«Aujourd’hui, c’est multiculturel. Et j’aime ça», se réjouit Henriette. Lorsque Contacto l’a rencontré, la procession était déjà partie de l’église en direction du sanctuaire de Fatima à Wiltz. Il était un peu plus de 14 heures. La foule suivait le char avec la statue de la Vierge, dans une marche lente et organisée, empruntant un chemin d’environ deux kilomètres jusqu’au sommet de la colline où se trouve le monument.

Derrière ce cordon humain, là où il y a moins de confusion, Henriette avance sans se presser, une canne dans chaque main pour aider ses jambes fatiguées.

Vêtue d’un manteau blanc, de la même couleur que ses cheveux, et de lunettes de soleil, cette Luxembourgeoise de 81 ans ne passe pas inaperçue. Elle fait plus jeune que son âge. La preuve en est l’énergie qu’elle déploie lorsqu’elle nous dit: «Le cortège avance-t-il? Je vais suivre, mais lentement.»

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Quand Henriette est née à Wiltz, le sanctuaire n’existait pas encore. Elle a suivi l’évolution de la célébration depuis le début. «C’est spécial. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des Luxembourgeois avaient promis de construire un sanctuaire. À l’époque, il n’y avait pas de Portugais ici», se souvient-elle. «Ce n’est que des années plus tard, lorsqu’ils sont venus au Luxembourg, qu’ils ont commencé cette tradition.»

Aujourd’hui, il est difficile de trouver des Luxembourgeois au milieu de la procession, reconnaît Henriette. «Parce que les gens ont commencé à voir ça comme une fête, comme un amusement, alors que c’était au départ quelque chose de très sérieux.» L’octogénaire continue de se rendre au sanctuaire chaque année. «Quand j’étais plus jeune, j’aidais aussi à faire les gaufres.»

Cette année, elle a décidé de suivre la procession de l’église au sanctuaire de Fatima, car l’année dernière, elle n’avait pas pu le faire. «Je voulais suivre, mais j’ai croisé une amie et j’ai continué à lui parler, alors j’ai fini par ne pas y aller», regrette-t-elle.

Le cortège de Wiltz a beaucoup changé au fil des ans

Cette fois-ci, Henriette suit la procession à un rythme lent, sans distraction. «Je vais très lentement pour monter et c’est ensuite plus facile de redescendre. Il m’arrive aussi d’y aller seule en semaine. Mais à 81 ans, ce n’est pas si facile, car le matin je vais bien et l’après-midi peut-être moins», admet-elle.

En tant qu’habitante de Wiltz, elle raconte qu’il s’agissait autrefois d’un «village très travailleur avec une dynamique très différente de celle de la ville de Luxembourg». Henriette a hérité d’un magasin de vêtements de ses parents et en a fait son métier, mais elle n’aimait pas beaucoup ce travail. «J’ai arrêté dès que j’en ai eu l’occasion», avoue-t-elle, aujourd’hui à la retraite.

À l’image de la ville, le cortège de Wiltz a lui aussi beaucoup changé au fil des ans. «Il est désormais multiculturel. Avant, Wiltz était une ville très calme, voire déprimante. Lorsque davantage de personnes sont venues travailler ici, la ville s’est développée et s’est beaucoup agrandie.»

Mais trêve de bavardages, la procession est déjà loin et il faut se hâter pour ne pas la perdre de vue. C’est une question de foi. «Je suis catholique, j’appartiens à l’Eglise et je vais suivre la procession, mais je n’ai rien demandé. Je ne mets pas la pression sur Dieu», dit-elle en souriant et en continuant son chemin.

Cet article a été publié initialement sur le site de Contacto.

Adaptation: Megane Kambala