Dans l’audiovisuel public, le ras-le-bol est général devant les attaques organisées par la ministre de la Culture, Rachida Dati et la majorité macroniste. À Radio France, il se double de l’inquiétude qu’avec la création d’une holding, la radio soit invisibilisée, voire pire.

« On deviendrait une filiale sans PDG », rappelait le délégué central CGT Bertrand Durand en préambule d’une conférence de presse avant l’assemblée générale des personnels, ce mercredi à la Maison de la radio. Et surtout « sans budget » propre, alors que la radio publique, aujourd’hui entreprise de plein exercice, est « le deuxième budget de l’audiovisuel public ». « C’est un danger pour Radio France, pour ses activités et ses personnels », martèle-t-il.

Les représentants de chaque syndicat ont pris la parole tour à tour pour souligner un aspect négatif de la réforme Dati, mais aussi pour préciser les raisons qui les font entrer en grève, quelques jours avant son examen à l’Assemblée nationale. Des raisons « internes », mais qui ne sont pas sans rapport avec les visées de la ministre.

Il s’agit d’abord de protester contre la disparition « brutale » de Mouv’, la radio jeune public du groupe : « On est passés en quelques semaines d’un questionnement (sur son positionnement, NDLR) à une décision ferme », peste Benoît Gaspard, délégué central Sud.

La réussite de Radio France, c’est l’engagement des salariés

À la fin de la semaine, la radio quittera la bande FM pour le DAB + avec « un flux uniquement musical », avant de cesser définitivement d’émettre d’ici un an pour laisser la place à la radio pour enfants voulue par la directrice Sibyle Veil. « C’est très dur pour les salariés, assure Benoît Gaspard, car s’il y avait des questionnements, il y avait aussi des succès. » Mais tout le monde a été « pris de court » par la décision : « pas moyen de discuter de projets alternatifs ».

Parmi les 30 CDI et 32 précaires (CDD d’usage et pigistes) concernés, certains « talents » seront recasés dans le groupe, mais pour les journalistes très spécialisés (en rap par exemple), l’horizon n’est pas clair, reconnaît un membre de la direction.

D’une manière générale, l’intersyndicale reproche à la direction d’appliquer d’ores et déjà une partie des recommandations du rapport Bloch, un plan de rapprochement entre France Bleu et France 3 qui partageront sans doute plus que l’étiquette « Ici », la fermeture de plusieurs émetteurs («France Musique en perd deux », au détriment de son développement, dénonce Guillaume Baldy, de Force ouvrière) et le passage d’une politique centrée sur l’« expertise » à « l’employabilité ».

« Quand on recrute hier un musicologue pour ses compétences et qu’on lui demande aujourd’hui de faire autre chose, ça interroge », lâche Renaud Dalmar, représentant de la CFDT. « Il faudrait faire le deuil de son métier ! » Alors que « la réussite de Radio France (quatre stations, France Inter, France Info, Fip, Ici, figurent parmi les dix plus écoutées de France, selon le relevé de mai de Médiamétrie, NDLR) c’est l’engagement des salariés ».

Ils le paient cher parfois, note Bertrand Durand : les bilans sociaux montrent une recrudescence des risques psychosociaux, une explosion des arrêts de travail… Le délégué CGT dénonce aussi le recours à des entreprises extérieures par souci d’économies de « l’argent public », parfois « sur des compétences qu’on a en interne ». « Insupportable, quand on nous demande de faire des économies sur les reportages, d’abandonner des émetteurs », regrette-t-il.

Même si la directrice de la radio publique, Sibyle Veil, affirme avec eux son désaccord avec le projet de loi Dati, cela n’invalide pas les critiques internes. Les salariés de Radio France vont en débattre jeudi, lors d’une prochaine assemblée générale, et tout le week-end, pour arriver échauffés à la mobilisation commune de lundi avec leurs confrères de France Télévisions, de l’Ina et sans doute de France Médias Monde.

Aux côtés de celles et ceux qui luttent !

L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité. 

En exposant la violence patronale. 

En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire. 

En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie. 

Vous connaissez d’autres médias qui font ça ?  
Je veux en savoir plus !