Avec «Le Testament de Sully», Richard Russo prend à nouveau le pouls de la «Rust-Belt»

Publié le 25 mai 2025 à 21:38. / Modifié le 25 mai 2025 à 21:39.

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Le tabouret de bar sur lequel s’assied Donald «Sully» Sullivan au Horse à North Bath, ancienne petite ville industrielle (fictive) en récession du nord de l’Etat de New York, est sans doute l’un des plus célèbres de la littérature américaine contemporaine. On l’avait découvert en français une première fois en 1995 avec Un Homme presque parfait (Nobody’s Fool, 1993) sans savoir que Richard Russo nous gratifierait d’une suite presque un quart de siècle plus tard avec A malin, malin et demi (Everybody’s Fool, 2016), Grand Prix de littérature américaine en 2017. On y retrouvait son héros (inspiré du père de l’écrivain américain et incarné en 1994 par Paul Newman dans le film Un homme presque parfait, de Robert Benton), vieux briscard à la retraite plus que jamais vissé à son tabouret fétiche au Horse, à boire, fumer, discuter et essayer d’accepter le verdict de ses cardiologues, soit au mieux deux ans à vivre.

Dans le premier tome, Sully, sexagénaire harcelé par la malchance et handicapé par un genou défaillant, au chômage et depuis longtemps divorcé, se révélait en père et grand-père indigne, tentant ensuite de se rattraper et se prenant véritablement d’affection pour l’un de ses petits-fils. Il vivotait depuis vingt ans dans une relation avec Ruth, la femme d’un autre, tout en étant amoureux de Toby, la plus jolie fille de North Bath. Autour d’eux, toute une galerie de personnages, piliers de bar ou non, dont l’officier de police Douglas Raymer, protagoniste central du deuxième tome avec Sully. Dans cette suite, tout continuait à décliner dans cette ville ouvrière et à aller de travers dans les existences bancales de Sully, Raymer et leurs acolytes.