En 2023, 4,1% des adultes âgés de 25 à 59 ans ont vécu une adolescence marquée par la vie en institution ou le décès des deux parents au Luxembourg. Un pourcentage qui peut sembler infime, mais si lourd de conséquences pour les concernés une fois adultes.
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Parmi eux, 41,2% ont connu une absence de logement personnel, contre 6,6% pour ceux ayant grandi avec leurs deux parents, d’après l’enquête européenne EU-SILC menée en 2023 commentée par le Statec. Plus accablant encore, 64,9% vivent sous le seuil de pauvreté, un taux plus de quatre fois supérieur à celui de la population qui n’a pas connu ce type d’adolescence (14,2%).
Autant d’inégalités qui s’expliquent en partie par un accès limité à l’éducation, une insertion sociale précaire et un manque de soutien matériel et moral. Car dans les faits, seuls 25,1% d’entre eux disposent d’un diplôme de niveau bachelor (bac +3) ou supérieur, contre 51,3% de la population avec deux parents présents à l’adolescence.
Les personnes ayant vécu en famille d’accueil absentes des chiffres
Si l’étude EU-SILC ne mentionne pas explicitement les placements dans une structure de protection de la jeunesse à 14 ans, il reste possible de savoir si les personnes concernées par ces chiffres vivaient en institution à cet âge.
Par opposition aux ménages privés, cette notion regroupe les lieux de vie en collectivité comme les foyers, les établissements pénitentiaires et les hôpitaux.
Statec
«Par opposition aux ménages privés, cette notion regroupe les lieux de vie en collectivité comme les foyers, les établissements pénitentiaires et les hôpitaux. Elle ne couvre cependant pas les personnes placées en famille d’accueil, car considérées comme vivant en ménage privé. Il s’agit donc d’une tentative imparfaite, mais nécessaire, d’appréhender la situation de ces jeunes bénéficiaires de l’assistance de l’État», précise d’ailleurs le Statec.
L’institut nuance toutefois les résultats de l’étude européenne, arguant que «la relation existant entre vie en institution à 14 ans et pauvreté à l’âge adulte est complexe et les organismes de placement ne sont pas nécessairement la cause».
L’enquête ne couvre pas les causes exactes de la précarité
«En ce sens et face à la multitude des parcours de vie, une enquête comme EU-SILC comporte des limites.» Selon le Statec, elle permet toutefois de mettre en lumière l’existence de ce lien, mais il faudrait également considérer les traumatismes subis par les personnes durant l’enfance et l’adolescence, «ayant pour conséquence une santé mentale fragilisée à l’âge adulte».
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«Celle-ci rendrait plus difficile l’accès à une situation financière stable», d’après l’institut national des statistiques. Enfin, il est aussi indiqué qu’aucune question relative à la santé mentale n’est présente dans l’enquête EU-SILC et que «la proportion d’individus estimant avoir une mauvaise santé ne diffère pas d’un groupe à l’autre».
«Si les causes exactes de cette précarité ne peuvent être mise en évidence par l’enquête, elle confirme toutefois l’importance d’un noyau social protecteur durant l’enfance dans la construction des futurs adultes», conclut cependant le Statec.