Phénomène météorologique –

Faut-il vraiment attendre les saints de glace en Suisse?

Fleurs d’arbres fruitiers enveloppées de glace pour les protéger du gel, à Saillon, dans les Alpes suisses, près de Martigny, avril 2021.

Les saints de glace approchent à grands pas. Mais sont-ils forcément synonymes de gel, comme ici, à Saillon, en avril 2021?

Fabrice COFFRINI/AFP

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Avec les intempéries et le froid qui se sont abattus sur la Suisse lors du week-end de Pâques puis le beau temps, on aurait pu les croire passés. C’est pourtant mi-mai que sont attendus les fameux saints de glace, promesse de gelées tardives selon une croyance populaire.

«Saint Servais, saint Pancrace et saint Mamert font à eux trois un petit hiver», dit un dicton français. Alors quand doit se produire ce phénomène? Quelle est son origine? Et qu’en disent les météorologues aujourd’hui en Suisse? On fait le point en quatre questions.

Quand ont lieu les saints de glace?

C’est du 11 au 15 mai que sont traditionnellement attendus les saints de glace en Suisse. Dans l’ordre, on trouve Mamert, Pancrace, Servais, Boniface et Sophie. Cette dernière est même appelée «kalte Sophie», soit «froide Sophie», dans les régions germanophones.

Cette liste, et donc la durée du phénomène, varie cependant selon les pays et les régions. Dans les zones septentrionales de France, plus propices au gel, on y ajoute saint Yves (19 mai), saint Bernardin (20 mai) ou encore saint Urbain (25 mai). Dans le Midi, les dernières gelées se produisent en avril. On y invoque plus volontiers les «saints cavaliers» ou «saints chevaliers»: saint Georges (23 avril), saint Marc (25 avril) ou encore saint Eutrope (30 avril).

À noter qu’avec le passage du calendrier julien au calendrier grégorien en 1582, les dates des saints de glace ont été décalées d’une dizaine de jours. Les dates d’origine correspondent donc à la fin du mois de mai dans notre calendrier.

Quelle est l’origine des saints de glace?

C’est que jardiniers et agriculteurs d’Europe disent observer – et redouter! – le phénomène depuis des siècles. «Il semble que les premiers témoignages des saints de glace remontent au Moyen Âge», relate MétéoSuisse.

«Pendant des siècles, le printemps d’Europe centrale a été émaillé de périodes de gel à répétition, donnant ainsi naissance à la tradition selon laquelle la région serait touchée par de fréquentes offensives d’air froid au mois de mai, détaille l’Office fédéral de météorologie et de climatologie. C’est ainsi qu’est apparu l’événement climatique récurrent connu sous le nom de saints de glace.»

Les saints fêtés sont tous des évêques et des martyrs du début de l’ère chrétienne. Mais attention, si vous jetez un œil aux éphémérides de ces jours-là, vous trouverez sûrement d’autres noms que les leurs (Estelle le 11 mai, Achille le 12), le calendrier ayant évolué au fil des ans.

Le phénomène est-il vraiment observable en Suisse?

C’est là que les choses se corsent. Les mesures dont dispose MétéoSuisse «n’ont pas permis de confirmer la survenue récurrente de cet événement météorologique censé apparaître certains jours du mois de mai», lit-on sur le site du prévisionniste.

C’est par l’analyse de la fréquence des épisodes de gel que l’Office fédéral de météorologie et de climatologie est parvenu à cette conclusion. Des mesures de température réalisées à 5 cm au-dessus du sol depuis 1965 sur les sites de Genève-Cointrin, de Payerne et de Zurich-Kloten.

Résultat? Des épisodes de gel se produisent régulièrement jusqu’à la mi-avril, puis leur fréquence diminue et devient proche de zéro à la fin du mois de mai. Mais «les jours des saints de glace, du 19 au 23 mai, ne font apparaître aucune recrudescence particulière du phénomène. Même dans les stations avec des séries de mesures plus courtes, aucune recrudescence de gel au sol ne peut être observée autour des saints de glace», lit-on.

Les saints de glace seraient donc un mythe?

Des générations de jardiniers et d’agriculteurs se seraient-elles donc inquiétées pour rien? «En 1906 déjà, dans son épais manuel de météorologie, Julius Hann citait un certain nombre d’études indiquant que les saints de glace n’étaient pas davantage liés à un risque de gel que les autres jours de mai. Ces enquêtes proviennent en grande partie de la seconde moitié du XIXe siècle», mentionne pour sa part MétéoSuisse.

La présence de gel au sol en mai a en revanche été observée au moins une fois par mois de mai depuis 1965. En attendant, sur les sites spécialisés de jardinage, on continue à conseiller aux amatrices et amateurs d’attendre le 15 mai pour semer leurs premières graines.

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