Tout à fait, j’ai vraiment vécu ce conclave d’une façon fraternelle, dans un climat de recueillement et de paix. Vous savez que les portes se sont refermées sur nous, les cardinaux. C’était impressionnant, mais j’avais cette image de l’Évangile qui décrit, après la mort du Christ, les disciples et la Vierge réunis dans la chambre haute du Cénacle. Les portes du Cénacle aussi étaient fermées, mais le Seigneur a fait irruption et fut présent parmi eux. C’est vraiment la sensation que j’ai éprouvée.

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Ce conclave fut rapide, alors qu’on avait dit que l’Église était divisée, que les cardinaux se connaissaient peu. Comment expliquer cette prompte élection ?

On peut vraiment dire que notre travail était de discerner la volonté du Saint-Esprit pour lequel les choses étaient connues à l’avance. Cela s’est également joué très vite, parce qu’on s’est retrouvés entre cardinaux durant le préconclave pour réfléchir aux besoins de l’Église et distinguer les personnalités qui pourraient y répondre. Et cela s’est défini assez rapidement.

Peut-on parler d’une élection politique ?

Ce fut l’impression de l’extérieur. Mais ce n’était pas une course où il devait absolument y avoir un gagnant. Il y a quelqu’un qui a été élu parce qu’on a discerné que c’était la personne qui devait guider l’Église en ce moment. Je dirais vraiment qu’il y a eu une harmonie entre nous, et non pas un jeu entre clans antagonistes.

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Quel est le mandat du pape Léon ?

Si le pape François a ouvert des portes – et peut-être même défoncé quelques portes aux yeux de certains – on attend du nouveau pape qu’il organise l’espace derrière ces portes. Léon XIV n’est pas l’homme de beaucoup de paroles, mais il analyse ce qu’on lui raconte, est très organisé et est capable de prendre les décisions qu’il faut. On a déjà pu le voir en quelques heures, dès ce vendredi matin quand il a pris le temps d’expliquer sa vision aux cardinaux, puis de les écouter. Ce sera aussi un Pape qui consultera beaucoup les cardinaux rassemblés autour de lui.

On l’a vu arriver au balcon avec une pèlerine et des habits liturgiques que n’utilisait pas François. Est-ce le retour d’un certain classicisme dans l’Église ?

Alors, depuis la place, vous n’avez pas pu voir ses souliers. Ils étaient noirs, ils n’étaient pas rouges [comme les portait Benoît XVI]. C’est le signe qu’il conjuguera un peu tous les pontificats précédents.

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