La chute de Gérard Depardieu, signe que le cinéma évolue • FRANCE 24

La chute de Gérard Depardieu, signe que le cinéma évolue • FRANCE 24

[Musique] Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Actuel. Le festival de Cann ouvert alors que Gérard de Part Dieu, monstre sacré du cinéma français, jusque-là intouchable, a été condamné pour agression sexuelle sur deux femmes. Le 7e fait-il enfin son examen de conscience en France ? On en parle dans un instant avec notre invité Catherine Lemageress. Mais d’abord, on fait le point sur cette affaire de par Dieu et un procès ou le à l’énoncé du jugement, le large sourire de l’une des victimes de Gérard Pardieu. L’acteur est officiellement reconnu coupable d’agression sexuelle et pilogue d’un procès extrêmement tendu. Je suis émue, satisfaite de cette décision, euh très heureuse, assez fière même, je vais utiliser le mot, je suis assez fière et je voudrais redonner espoir à toutes les femmes qui sont en attente de procès. En tournage à l’étranger, Gérard de Pardieu ne s’est pas présenté à l’audience. Le tribunal l’a condamné à 18 mois de prison avec surcis pour des agressions commises sur deux femmes lors du tournage du film Les volet vert. L’acteur est également inscrit au casier des auteurs d’infraction sexuelle. J’espère que c’est la fin de l’impunité d’un artiste dans le milieu du cinéma. Je crois qu’avec cette décision là, on ne peut plus dire qu’il n’est pas un agresseur sexuel. Dans son délibéré, le juge a aussi souligné la brutalité avec laquelle les plaignantes ont été traitées durant l’audience par la défense qualifiant les victimes de menteuses hystériques. À ce titre, le comédien est condamné à leur verser à chacune 1000 € supplémentaires. C’est une négation des droits de la défense. C’est-à-dire que le fait de remettre en cause la véracité des accusations qui sont portées contre vous, c’est une agression supplémentaire. Le fait de considérer que une personne qui vous met en cause ment, c’est une agression supplémentaire. L’avocat de Gérard de Pardieu a annoncé son intention de faire appel de sa condamnation. Et pour aller plus loin sur cette question, j’ai le plaisir de recevoir Catherine Lemagerest. Bonjour. Bonjour. Vous êtes chercheuse spécialiste des violences masculines à l’encontre des femmes. Je reste bénévole au sein de la VFT, l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail et puis également autrice des pièges du consentement aux éditions X. Merci d’être avec nous. Vous avez assisté au procès de Pardu les 4 jours. Qu’est-ce que vous en avez pensé et retiré ? La première impression que j’ai, c’est un procès extrêmement pénible. Normalement pour une agression sexuelle, même quand il y a deux victimes, on le tribunal y consacre une après-midi. Là, ce sont 4 jours qui ont été dévolu à monsieur de pardieu euh et 4 jours pendant lesquels les victimes ont été maltraitées en permanence par Jérémie Assous, l’avocat de de Pardieu. À côté de ça, nous avons eu des victimes qui ont su merveilleusement bien s’exprimer. C’est pas c’est pas donné à tout le monde. C’est difficile de venir devant un parterre d’une salle pleine devant des magistrats exposer ce qui est arrivé. Et nous avons eu aussi des témas des femmes témoins qui sont venues rapporter les agressions qu’elles avaient subis des années parfois des décennies auparavant à la fois avec beaucoup de force, d’intégrité, d’honnêteté et aussi on a vu l’impact de ces violences sur ces femmes qui venaient témoigner pour la première fois. 20 ans après, elle elle restait bouleversée par ce qui leur était arrivé et par l’impunité dont Gérard de Pardieu avait pu profiter pendant toutes ces années. La défense de Jérémie Assous qui a été qualifiée de véhément, agressive et même franchement sexiste euh a même valu aux plaignantes 1000 € de dommage au titre des de la victimisation secondaire. Quand il fait ça, il est forcément conscient de ce qu’il fait, pourquoi il le fait selon vous ? Alors, je sais pas s’il est conscient. Je pense qu’il y a certains avocats qui considèrent qu’une défense agressive reste une défense. Qu’une défense humiliante, misogyne, sexiste, violente, insultante, parce que il a insulté les avocates, reste quelque chose d’acceptable. En l’occurrence, c’est pas le cas. C’est-à-dire que les avocats ont des devoirs déontologiques de délicatesse, de confraternité, de certain nombre que qu’il a largement outrepassé et par ailleurs euh on peut parfaitement