Le 12 juin dernier, le poète et musicien Filip Topol, leader du groupe Psí Vojáci et grande figure de l’underground tchécoslovaque avant la révolution de Velours, aurait eu 60 ans. Souffrant de problèmes de santé dus à une consommation abusive d’alcool, il est mort prématurément à l’âge de 48 ans le 19 juin 2013.

L’anniversaire posthume de Filip Topol correspond à un autre anniversaire : les 40 ans du périodique Revolver Revue, périodique d’autodéfense culturelle comme il aime à se présenter. Fondée en 1985 par le frère de Filip, l’écrivain Jáchym Topol, le graphiste Viktor Karlík et le journaliste Ivan Lamper, la revue qui paraît en samizdat est une activité d’édition dangereuse mais qui entend être une plateforme rigoureuse et exigeante au niveau culturel.

'Filip Topol 099727 caractères espaces compris' | Photo: Revolver Revue

‘Filip Topol 099727 caractères espaces compris’|Photo: Revolver Revue

Pour son 40e anniversaire, donc, la revue a souhaité rendre hommage aux personnalités qui ont un joué un rôle essentiel à ses débuts : Filip Topol en faisait partie et il n’est donc guère étonnant que la revue ait édité à cette occasion un livre sur le musicien, intitulé : « Filip Topol 99727 caractères espaces compris. »

Psí vojáci - Filip Topol,  Folimanka  (1974-1982) | Photo: Jiří Volek,  Popmuseum

Psí vojáci – Filip Topol, Folimanka (1974-1982)|Photo: Jiří Volek, Popmuseum

Car les textes poétiques et en prose de Filip Topol, sont une œuvre à part entière, reconnue après la révolution de Velours, et même traduits dans plusieurs langues étrangères. Mais il est vrai que c’est aussi et surtout pour ses chansons que le public le retient, lui qui a créé le groupe Psí Vojáci (Les soldats chiens) figure de proue de l’underground avant 1989 puis de la musique alternative en République tchèque après la révolution de Velours. Avec des titres comme Chce se mi spát, Žiletky ou encore Russian Mystic Pop, Filip Topol crée des chansons telles des hymnes énergiques et désespérés.

Les concerts de ce fils de dramaturge et petit-fils et frère d’écrivain étaient à l’aune du personnage qui disait de son jeu de piano : « J’ai parfois l’impression de dompter le piano comme un cheval sauvage ». Et pour cause, le qualificatif « expressif » s’avère presque insuffisant pour en rendre la teneur.

Video of Psí vojáci – na Chmelnici 1991

Car oui, il fallait le voir jouer pour en comprendre l’intensité existentielle de sa musique, lui qui parfois frappait si fort son piano qu’il lui arrivait de se briser les articulations et de laisser le clavier en sang.

Video of Filip Topol – I´m lucky (live 2010)