RTL Infos – Une pollution jusqu’au Luxembourg ?: Pas de pitié pour les auteurs de la “montagne de déchets” à Rédange

L’odeur a fini par disparaître. Mais la “montagne de déchets” de Rédange (Moselle) est toujours aussi écœurante. Il faut imaginer 250 tonnes de déchets (poubelles, huiles de moteur, vêtements, plastiques, amiante…) s’entassant sur près de deux mètres de haut et plusieurs dizaines de mètres de long, et pourrissant là depuis plus de 5 ans.

L’an passé, la justice avait frappé un grand coup, en condamnant plusieurs membres de la “mafia des déchets” à l’origine de cette déchetterie sauvage.

À commencer par Johnny Demeter. Principal protagoniste de ce trafic qui a conduit au déversement illégal de quelque 10.000 tonnes de déchets belges en France entre 2018 et 2021, ce membre de la communauté des gens du voyage avait mis dans la combine “son père et deux autres membres de sa famille. Au total, ils étaient neuf, plus quelques chauffeurs ‘achetés’ à la sauvette contre quelques billets” rappelle le Républicain Lorrain.

Ils font appel… et alourdissent leur peine

Le système consistait à amener des tonnes d’ordures belges dans des centres de retraitement français, escroqués par l’usage de faux noms de sociétés et jamais payés. Ensuite, des camions d’ordures déversaient de façon sauvage près de communes d’Ile-de-France, du Nord-Pas-de-Calais et dans des zones frontalières de Lorraine, dont Rédange. 

Dans sa plaidoirie, l’avocat de Johnny Demeter avait regretté l’absence au procès du géant du déchet belge Snoeys, qui payait son client pour qu’il récupère les déchets. Décrivant Johnny Demeter comme un “escroc analphabète”, il avait assuré qu’il n’avait fait que profiter de failles d’un secteur peu vertueux.

S’il n’est peut-être qu’un maillon d’un trafic à bien plus grande échelle, Johnny Demeter a en tout cas été condamné en 2024 à cinq ans d’emprisonnement. Outre une amende de 50.000 euros et une interdiction définitive de gérer une entreprise de déchets, Johnny Demeter a été également condamné à la remise en état du site de Rédange, sous astreinte de 150 euros par mois.

Sept autres hommes, dont quatre de la famille Demeter, avaient été condamnés à des peines allant de 18 mois à trois ans ferme. Suite à cela, certains protagonistes (mais pas Johnny Demeter) avaient fait appel.

Mal leur en a pris. Car dans son jugement, rendu le 29 avril dernier, la cour d’appel de Douai a confirmé les peines prononcées en première instance, et en a alourdi certaines. Ils écopent désormais de deux à cinq ans de prison.

Une pollution sur plusieurs kilomètres… jusqu’au Luxembourg?

“Nous sommes évidemment satisfaits que cette mafia soit derrière les barreaux, et mise hors d’état de nuire, mais… Les déchets sont toujours là, rien n’a bougé depuis 5 ans et demi” s’impatiente Jessica, contactée par RTL Infos.

Cela fait des années que cette membre du collectif citoyen “J’aime ma forêt” se bat pour faire avancer ce dossier. “Puisque les condamnations définitives ont été prononcées, ce qu’on attend maintenant, c’est que tous les acteurs de ce trafic prennent leurs responsabilités pour enlever ces déchets !” Un message qu’elle adresse aussi à la “commune de Rédange, au propriétaire du terrain, à l’Etat français, l’Etat Belge, l’Europe… 5 ans et demi pour prendre une décision responsable, c’est long !”

Elle rappelle que ces 250 tonnes de déchets “polluent le sol, les micro-sources qui le parcourent, qui se déversent dans l’étang en contrebas, étang où poissons sont pêchés et consommés, étang qui continue de sa course dans la Beler et le Canal du Moulin… Soit à minima une pollution sur 6 km.”  Sachant que la Beler rejoint ensuite l’Alzette, qui coule de l’autre côté de la frontière, il y a un risque évident que cette pollution touche également le Luxembourg.

Même impatience du côté de Gautier Berera, du collectif J’aime ma forêt : “C’est une nouvelle victoire contre la mafia des pollueurs transfrontaliers que nous attendions depuis 2019 ! Nous sommes fiers d’avoir permis l’arrestation de ces criminels et la fin de ce trafic qui a impacté toute la frontière avec la Belgique/Luxembourg/France. Ainsi, de nombreuses villes ont échappé à des tonnes de déchets” réagit ce maire adjoint à l’environnement à Audun-le-Tiche.

“Mais aujourd’hui, il y a urgence à enlever ces déchets. Il faut que les différents protagonistes de cette histoire récupèrent leurs déchets, il est temps que ça bouge. Nous allons donc relancer les différents protagonistes qui se jetaient la patate chaude ou qui attendaient la fin du jugement” prévient-il.

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