respecter les droits de la défense sans agresser les victimes inutilement. Cette défense, elle est très efficace aussi parce que quand il agresse comme ça les avocates, bien sûr que ça a un impact sur les victimes aussi. Ça leur permet pas de témoigner sereinement. Il s’en est pris à Charlotte Arnold qui est qui porte plainte pourol contre Gérard de Pardieux qui était présente dans la salle qui l’a traité de Mythoman qui est sorti en pleurant quand il fait cette ces agressions là à une un membre du public. C’est dans la perspective du procès futur pour essayer de la décourager. Vous pensez ? C’est oui, on peut on ne l’exclut pas évidemment. C’est-à-dire que c’est une façon aussi de lui montrer voilà à quoi tu vas t’exposer quand dans la suite de la procédure. Je rappelle que là le président aurait pu l’interrompre aussi parce que il a il a parlé longtemps, il a insulté longtemps Charlotte Arnaud et donc il aurait pu l’interrompre parce qu’il a le pouvoir de l’audience et la discipline de l’audience. Maître Karine Durod Bolt a essayé de le faire arrêter en invoquant le secret de l’instruction vinement. il il n’a il a pu continuer tranquillement et ça ça pose aussi un problème. Ce qui est intéressant dans cette affaire, c’est que c’est un grand acteur à la carrière internationale du cinéma français et en fait vous êtes représentante de la VFT, donc les violences au travail parce que finalement le cinéma c’est aussi un secteur professionnel. On parle souvent de grande famille du cinéma. Est-ce que vous pensez que c’est justement cet effet où les frontières entre eux la vie perso, la vie professionnelle sont un peu flouté quand on est sur un plateau de tournage, qu’on dort tous ensemble au même endroit pendant des mois, pendant des semaines de tournage qui fait que parfois il y a ces comportements des hommes sur les plateaux. Oui. Alors en l’espèce ça s’applique pas du tout, il y a pas d’ambiguité aucune parce que les deux les deux victimes ne côtoyaient pas Gérard de Paradieux autrement que professionnellement. En revanche, la grande famille du cinéma aussi, c’est le monde de la précarité. C’est le monde du pouvoir, c’est le monde de la cooptation. C’est-à-dire qu’on sait très bien que si on veut obtenir un autre tournage, moi qui suis intermittente du spectacle, si je veux avoir un prochain contrat, il faut que ça se passe bien. Et d’ailleurs, Sarah, une des victimes, n’a pas arrêté de dire qu’elle a expliqué son silence en en disant “Je gère, j’essayais de gérer, je me disais que j’allais y arriver parce que je voulais que ça se passe bien pour pouvoir continuer à travailler dans ce milieu que j’avais choisi.” Donc c’est le monde de la précarité économiste, c’est le monde de la cooptation et Gérard de Parieu, c’est c’est le c’est l’homme de pouvoir. Enfin, il est c’est sur son nom que se font les films. C’est sur son nom qu’ que l’argent arrive. Et une des une des témoins avait dit au procès, elle a dit bah qui était costumière ? Dit on va pas arrêter un film pour une costumière. Et donc voilà, il y a un intérêt de coût économique évident et le calcul est très vite fait. On garde par Dieu et on silencie les victimes. Alors, il y a quand même des petits progrès qui ont qui ont lieu dans le monde du cinéma. La 78e édition du festival de Cann ouverte avec quelques changements. Par exemple, l’acteur Théo Navaro Musi qui joue dans le film Dossier 137 en compétition a été écarté de la Croisette après des accusations de viol, violence physique et morale de la part de trois ex-compagnes qui se sont constitué partie civile. Après avoir été critiqué pour ne s’intéresser qu’au cinéma et non pas aux personnes qu’il font, et bien le délégué général du festival Thierry Fremo, semble prendre conscience que les temps changent. Cann en tout cas devient de plus en plus une vitrine de combats politiques et sociétaux. David Gilberg. Comment concilier glamour et lutte pour les droits des femmes ? Les festivaliers pourront peut-être s’inspirer des conclusions de la commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles et sexistes dans la culture. Celle-ci rendait son rapport le 9 avril dernier. Sa présidente s’adressait alors directement aux organisateurs du festival de Canne. C’est un message que je lance au festival de Cann. vous avez une responsabilité. Cette responsabilité, elle est de dire “Nous vous entendons, nous vous croyons, nous vous accompagnerons et nous ne voulons plus que ce monde là soit structuré de cette manière-là.” Cette exigence d’introspection pèse sur le plus grand festival de cinéma monde depuis maintenant près de 8 ans. Quand les révélations sur Harvey Weinstein surviennent en 2017, la Croisette est présentée comme l’un des terrains de chasse préférés du prédateur sexuel. La première réplique de ce tremblement de terre sociétale a lieu dès l’année suivante. 