetté et avoir une force de pre milliards d’euros pour relancer l’industrie allemande et l’industrie européenne. Et donc tout l’enjeu, c’est de savoir cette force de frappe de 1000 miracle que la Chine n’a plus, que les États-Unis n’ont plus parce que eux ils sont endettés jusqu’au coup. Que va faire Frédéric Mertz ? Et donc le sort de l’Europe aujourd’hui est entre les mains des Allemands et donc de réindustrialiser l’Europe, c’est quoi le l’objectif avec ces milliers de milliards d’euros ? Alors ça n’est pas seulement l’industrie c’est chez nous c’est 10 % du PNB, en Allemagne c’est 20 %. N’oubliez jamais les services. C’est juste quand je dis produire ça veut pas dire forcément une usine avec des produits. C’est il faut qu’on se remette à bosser. Ouais. Voilà c’est tout. On c’est la fin des 30 glandeuses. On se remet au boulot. Merci beaucoup David Bavrez pour vos réponses. L’invité de l’économie est terminé évidemment. Vous pouvez retrouver cette émission sur france24.com sur nos réseaux sociaux et sur nos podcasts. Au revoir. Bonjour et bienvenue à Athène. Je suis Alexia Kefalas, la correspondante de France 24. Retrouvez-moi dans nos journaux et nos émissions pour suivre toute l’actualité de Grèce mais aussi de Chyr. Alexia Kefalas, l’une des 200 correspondants de France 24 dans le monde.

Ali Laïdi reçoit David Baverez, investisseur basé à Hong Kong et auteur de “Bienvenue en économie de guerre !” publié chez Odile Jacob. L’homme d’affaires invite les Européens à tirer les conséquences stratégiques et économiques de l’affrontement entre les géants américains et chinois, au risque d’un grand déclassement. “L’Europe doit se réinventer. (…) Lorsque je parle de produire, je ne fais pas référence qu’à l’industrie, mais aussi aux services. Il faut se remettre à travailler. C’est la fin des Trente glandeuses.”
#trump #chine #economiedeguerre

En savoir plus avec notre article : https://f24.my/B8at.y

🔔 Abonnez-vous à notre chaîne sur YouTube : https://f24.my/YTfr
🔴 En DIRECT – Suivez FRANCE 24 ici : https://f24.my/YTliveFR

🌍 Retrouvez toute l’actualité internationale sur notre site : https://www.france24.com/fr/
📲 Recevez votre concentré d’information sur WhatsApp : https://f24.my/WAfr
et sur Telegram : https://f24.my/TGfr

Rejoignez-nous sur Facebook : https://f24.my/FBfr
Suivez-nous sur X : https://f24.my/Xfr
Bluesky : https://f24.my/BSfr et Threads : https://f24.my/THfr
Parcourez l’actu en images sur Instagram : https://f24.my/IGfr
Découvrez nos vidéos TikTok : https://f24.my/TKfr

7 comments

Comments are closed.