Ressentez-vous une sorte de populisme anti-judiciaire qui a pris en France une intensité nouvelle ?
Il y a incontestablement un populisme anti-judiciaire qui consiste à laisser penser que les juges auraient pris le pouvoir, qu’ils empêcheraient le législateur d’adopter les lois qu’il veut parce que les magistrats en annuleraient les effets, qu’ils empêcheraient le gouvernement de gouverner, tout cela au nom de principes que les juges auraient plus ou moins eux-mêmes inventés…
Ce populisme se développe, oui, même si cette forme de populisme a toujours existé, il ne faut pas se voiler la face. Ce qui est peut-être plus nouveau aujourd’hui, c’est qu’il est également exprimé par des personnes qui occupaient ou qui occupent encore des positions institutionnelles relativement importantes, des hommes et des femmes politiques de premier plan, mais aussi d’anciens membres de juridictions, des professeurs de droit de renom…
Du point de vue politique, avez-vous le sentiment que le spectre des responsables qui mettent en cause l’action de la justice s’est élargi lui aussi ?
Effectivement. Il y a eu une époque où cela était réservé à certains courants un peu marginaux, un peu à part. Aujourd’hui, le champ des personnes capables de tenir ce discours populiste s’est véritablement élargi.
Ça ne date pas d’hier.
Il faudrait expliquer le contexte des jugements.
Parce que de l’extérieur on ne voit que des gens dangereux relâchés constamment.
Tu m’étonnes ! À partir du moment où tu es élu tu échappes à toutes les procédures y’a de quoi dégoûter pas mal de gens…
Comment?
Incompréhensible, pourtant les amendes à 500€ et les stages de citoyenneté pleuvent.
Un élément qui n’est pas pris en compte dans la défiance d’une partie de la population vis à vis des magistrats, c’est l’impuissance ressentie face aux choix parfois moralement contestables de l’appareil judiciaire.
Pour les deux autres branches du pouvoir, si des députés ou des ministres font de la merde, il y a toujours l’espoir de pouvoir les dégager à la prochaine échéance électorale. L’exécutif et le législatif ont (au moins théoriquement) des comptes à rendre au peuple.
Le pouvoir judiciaire, au nom de son indépendance, en revanche, est hors de portée. On peut les voir interpréter de manière désolante, des lois leur laissant trop de marge de manœuvre, créant ainsi des jurisprudences qui seront également source de droit pour le futur pendant des années sans pouvoir rien y faire.
5 comments
Ressentez-vous une sorte de populisme anti-judiciaire qui a pris en France une intensité nouvelle ?
Il y a incontestablement un populisme anti-judiciaire qui consiste à laisser penser que les juges auraient pris le pouvoir, qu’ils empêcheraient le législateur d’adopter les lois qu’il veut parce que les magistrats en annuleraient les effets, qu’ils empêcheraient le gouvernement de gouverner, tout cela au nom de principes que les juges auraient plus ou moins eux-mêmes inventés…
Ce populisme se développe, oui, même si cette forme de populisme a toujours existé, il ne faut pas se voiler la face. Ce qui est peut-être plus nouveau aujourd’hui, c’est qu’il est également exprimé par des personnes qui occupaient ou qui occupent encore des positions institutionnelles relativement importantes, des hommes et des femmes politiques de premier plan, mais aussi d’anciens membres de juridictions, des professeurs de droit de renom…
Du point de vue politique, avez-vous le sentiment que le spectre des responsables qui mettent en cause l’action de la justice s’est élargi lui aussi ?
Effectivement. Il y a eu une époque où cela était réservé à certains courants un peu marginaux, un peu à part. Aujourd’hui, le champ des personnes capables de tenir ce discours populiste s’est véritablement élargi.
Ça ne date pas d’hier.
Il faudrait expliquer le contexte des jugements.
Parce que de l’extérieur on ne voit que des gens dangereux relâchés constamment.
Tu m’étonnes ! À partir du moment où tu es élu tu échappes à toutes les procédures y’a de quoi dégoûter pas mal de gens…
Comment?
Incompréhensible, pourtant les amendes à 500€ et les stages de citoyenneté pleuvent.
Un élément qui n’est pas pris en compte dans la défiance d’une partie de la population vis à vis des magistrats, c’est l’impuissance ressentie face aux choix parfois moralement contestables de l’appareil judiciaire.
Pour les deux autres branches du pouvoir, si des députés ou des ministres font de la merde, il y a toujours l’espoir de pouvoir les dégager à la prochaine échéance électorale. L’exécutif et le législatif ont (au moins théoriquement) des comptes à rendre au peuple.
Le pouvoir judiciaire, au nom de son indépendance, en revanche, est hors de portée. On peut les voir interpréter de manière désolante, des lois leur laissant trop de marge de manœuvre, créant ainsi des jurisprudences qui seront également source de droit pour le futur pendant des années sans pouvoir rien y faire.
Comments are closed.