Les avantages en nature tels que les voitures de fonction perdent de leur attrait, car les candidats préfèrent des horaires de travail flexibles et de nombreux jours de congé. Et ils sont prêts à renoncer aux opportunités qui ne les leur offrent pas.

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Certaines personnes abandonnent le processus de recrutement si le poste exige d’être au bureau à 100%. 

Kieron O’Connor

directeur chez KR Recruitment

Si les avantages tels que les soins de santé privés, les chèques-repas et une pension privée restent la norme, en particulier dans le secteur financier, les avantages non financiers deviennent de plus en plus des facteurs décisifs pour les candidats.

Le télétravail et le temps libre

«Le télétravail est l’un des grands thèmes de la recherche d’emploi», explique Kieron O’Connor, directeur chez KR Recruitment. «Certaines personnes abandonnent le processus de recrutement si le poste exige d’être au bureau à 100%. Beaucoup de gens ne s’inquiètent pas des avantages.»

Le temps libre est un autre sujet brûlant. Pour les employés qui changent de secteur, une diminution des congés annuels peut être considéré comme un point de rupture, et certaines entreprises offrent des jours de congé supplémentaires pour attirer les meilleurs talents. Le personnel travaillant pour des entreprises relevant de la convention bancaire, comme les banques, a droit à environ 35 jours de vacances par an, tandis que celui qui travaille pour des entreprises ne relevant pas de cette convention, comme un fonds, a généralement droit à 26 jours de vacances.

«Nous voyons apparaître de plus en plus d’avantages non financiers. Il peut s’agir de jours de vacances supplémentaires – ce qui est clairement un grand avantage. Clairement, de plus en plus de gens en souhaitent davantage», explique Rémi Fouilloy, directeur général régional du cabinet de recrutement Morgan Philips. «De nombreuses entreprises savent qu’elles doivent attirer des employés de banque et proposent donc 30 jours par an, même s’ils ne sont pas liés à la convention bancaire. Et les employés considèrent sérieusement ces offres.»

Quelques-uns des avantages financiers les moins courants

Régime de bonification d’intérêts: permet à l’employeur de rembourser les intérêts qu’un employé paie sur son prêt hypothécaire, sous réserve d’une prime.

Régime fiscal des impatriés: permet aux employeurs d’exonérer d’impôt certaines parties de la rémunération liées à l’impatriation. Il s’agit, par exemple, des frais de déménagement, des frais de transport de la famille et des frais de logement.

Régime fiscal favorable pour les talents hautement qualifiés: depuis janvier de cette année, un nouveau régime fiscal permet d’exonérer d’impôt 50 % du salaire annuel brut d’un expatrié nouvellement arrivé (jusqu’à 400 000 euros). L’allègement fiscal est disponible pendant huit ans maximum. Il existe des conditions pour bénéficier de ce régime, par exemple l’employé ne doit pas avoir travaillé ou vécu au Luxembourg ou dans un rayon de 150 km de la frontière au cours des cinq dernières années ou ne doit pas avoir été embauché pour remplacer un employé local déjà en poste.

La voiture de fonction, autrefois considérée comme un symbole de statut social, est en train de tomber en disgrâce. L’évolution de la fiscalité et des attitudes à l’égard du développement durable modifie la façon dont les gens perçoivent cet avantage autrefois très recherché.

Il y a 15 à 20 ans, la voiture était un marqueur social. (…) Aujourd’hui, c’est de moins en moins le cas. Les taxes sont plus élevées pour les voitures de société qu’auparavant.

Rémi Fouilloy

directeur général régional du cabinet de recrutement Morgan Philips

«Il y a 15 à 20 ans, la voiture était un marqueur social», explique encore Rémi Fouilloy. «À l’époque, les gens s’attendaient à avoir une voiture de fonction. Aujourd’hui, c’est de moins en moins le cas. Les taxes sont plus élevées pour les voitures de société qu’auparavant, principalement pour promouvoir les voitures électriques. S’il ne s’agit pas d’une voiture électrique, l’avantage fiscal est assez faible. Les mentalités ont changé et les gens se préoccupent davantage de l’impact sur la planète.»

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L’allocation de mobilité est en vogue

Au lieu d’une voiture de société, de nombreux employeurs proposent désormais une allocation de mobilité, c’est-à-dire un paiement en espèces imposé au même niveau que le salaire de l’employé.

«De plus en plus de personnes optent pour l’allocation de mobilité en raison de la modification de la fiscalité applicable aux voitures de société», ajoute Rémi Fouilloy. «Nous voyons aussi de plus en plus de jeunes qui commencent à travailler sans permis de conduire, surtout s’ils viennent d’une grande ville.»

Les entreprises qui recrutent des candidats étrangers ont réduit les avantages qu’elles offrent aux nouveaux arrivants. Nombre d’entre elles ne prennent plus en charge le coût du loyer pendant les premiers mois et certaines ont cessé d’offrir un package de relocalisation. Les institutions européennes, qui peinent à attirer les talents, offrent depuis le début de l’année une indemnité de logement mensuelle de 500 euros aux employés les moins bien payés.

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D’autres avantages ont disparu au cours de la dernière décennie, comme les allocations de logement et de scolarité, les entreprises contribuant aux frais de scolarité dans les écoles privées.

«Il y a une dizaine d’années, on en entendait parler, mais c’est très rare aujourd’hui», confirme Kieron O’Connor. «La tendance est à la baisse des avantages. Elle correspond à ce que nous observons sur le marché. Ces deux dernières années, les salaires n’ont pas augmenté et les entreprises sont plus restrictives qu’il y a quelques années. Je pense que c’est une question de coût. Les emplois sont délocalisés dans des endroits moins chers et les candidats doivent donc être plus flexibles. Le monde est différent aujourd’hui, avec moins d’emplois sur le marché.»

Cet article est paru initialement sur le site du Luxembourg Times.

Adaptation: Julien Carette