Alors que Moscou intensifie ses attaques en Ukraine, ciblant notamment les régions de Soumy et de Donetsk avec des drones, une révélation de Newsweek jette un froid : la Russie pourrait préparer une escalade directe contre l’OTAN. Malgré les récentes déclarations d’apaisement de Donald Trump, les analystes militaires occidentaux s’alarment des préparatifs russes en vue d’un futur affrontement avec l’Alliance atlantique.

L’Ukraine, candidate à une adhésion depuis 2022, ne peut rejoindre l’Alliance tant que la guerre se poursuit. Pourtant, l’OTAN – déjà fragilisée par la menace d’un retrait américain – affirme soutenir “pleinement Kiev dans son droit à la légitime défense” (OTAN). Un message clair, qui n’a visiblement pas échappé au Kremlin.

Des préparatifs militaires de la Russie aux frontières occidentales

La Russie “progresse discrètement à d’autres endroits de sa frontière avec l’Europe”, a rapporté le Wall Street Journal le 27 avril dernier.

Ainsi, Moscou aurait renforcé sa présence militaire le long de ses frontières, en particulier à l’est de la Finlande. À Petrozavodsk, une ville russe proche de la frontière finlandaise, un nouveau quartier général a été établi afin de “superviser des dizaines de milliers de soldats”. Cette réorganisation témoigne d’une volonté assumée de préparer une confrontation potentielle avec l’Alliance atlantique, dans le cadre d’une stratégie à long terme. Des clichés satellites, captés par le centre Black Bird Group, ont confirmé l’ampleur de ce déploiement. Plus au nord, sur la base de Spoutnik (proche de la Norvège), des images révèlent “d’énormes hangars de stockage pour les équipements militaires”.

Ce renforcement s’étend au-delà des seules zones frontalières avec la Finlande. De nouvelles infrastructures seraient en construction le long des frontières norvégienne et finlandaise, mais également au sud de Saint-Pétersbourg, en direction de l’Estonie, selon Courrier International. Ces mouvements s’accompagnent d’une dynamique plus large, marquée par une hausse du recrutement militaire et une intensification de la production d’armement. Autant d’indicateurs qui confirment que la Russie prépare méthodiquement une posture de confrontation durable avec l’Occident.

Les services de renseignement occidentaux alertent

Ces derniers mois, plusieurs services de renseignement européens – notamment l’Allemagne, la Lituanie et le Danemark – ont estimé que Moscou se prépare à un conflit qui s’étalerait “au-delà de l’Ukraine”.

Selon Copenhague, Poutine aurait besoin de “seulement six mois pour lancer une nouvelle attaque contre un pays européen frontalier de la Russie, et cinq ans pour une guerre à grande échelle sur le continent américain – dans le cas où les États-Unis de Donald Trump n’apporteraient pas leur soutien” (Le Grand Continent). Si BND (Allemagne) prévoit une possible guerre conventionnelle avec l’OTAN d’ici 2030, la Lituanie évoque une potentielle attaque limitée pour tester la réaction de l’OTAN.

Vers une remillitarisation extrême de Moscou

Moscou, qui a placé toute son économie dans un effort de guerre, s’est transformé en véritable “État guerrier”. D’une part en réorientant massivement son économie vers l’industrie manufacturière et la production d’armement, s’accompagnant d’une augmentation significative des dépenses de défense. Le budget militaire pourrait atteindre 120 milliards d’euros en 2025, soit plus de 6% du PIB russe (La Grande conversation). La Russie surpasse désormais l’Europe en matière de dépenses militaires.

En outre, depuis le début de l’invasion russe, la mobilisation partielle de septembre 2022 a appelé environ 300 000 réservistes ; tandis que l’objectif affiché est de porter les effectifs militaires à 1,5 million d’ici 2026.

Une hausse des actes de sabotage

Les inquiétudes grandissent face à l’intensification des activités russes autour des infrastructures sensibles, en particulier les câbles sous-marins, véritables artères de la communication mondiale. Des incidents suspects, comme la présence prolongée d’un navire espion près de ces installations stratégiques, alimentent les craintes des services de renseignement occidentaux. Selon des rapports récents, le nombre de sabotages attribués à la Russie en Europe aurait triplé entre 2023 et 2024. Une escalade qui confirme les avertissements du CSIS : Moscou représente une “menace sérieuse et croissante” pour les États-Unis et leurs alliés.

Face à cette guerre de l’ombre croissante, l’OTAN renforce sa surveillance, mais la question reste entière : comment contrer une stratégie russe de plus en plus agressive, sans provoquer une escalade ouverte ? Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, promet une réponse “dévastatrice” en cas d’attaque russe contre un pays membre. Les prochains mois pourraient être décisifs.