Israël va-t-il devenir un « État paria parmi les Nations » comme l’Afrique du Sud le fut en son temps ? C’est ce que dit redouter le chef du Parti Démocrate hébreu, Yair Golan. La question est, dans le contexte, d’une acuité inédite, et pas seulement parce qu’elle émane de l’ancien chef d’état-major adjoint de Tsahal, héros des attaques du 7 octobre 2023. Inédite, parce qu’elle brise l’unité sur la conduite de la guerre en des termes dépourvus de la moindre ambiguïté, M. Golan exhortant Israël à se comporter à nouveau en « pays sain » qui « ne tue pas des bébés par passe-temps ». Inédite encore parce qu’aux critiques de plus en plus virulentes de la communauté internationale, s’ajoutent par ailleurs les crispations autour des tirs essuyés par une délégation de diplomates en visite à Jénine mercredi dernier. Un incident qui n’a heureusement pas fait de victime mais a provoqué la convocation immédiate pour « explications officielles » des ambassadeurs d’Israël dans plusieurs pays, dont la France. Un niveau de tension inédit lui aussi depuis le début du conflit qui intervient au lendemain de l’annonce, par la cheffe de la diplomatie européenne, de l’hypothèse d’un réexamen de l’accord d’association avec l’État hébreu.

Malgré cette tempête diplomatique, et alors que la journée de jeudi a été marquée par l’assassinat antisémite de deux employés de l’ambassade d’Israël à Washington , Benjamin Netanyahou souffle toujours le chaud et le froid – ménage la chèvre et le chou ? – Pour entretenir l’espoir de voir rentrer les derniers otages aux mains du Hamas, il évoque un possible de cessez-le-feu ; en même temps, il donne des gages à ses extrêmes en réaffirmant à l’envi sa volonté d’ occupation totale de la bande de Gaza.

Imperturbable, le Premier ministre israélien semble suivre une unique boussole, celle de sa survie politique. Quel qu’en soit le prix ?