L’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder (SPD) a de nouveau échoué devant les tribunaux dans le litige qui l’oppose à son propre bureau au Bundestag. Le 10 avril, le tribunal administratif fédéral de Leipzig a rejeté sa plainte en troisième instance.

Schröder voulait obtenir que le Bundestag continue à lui payer un bureau avec des locaux et du personnel. La commission budgétaire du Bundestag avait décidé en mai 2022 de fermer le bureau. L’ex-chancelier n’assume aucune obligation liée à son ancienne activité, avait-on alors justifié.

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Un tel bureau existe encore au Luxembourg pour les anciens Premiers ministres Jacques Santer et Jean-Claude Juncker (tous deux CSV). Ce bureau se trouve en face de la Gëlle Fra, 33 boulevard Roosevelt à Luxembourg-ville.

Pour rappel, Jean-Claude Juncker peut conserver son bureau à la Commission européenne en tant que «conseiller spécial» d’Ursula von der Leyen. Le paiement de certains frais liés au service lui a également été prolongé pendant le deuxième mandat d’Ursula von der Leyen.

Ces avantages sont à la disposition des ex-Premiers ministres

Interrogé par le Luxemburger Wort, le ministère d’État explique que les anciens ministres d’État bénéficient d’un «secrétariat commun mis à disposition par le ministère d’État, d’une adresse postale pour la correspondance officielle et d’un service de transport avec un agent de sécurité de la sûreté de l’État pour les activités liées à leurs anciennes fonctions».

Cependant, il n’y a pas de budget distinct pour cela, car «ils sont répartis sur différents budgets, dont celui du ministère de la Fonction publique et celui du ministère d’État». «Le coût principal des fonds mis à la disposition des anciens ministres d’État est le salaire de la secrétaire commune et de l’officier de sécurité du service de protection du gouvernement», précise le ministère d’État.

Quel est le montant de ces frais? Le ministère d’État n’a pas voulu donner de réponse précise. Contrairement à ce qui se passe à l’étranger, il ne s’agit ici que d’une secrétaire et d’un collaborateur du «service de protection du gouvernement». Tous deux sont facilement identifiables et ont droit au respect de leur vie privée en vertu du règlement général sur la protection des données, a-t-on expliqué.

En ce qui concerne l’évaluation, il a simplement été indiqué que l’agent de sécurité était payé en tant que fonctionnaire de la catégorie B1. Avec deux ans d’expérience professionnelle, un fonctionnaire de cette catégorie perçoit 4.474,00 euros bruts, et avec cinq ans d’expérience, il perçoit déjà 4.870,71 euros bruts.

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Le coût des fournitures de bureau de la secrétaire des anciens Premiers ministres n’a pas non plus été communiqué. Les fournitures de bureau sont commandées pour tous les collaborateurs, y compris la secrétaire des anciens chefs de gouvernement, «en commun, dans les limites du budget annuel qui leur est alloué».

«Nous ne tenons pas de registre précis de la quantité de stylos, de papier ou d’autres fournitures de bureau consommée par chaque collaborateur», justifie le ministère d’État. Dans le budget 2025, 111.261 euros sont généralement prévus dans les dépenses du ministère d’État pour l’achat de matériel de bureau.

Lesdits «services peuvent être utilisés par les anciens Premiers ministres dès la fin de leur mandat et jusqu’à décision contraire», explique le ministère d’État. Jacques Santer n’est plus Premier ministre depuis 1995, Jean-Claude Juncker depuis 2013. L’un ou l’autre a-t-il renoncé à tout ou partie de ces services et depuis quand ? «Nous n’avons pas de ventilation précise à ce sujet», a-t-on indiqué au Luxemburger Wort.

Vin et repas au château de Senningen

Le Premier ministre Luc Frieden a reçu le 9 février ses deux prédécesseurs Jean-Claude Juncker et Jacques Santer (tous trois issus du CSV) au château de Senningen. Selon un bref communiqué de presse, il s’agissait d’un «échange de vues sur des thèmes politiques actuels».

Luc Frieden a reçu ses prédécesseurs Jacques Santer et Jean-Claude Juncker au château de Senningen en février. © PHOTO: SIP/Julien Warnand

Les frais de repas lors de cette réception ont été pris en charge par l’État et s’élevaient, selon le ministère d’État, à environ 90 euros par personne. Ce qu’il y avait exactement à manger n’a pas été révélé, si ce n’est que le vin était également compris dans les frais. «Le repas a été préparé par le personnel de la cantine du centre de conférence gouvernemental du château de Senningen, qui est à la disposition des fonctionnaires de ce site», a encore expliqué le ministère d’État.

Une réunion similaire avait déjà eu lieu en juillet dernier au ministère d’État, et cette fois-ci, le politicien DP Xavier Bettel, qui a été Premier ministre de 2013 à 2023, était également présent.

Voici ce qui se passe dans les pays voisins

Contrairement au Luxembourg, il existe dans les pays voisins des chiffres plus précis sur les dépenses de l’État pour les anciens Premiers ministres. Selon le magazine d’information Politico, les prestations versées en France aux anciens chefs de gouvernement et présidents s’élevaient à 2,7 millions d’euros en 2023.

C’est le socialiste Bernard Cazeneuve qui a coûté le plus à l’État français en 2023 avec 201.387 euros, frais de voiture et de personnel compris. En deuxième position, on trouve Dominique de Villepin, qui a coûté 197.539 euros à l’État. La sénatrice Nathalie Goulet voulait abolir ces privilèges, mais en janvier, la commission paritaire composée de députés et de sénateurs a bloqué cette initiative.

Dans un rapport, le gouvernement allemand a appelé l’ex-chancelière Angela Merkel à réduire les dépenses de son bureau, comme l’a rapporté Der Spiegel en 2022. © PHOTO: dpa

En Allemagne également, les anciens présidents fédéraux, tout comme les anciens chanceliers, ont droit à une dotation. «Cet équipement comprend un bureau, du personnel, un véhicule personnel avec chauffeur, dont l’utilisation privée est imposable, ainsi qu’une protection personnelle», répond un porte-parole du ministère fédéral de l’Intérieur et de la Patrie, interrogé par le Luxemburger Wort.

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La coalition en feu tricolore voulait réduire la rémunération des ex-présidents fédéraux, mais cela n’a pas été mis en œuvre au cours de la 20ᵉ législature, poursuit le ministère fédéral. L’ancienne chancelière Angela Merkel disposera d’un bureau avec neuf collaborateurs. Ces collaborateurs reçoivent un salaire mensuel pouvant atteindre 10.000 euros.

Selon ZDF, les privilèges de bureau de Merkel ont augmenté l’année dernière pour atteindre 900.000 euros. La commission budgétaire 2019 a décidé que «les futurs chanceliers fédéraux ne devraient pas avoir plus de cinq collaborateurs après leur mandat». Cette règle concerne désormais en premier lieu Olaf Scholz.

(avec dpa)

Cet article a été publié initialement sur le site du Luxemburger Wort.

Adaptation: Mélodie Mouzon