Une nouvelle menace sur le front du climat. On connaissait déjà les conséquences dévastatrices de la course à l’or noir ; la pollution engendrée par des transports toujours plus nombreux ; ou encore l’impact de l’agriculture intensive pour le bilan carbone de notre planète. Alors que la planète se rapproche inexorablement d’un réchauffement de 1,5 °C, une nouvelle étude publiée ce jeudi 29 mai par l’Observatoire des conflits et de l’environnement pointe pour sa part les conséquences environnementales liées à l’augmentation des dépenses militaires à travers le monde.
D’après cet organisme britannique, la course à l’armement engagée par l’Otan pourrait, à elle seule, être responsable d’une hausse les émissions de gaz à effet de serre de près de 200 millions de tonnes par an. Soit le bilan carbone annuel d’un pays tel que le Pakistan. Un lien qui s’explique par l’énergie fossile utilisée par l’activité militaire, les dommages environnementaux créés favorisés par les incendies d’origine belliqueuse et le coût carbone que représente la reconstruction d’un pays détruit. Chaque dollar investi dans du nouveau matériel militaire représente alors un coût carbone important et une «aggravation à plus long terme de la crise climatique», dénoncent les chercheurs auprès du Guardian, qui publie l’étude. En retour, la hausse de ces températures mondiales nuirait également à l’économie, pour un coût de 264 milliards par an.
L’organisme, qui précise avoir choisi l’alliance atlantique pour sa transparence en matière de dépenses militaires, souligne que ces données représentent ainsi une «fraction seulement du véritable coût carbone de la militarisation globale», explique au Guardian Ellie Kinney, chargée de campagne à l’Observatoire des conflits et de l’environnement. Et de poursuivre : «Notre calcul porte sur 31 pays, ce qui ne représente que 9 % des émissions mondiales totales.»
La course à l’armement ne s’arrête à en effet pas à l’Otan : selon l’Indice mondial de la paix, la militarisation a augmenté dans 108 pays en 2023, alors que 92 d’entre eux sont impliqués dans des conflits armés, de l’Ukraine au Soudan du Sud.
En Europe aussi, avec le plan «ReArm Europe», la hausse des budgets de la défense est sur toutes les lèvres. En mars dernier, Ursula von der Leyen a dévoilé un plan de près de 800 milliards d’euros pour «réarmer l’Europe». Additionnées, ces dépenses militaires ont atteint à travers le monde un montant record de 2460 milliards de dollars en 2023.
Les chercheurs soulignent enfin que les conséquences de cette course à l’armement peuvent mener à un véritable cercle vicieux : puisque le changement climatique est facteur de conflit – même indirect – il peut engendrer à son tour de nouvelles violences. Et donc de potentielles nouvelles dépenses militaires. Et de nouvelles émissions de gaz à effet de serre.