Publié5. juin 2025, 21:43

Luxembourg: Face au gouvernement, la difficulté de la convergence des luttes

Avant la grande manifestation du 28 juin, les syndicats tentent de rallier la société civile à leur cause. Une initiative plus compliquée que prévu.

Thomas Holzer

«Catastrophique», «antisocial», «autoritaire»: les termes plébiscités par les participants à la conférence réunissant front syndical et acteurs de la société civile, jeudi soir, dans les locaux de la Chambre des salariés, en disent long sur le climat social et la rupture de dialogue entre le gouvernement et les syndicats. Paradoxalement, c’est aussi autour de cette idée d’opposition à la politique menée par la coalition que les syndicats et les organisations conviées ont le plus de chance de s’unir. Pour le reste, rien n’est gagné….

À l’écoute des différentes interventions, la construction d’un projet commun et d’une convergence des luttes semble beaucoup plus hypothétique qu’attendu. Dès le début des échanges, Jessica Lopes, de l’ASTI (Association de soutien aux travailleurs immigrés), a lancé la première salve. Très déçue du peu de suffrages (9%) recueillis par le thème de la «migration» comme priorité parmi les participants, la responsable associative a appelé à «davantage écouter les gens de terrain».

Au même titre que Magali Paulus sur la question de l’écologie, elle a critiqué l’approche moins frontale du gouvernement de communiquer sur ces sujets sociétaux qui, selon elle, masque «une politique migratoire sans pitié». «C’est pareil pour l’environnement avec beaucoup de ‘green washing’», a poursuivi la coordinatrice du CELL (Citizens for Ecological Learning & Living), ironisant sur «les ministres qui se promènent en forêt, sans connaître l’état de la forêt» et les «rumeurs de climato-scepticisme» au sein du gouvernement.

«C’est un peu tard»

Jean-Louis Zeien

Face à la nécessité de réunir un maximum de soutien avec la grande manifestation du 28 juin, Nora Back, présidente de l’OGBL, et Patrick Dury, président du LCGB, ont abondé au maximum dans le sens des personnalités présentes. «Mais nous devons descendre dans la rue pour quelque chose, pas seulement contre quelque chose», a tempéré Mme Paulus. «Cette initiative aurait dû avoir lieu des mois auparavant. C’est un peu tard», a, pour sa part, déploré Jean-Louis Zeien, de l’Initiative pour un devoir de vigilance.

La crainte d’une montée de l’extrême droite

Autant de limites qui ne doivent pas masquer l’urgence de la situation pour les responsables syndicaux. Autant dire que la lettre envoyée par le Premier ministre pour ouvrir le dialogue n’a pas eu l’effet escompté. «Ce qu’il se passe, c’est du jamais vu à nos yeux. On essaie de nous éliminer de manière radicale. Frieden ne veut pas collaborer avec les syndicats», a lancé Nora Back.

«Le Luxembourg est en train de commettre toutes les erreurs qu’il n’avait pas commises en 50 ans, en faisant comme les pays voisins», a, de son côté, averti Patrick Dury, craignant une montée de l’extrême droite au Grand-Duché. Des perspectives assez funestes, à long terme, pour réunir tout le monde autour d’un même objectif ? Réponse dans les trois semaines…

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