Un sondage Sotomo publié cette semaine montre qu’une faible majorité de Suisses ne veut pas des nouveaux organismes génétiquement modifiés: 51% des personnes interrogées sont opposées à l’utilisation du ciseau génétique dans l’agriculture suisse, une technologie que la Confédération pourrait autoriser.

Le sondage Sotomo fait suite à la proposition du Conseil fédéral il y a deux mois d’autoriser les ciseaux génétiques, les nouveaux organismes génétiquement modifiés (OGM).

Plus précis que les outils classiques, ils coupent un bout de l’ADN d’une plante pour l’insérer dans le matériel génétique d’une autre plante de la même espèce.

Pour justifier cette proposition, le Conseil fédéral expliquait notamment que les nouveaux OGM pourraient permettre de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires ou d’augmenter la résistance face à la sécheresse.

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Une opinion divisée

Comme le montre le sondage Sotomo commandé par le camp anti-OGM, 51% des sondés disent non ou plutôt non à cette technologie. Seulement 41% sont favorables.

La majorité est claire sur les précautions à prendre en cas de potentielle autorisation en Suisse. Ce sont 91% des sondés qui demandent une évaluation des risques avant l’autorisation de chaque variété génétiquement modifiée. Le Conseil fédéral souhaite, quant à lui, assouplir cet examen dans certains cas.

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L’opinion de la population sur ce thème a un poids particulier, car le peuple pourrait devoir voter. L’association pour des aliments sans OGM récolte actuellement des signatures pour une initiative populaire.

Des questions éthiques et politiques

Cette retenue de la population est compréhensible, selon Laurianne Altwegg, responsable agriculture et environnement à la Fédération romande des consommateurs.

“Les adeptes de la biotechnologie défendent le génie génétique et les espoirs qu’il peut porter. Mais derrière cela, il y a des questions sur le modèle agricole, les questions d’éthique. Que veut-on comme agriculture pour demain, puisque derrière ces nouvelles techniques se posent la question des brevets et de la concentration des pouvoirs aux mains de certaines firmes agroalimentaires.”

Mais, selon la conseillère nationale PLR genevoise Simone de Montmollin, l’opinion de la population pourrait toutefois évoluer.

“C’est l’histoire de l’agriculture qui nous le montre. Il y a toujours eu une série d’interventions humaines qui nous a amené là où on est aujourd’hui. C’est clair, quand on parle d’OGM, on fait référence à des techniques de sélection génétique des années nonante, mais elles sont scientifiquement dépassées. Aujourd’hui, on parle de quelque chose de différent.”

>> Revoir le débat sur l’autorisation des nouveaux OGM sur Forum :

Faut-il autoriser ou non les "nouveaux OGM"? Débat entre Luigi d'Andrea et Jean-Marc Neuhaus

Faut-il autoriser ou non les “nouveaux OGM”? Débat entre Luigi d’Andrea et Jean-Marc Neuhaus / Forum / 12 min. / le 7 février 2024

Sujet radio: Philéas Authier

Adaptation web: Raphaël Dubois