L’air des avions peut-il affecter la santé ? Une juge d’instruction du pôle parisien environnement et santé publique a récemment entendu un steward qui a porté plainte contre Air France, notamment pour des blessures involontaires qui résulteraient du “syndrome aérotoxique”, a appris l’AFP ce mercredi 28 mai de source proche du dossier.
Sollicité par l’AFP, Air France a simplement répondu n’avoir “pas connaissance d’une telle procédure”, la deuxième enquête à Paris concernant cet ensemble de symptômes dénoncé par des personnels navigants aériens qui proviendraient de la contamination par des substances toxiques de l’air pressurisé des avions venant des réacteurs.
Marc (prénom modifié), âgé d’une cinquantaine d’années, est steward pour le transporteur tricolore depuis une vingtaine d’années. Il a déposé en avril 2024 une plainte avec constitution de partie civile.
Entendu le 22 mai par la juge d’instruction, il a raconté à l’AFP trois malaises qu’il impute à un syndrome aérotoxique.
Le parquet de Paris avait classé sa première plainte en septembre 2023 car “la démonstration scientifique” de ce syndrome “n’était pas établie”.
Mais pour Marc, il y a au sein d’Air France mais plus largement des pilotes, “une omerta”.
L’Association des victimes du syndrome aérotoxique (Avsa) dénonce en effet de longue date le fait que “sur la quasi-totalité des avions de ligne, l’air respiré à bord (…) est contaminé, entre autres, par l’huile utilisée pour la lubrification” des moteurs qui contient des “additifs toxiques”.
Entre autres symptômes: maux de tête, vertiges, problèmes digestifs et respiratoires…
Scientifiquement et judiciairement, le débat fait rage.
L’Agence de sécurité sanitaire a temporisé fin 2023, estimant que des recherches plus approfondies étaient nécessaires pour établir un éventuel lien avec des symptômes rapportés par des personnels navigants.
De son côté, l’Association du transport aérien international (IATA), organisation des transporteurs, expliquait en 2018 que “la recherche à ce jour n’a établi aucun lien de causalité”.
Dans le cadre d’une autre information judiciaire à Paris, la même juge d’instruction est saisie d’une autre plainte déposée en 2016, cette fois par un pilote d’Easyjet se disant lui aussi victime du syndrome.
A ce jour, Easyjet n’est que témoin assisté depuis septembre 2023 et a été confronté en septembre dernier au pilote plaignant.
Pour Me Béryl Brown, avocate de l’Avsa, “il y a des méthodes de prévention et des solutions techniques qui ne sont pas mises en œuvre”.