Le Valais franchit le pas. Le conseiller d’Etat à la Formation et l’Economie, Christophe Darbellay, indique que le téléphone portable va être interdit dans les écoles du canton. La mesure «s’applique pendant que les enfants sont dans l’enceinte de l’école, y compris pendant la récréation et à midi», signale le ministre aux journaux alémaniques du groupe Tamedia. Il s’appuie notamment sur de récentes recommandations de l’Association française de pédiatrie ambulatoire qui, avec quatre autres associations médicales, plaide pour que les enfants de moins de 6 ans ne soient exposés aux écrans, que ce soit à la maison ou à l’école.

Même si, dans le cas de l’école obligatoire, les enfants sont plus âgés, Christophe Darbellay juge la situation «alarmante»: «L’usage excessif des écrans peut causer de nombreux dommages. Les imageries cérébrales révèlent que le cerveau d’un enfant est bien moins actif quand il est absorbé par son téléphone portable que lorsqu’il joue en extérieur.» Il relève que «les jeunes rencontrent de plus en plus de difficultés à apprendre et à lire. Leur concentration est en baisse.» Il apporte même un témoignage personnel à l’appui de son propos: «Une amie médecin, la sœur aînée du patineur artistique Stéphane Lambiel, me confie qu’elle voit régulièrement dans son cabinet de très jeunes enfants qui n’arrivent pas à suivre les conversations.»

Une ligne latine en la matière

Le Valais rejoint ainsi Fribourg, Genève, le Jura et Vaud. A Neuchâtel, pour l’heure, le bannissement du téléphone dépend des établissements, mais des partis demandent un plan cantonal en la matière.

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Depuis janvier, Christophe Darbellay préside la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de l’instruction publique, la réunion nationale des ministres de la formation. Il note que la question «n’a pas encore été inscrite à l’ordre du jour» de la CDIP, tout en relevant que les Romands et les Tessinois, par exemple, se sont récemment donné des lignes directrices à propos du téléphone portable.

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Encadrer tout en encourageant une culture numérique

Pour les responsables de l’éducation, le défi consiste à encadrer l’usage de l’appareil sans limiter la formation aux technologies numériques. Dans le canton de Vaud en 2019, l’interdiction était ainsi présentée comme une mesure «de transition», l’idée étant que l’éducation numérique finirait par installer une «utilisation raisonnable» des téléphones connectés. Le ministre valaisan concède: «Bien sûr, les enfants devront un jour maîtriser les outils numériques, devenus incontournables dans notre société. Toutefois, beaucoup de jeunes enfants passent déjà trop de temps sur leur smartphone», déplore-t-il, racontant que «dans le bus rempli d’écoliers, je suis témoin d’un spectacle qui me désole. Les enfants ne communiquent plus entre eux.»

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Il en appelle aussi aux parents, qui «sont responsables du trajet scolaire de leurs enfants: «Je comprends le besoin de pouvoir contacter son enfant pendant le trajet. Je conseille cependant aux parents d’établir avec leurs enfants des règles claires sur l’utilisation du téléphone portable, en limitant son usage à des situations bien précises.»

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