82 femmes entourent la présidente du jury Kate Blanchette pour exiger l’égalité salariale. 82 comme le nombre de réalisatrices en compétition à Cann depuis l’existence du festival contre 1648 hommes. Depuis les instances du festival mettent en avant les efforts accomplis. La parité des juris instaurée en 2011. Une femme présidente cette année avec Juliette Binoche après Greta Gerwig en 2024. Des palmarèses également plus féminins notamment avec les palmes d’or des deux françaises Julia Ducourneau et Justine Trier en 2021 et 2023. Mais les critiques perdurent sur la faible proportion de films réalisés par des femmes présents dans les sélections. En 2023, le directeur du festival s’en expliquait. On dit maintenant qu’il y a 18 % de réalisatrices dans le monde. Donc on on est bien au-delà. Évidemment, c’est le record de Cann, mais je n’ai pas forcément envie de dire oui, c’est formidable. La même année, la présence de Johnny Depp sur le tapis rouge relance les accusations contre un lieu qui accueillerait volontiers des auteurs de violence. L’édition suivante en 2024 est marquée par la présence de Juditthreche. La comédienne qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jaco et Jacques Doyon montent les marches en compagnie de femmes victimes de violence. Catherine le Magè, on voit des petits changements à pas de velour, on va dire, dans le festival de Can plus grand festival de film international. La condamnation de de par Dieu, est-ce que ça lance vraiment un message dans le monde du cinéma ? Est-ce que enfin le 7e ar va comprendre qu’il faut préserver, protéger les petits contre les grands ? C’est intéressant de voir que une stature, une statue, un homme de pouvoir comme de par Dieu se retrouve condamné. Ça c’est un message pour tout le monde. Ça veut dire aussi qu’à partir de maintenant quand on embauchera de part Dieu, on sa on on embauchera un agresseur sexuel. Il a fait appel, il est présumé innocent. Euh il n’empêche, il vient d’être condamné. Donc ça c’est un premier point. Ensuite le le pouvoir ce ce pouvoir là ce qui se délite, c’est aussi grâce à la parole des femmes, Adelnelle. Enfin, un certain nombre ont été ont été nommés là et et cette c’est cette solidarité entre les femmes aussi qu’il faut saluer. Euh je trouve que c’est extrêmement intéressant de voir comment Amélie en est arrivée à prendre la parole. C’est parce qu’elle a lu l’article d’Anou Grinbert qui se terminait par Charlotte et seul et Amélie vous lisant ça a dit “Mais moi qui sait qui sait ce que j’ai vécu qui sait ce dont de par Dieu est est capable et je ne peux pas me rester silencieuse.” Et cette solitude qui change de camp. Voilà, on voudrait que cette solitude ce soit celle des agresseurs et non pas celle des victimes et que toutes les femmes enfin s’écoutent, se solidarise entre elles pour mettre un terme à au comportement des agresseurs et à cette on a commencé par la grande famille du cinéma, mais que la grande famille du cinéma fasse alliance avec celles qui sont victimes et non pas avec les agresseurs. Merci beaucoup Catherine Lebagerest pour pour votre éclairage et puis merci à vous de nous avoir suivi. On se retrouve très vite sur Franz 24. Votre programme avec la brossette interdentaire Inava, elle retire en douceur 2,5 fois plus d’impureté entre les dents. Nava, recommandé par les chirurgiens dentistes.

Le plus célèbre des acteurs français à l’international, Gérard Depardieu, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur deux femmes, Amélie et Sarah*. Il doit aussi être inscrit sur le fichier des délinquants sexuels et payer, entre autres, 1 000€ aux deux plaignantes au titre de la victimisation secondaire. “Gégé” a annoncé qu’il allait interjeter appel – et reste présumé innocent avant la conclusion de la nouvelle procédure – mais ce procès est en soi le signe que les temps changent. Sept ans après le MeToo qui a déferlé sur Hollywood, le cinéma français semble, enfin, faire son examen de conscience.
#Depardieu #Cinéma Français #MeToo

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