Perfectionniste ? Non, bonnardiste ! • FRANCE 24

Être perfectionniste, c’est bien. Mais non, attendez, je pense. Être perfectionniste, c’est être perfectionniste. Être perfectionniste, c’est bien, mais il faut savoir s’arrêter un jour. Voilà. Et ça, certains artistes n’y sont jamais arrivés. Le plus célèbre, c’est Pierre Bonard qui allait jusqu’à retoucher ses tableaux dans les musées. Pierre Bonard, le perfectionniste ultime, donc c’est lui. On l’a appelé le peintre du bonheur. Une palette lumineuse, un style très personnel, intime, marqué par la sensualité du quotidien. Tout au long de sa carrière, Bonard s’est remis en question. Il a été l’un des fondateurs des Nabis, un mouvement d’avant-garde qui cherchait à simplifier la forme au profit de la couleur. Puis il s’en éloignera et tracera son propre chemin à l’écart des différents mouvements qui marqueront son époque. Fauvisme, cubisme, surréalisme. Et cette recherche perpétuelle explique sans doute pourquoi il se refusait à considérer un tableau comme fini. Il faut que cela murisse comme une pomme, écrivait-il. Ettant qu’un détail, une nuance lui échappe, il continue à retravailler une œuvre. Les acheteurs de ce débarcadaire de canne ont dû attendre 7 ans pour que le peintre accepte de leur remettre définitivement. Régulièrement, les collectionneurs voyaient Bonard débarquer chez eux pour retoucher une de ses œuvres. Et lorsqu’il visitait les musées, ses proches assurent qu’il emportait toujours une boîte de couleur au Kazou. En 1938, il est surpris par un gardien du musée du Luxembourg en train de rajouter une touche de jaune sur un de ses tableaux récemment acquis par la ville de Paris. Et ce perfectionnisme ne le quittera jamais. En janvier 1947, quelques jours avant sa mort trop faible pour tenir un pinceau, il demande à son neveu de rajouter une touche de peinture au pied de cet amandier en fleurs sur lequel il travaille depuis 2 ans. Ses amis qu’il embarquaient souvent dans ses expéditions correctives dans les galeries et les musées avaient même inventé un mot pour cette manie : bonardiser. La prochaine fois qu’on vous traite de perfectionniste, vous pourrez répondre “Non, je bonardise, c’est tout.” Et ça on gêne. [Musique]

🎨 Pierre Bonnard retouchait ses tableaux… même accrochés au mur des musées 😳

Ses amis avaient même inventé un mot : bonnardiser, pour célébrer ce peintre qui ne lâchait jamais l’affaire. 🖌️🖼️🇫🇷

– Avec Culture Prime

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