Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a récemment lancé un véritable appel à multiplier par cinq les capacités de défense antiaérienne de l’Alliance pour protéger l’Europe contre une Russie de plus en plus inquiétante. Avec des tensions géopolitiques en hausse et une production d’armement russe qui dépasse les prévisions, les membres de l’OTAN se retrouvent face à des décisions majeures concernant leurs futures dépenses militaires. Cette demande arrive à un moment où la pression se fait sentir pour que les pays membres révisent sérieusement leur budget de défense, dans un contexte de dépenses militaires mondiales en hausse.
Les idées de Mark Rutte
Lors d’une conférence organisée par le cercle de réflexion Chatham House à Londres, Mark Rutte a mis en avant la nécessité de booster les capacités antiaériennes et antimissile – il parle d’une augmentation de 400%. Il a aussi proposé un nouvel objectif ambitieux : allouer 5% du PIB aux dépenses militaires et à la sécurité globale d’ici 2032. Ce 5% se répartirait en 3,5% pour les dépenses militaires directes et 1,5% pour la sécurité dans son ensemble.
Rutte a par ailleurs insisté sur le besoin urgent pour les armées de l’OTAN de se doter de milliers de véhicules blindés, de chars supplémentaires et de millions d’obus d’artillerie. « Nous avons besoin de faire un bond en avant dans notre défense collective », a-t-il lancé, en rappelant que sans de gros investissements, « notre défense collective n’est pas crédible ».
Les réactions internationales
La riposte n’a pas tardé du côté russe. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a qualifié l’OTAN d’ »instrument d’agression ». Cette remarque survient alors que la Russie renforce ses forces avec le soutien technologique de la Chine et produit des armes à un rythme vraiment surprenant – en seulement trois mois, elle fabrique autant que l’ensemble des membres de l’OTAN en une année.
Face à ces défis, Mark Rutte a pointé du doigt les alliances de la Russie avec des pays comme la Chine, la Corée du Nord et l’Iran, tandis que l’engagement accru de la Suède dans l’OTAN montre une réponse collective. Il a averti que le danger persistera même après la fin du conflit en Ukraine, ce qui pousse les dirigeants européens, menés par le Royaume-Uni et la France, à coordonner leurs efforts en matière de défense.
Les engagements des pays membres
Sous la pression des États-Unis – et notamment de Donald Trump, qui réclame que chaque allié consacre au moins 5% de son PIB à la défense –, plusieurs pays ont déjà pris des engagements notables. Le Royaume-Uni, par exemple, prévoit de monter son budget militaire à 2,5% du PIB d’ici 2027, puis à 3% après 2029. Ce plan inclut également la construction de jusqu’à douze sous-marins nucléaires dès 2030 et un investissement important dans son programme d’ogives nucléaires.
Du côté du Canada, l’engagement se traduit par une réévaluation du contrat F-35 pour cette année, une démarche qui s’inscrit dans une volonté collective de renforcer les capacités face aux menaces, notamment celles venant de Moscou.
L’OTAN se réinvente face aux défis
Les échanges sur les dépenses militaires se déroulent à un moment où une étude récente indique que la Russie pourrait viser un membre de l’OTAN dès 2026. Pour contrer ce risque, certains pays envisagent même des mesures radicales : c’est le cas de l’Allemagne qui pense à réintroduire la conscription obligatoire pour renforcer ses forces armées.