Selon le Wall Street Journal, cette décision s’est immédiatement appliquée aux armes américaines déjà stockées en Pologne et destinées à Kiev, soit plus de 20 missiles Patriot, 20 lance-missiles sol-air à courte portée Stinger, des missiles anti-chars Hellfire et plus de 90 missiles air-air AIM-120, essentiels pour assurer la protection aérienne de l’Ukraine.
“Sérieusement dépendante” des USA
Les Ukrainiens, eux, étaient sous le choc. Sous couvert d’anonymat, un officier de haut rang a reconnu que l’Ukraine restait “sérieusement dépendante” des livraisons militaires américaines. “L’Europe fait du mieux qu’elle peut, mais ce sera dur pour nous sans les munitions américaines.” Volodymyr Zelensky a, lui, affirmé que son administration travaillait avec Washington pour “clarifier tous les détails”, notamment au sujet “des composants pour la défense anti-aérienne”.
Ces dernières semaines, le président ukrainien était justement en pleine négociation avec Donald Trump pour lui acheter des Patriots, en plus de ceux déjà cédés, afin de contrer des attaques aériennes russes de plus en plus massives sur l’ensemble du territoire. Le Patriot est “une arme essentielle” que l’Ukraine ne peut remplacer pour l’instant, et s’il vient à manquer, “les missiles russes détruiront les villes ukrainiennes”, a averti le directeur d’un groupe de réflexion basé à Kiev. Des propos indirectement confirmés par le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiha, qui a insisté sur le fait que son pays était prêt à “acheter ou louer” des systèmes de défense anti-aérienne aux États-Unis, afin de faire face à “la grande quantité de drones, bombes et missiles” russes dont il est la cible.
Volodymyr Zelensky au Danemark
Volodymyr Zelensky s’est ensuite envolé pour le Danemark pour le coup d’envoi de la présidence danoise de l’Union européenne. “La présidence danoise fera tout son possible pour aider l’Ukraine dans son parcours vers l’adhésion à l’UE”, a déclaré jeudi la Première ministre Mette Frederiksen après l’avoir rencontré. “Nous devons renforcer l’Ukraine d’une part et affaiblir la Russie d’autre part”, a-t-elle ajouté. L’une de ses priorités sera donc de faire avancer le plan européen présenté en mars pour augmenter les capacités de défense des pays de l’UE.
Même son de cloche du côté de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui estimait jeudi qu’il s’agit “d’un signal clair ou d’un message clair nous invitant à renforcer notre propre soutien, c’est-à-dire à accroître nos capacités de défense européennes, non seulement au niveau de l’Union européenne mais aussi au niveau continental”. Le développement de ces capacités prendra toutefois du temps. Même si deux sites de production de missiles Patriot sont en cours de construction en Allemagne, il leur faudra plusieurs années avant d’être totalement opérationnels, et leurs livraisons seront soumises à un droit de veto américain.
Poutine a dit à Trump que la Russie “ne renoncera pas à ses objectifs” en Ukraine, mais veut “poursuivre les négociations”Entretien Poutine-Trump par téléphone
Alors qu’on attendait un échange entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, c’est avec Vladimir Poutine que le président américain a eu une sixième discussion téléphonique, qualifiée de “franche” par le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov. Les deux dirigeants ont évoqué le conflit en Ukraine et la situation au Moyen-Orient. Sur l’Ukraine, Vladimir Poutine a indiqué que la Russie “continue à rechercher une solution politique et négociée au conflit”, a affirmé M. Ouchakov. “Notre président a aussi déclaré que la Russie poursuivrait ses objectifs, à savoir l’élimination des causes profondes bien connues qui ont conduit à la situation actuelle… Et la Russie ne renoncera pas à ces objectifs”, a-t-il ajouté.