Le château d’Eu, en Seine-Maritime, a accueilli, au cours de son histoire, de nombreux invités prestigieux.
Le roi Louis-Philippe y a ainsi reçu deux fois la reine Victoria d’Angleterre, en 1843 et 1845.
L’édition de L’Illustration du samedi 31 octobre 1885 évoque cependant un autre événement aujourd’hui totalement oublié : le mariage de la princesse Marie d’Orléans, arrière-petite-fille de Louis-Philippe, et du prince Valdemar, fils du roi du Danemark, Christian IX.
L’illustration ?
L’Illustration – Journal universel est un hebdomadaire paru de 1843 à 1944.
Comme son titre l’indique, il est surtout célèbre pour ses illustrations… L’édition du 31 octobre 1885 présente en couverture les deux époux, sortant de la chapelle du château d’Eu.
L’édifice est alors la propriété du comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe et oncle de Marie d’Orléans.
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La cérémonie civile a eu lieu à Paris, le 20 octobre 1885.
La mariée peine à découper le gâteau
L’Illustration nous détaille toute la journée du mariage religieux, célébré au château d’Eu le 22 octobre, il y a donc près de 140 ans.
Et si nous nous joignions au cortège des mariés, grâce au chroniqueur ?
Un feu d’artifice a été tiré dans le parc du château le 21 octobre.
Le 22 octobre, vers 13 h, le cortège princier descend l’escalier pour se rendre à la chapelle du château.
Parmi les invités, on peut citer la reine du Danemark, Louise de Hesse-Cassel, ainsi que le prince et la princesse de Galles. Cette dernière était la sœur du prince Valdemar.
La mariée, vêtue d’une robe de satin à traîne, portait une mantille en dentelle, retenue sur le sommet de la tête par un petit bouquet de fleurs d’oranger.
Une cérémonie protestante a également lieu dans une autre partie du château.
La table du banquet est dressée dans la galerie de Guise.
C’est surtout l’occasion pour le chroniqueur de nous décrire « une cérémonie d’origine anglaise qui pourrait s’appeler le découpage du gâteau de noces. La jeune mariée se lève, prend un couteau et en plonge la lame dans le gâteau de noces. Ce gâteau avait été expédié par une des premières maisons de Londres. La jeune princesse fut obligée de se servir de ses deux mains, et encore ne serait-elle pas parvenue à l’entamer sans son mari, qui vint gracieusement à son secours ».
Une gravure de l’hebdomadaire représente d’ailleurs Marie d’Orléans découpant le wedding cake (gâteau de mariage).
Dans la soirée, le couple part pour le château de Saint-Firmin, dans l’Oise, propriété du duc de Chartres, père de la mariée.
La fin d’une époque
Derrière le faste, cependant, cet événement marque la fin d’une époque.
Alban Duparc, attaché de conservation du Château Musée Louis-Philippe, déclarait en 2017 :
« Cet événement est assez important pour le château d’Eu. C’est l’occasion des derniers très grands dîners organisés dans l’édifice, avec des membres de différentes familles royales ».
Le comte de Paris dut partir en exil en 1886, après le vote d’une loi obligeant les chefs des familles ayant régné en France, ainsi que leurs fils aînés, à quitter le territoire national.
Un incendie ravagea le château d’Eu en 1902.
Ce mariage arrangé n’a rien d’un conte de fées.
Valdemar était très proche de son neveu, le prince Georges de Grèce. On leur prête même une relation homosexuelle.
Marie d’Orléans est décédée à Copenhague en 1909, à l’âge de seulement 44 ans.
Son souvenir n’est toutefois pas totalement effacé. « Nous conservons encore au château d’Eu des dessins qu’elle a réalisés », concluait Alban Duparc en 2017.
Pour aller plus loin
Si vous souhaitez vous replonger dans cette histoire, sachez enfin que 2 916 numéros de L’Illustration sont actuellement consultables sur le site Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.
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