L’athlète sud-africaine Caster Semenya, privée de compétition depuis 2018 parce qu’elle refuse de faire baisser son taux de testostérone, n’a pas eu droit à un procès équitable, a estimé ce jeudi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). L’athlète a salué « un résultat positif » dans la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).  

« C’est un résultat positif. C’est un rappel aux dirigeants que les priorités sont la protection des athlètes », a souligné la double championne olympique du 800 mètres qui a toutefois échoué à faire reconnaître qu’elle avait été victime de discrimination, la cour jugeant cette plainte irrecevable.

En effet, si elle a condamné la Suisse pour violation du droit à un procès équitable, la Cour a en revanche déclaré irrecevables les griefs de Caster Semenya qui dénonçait des violations de ses droits au respect de la vie privée et s’estimait victime de discrimination.

En première instance, la CEDH avait à l’été 2023 fait droit à sa demande. Mais la Grande chambre, sorte d’instance d’appel saisie par les autorités helvètes appuyées par World Athletics, a estimé jeudi que la juridiction n’était pas compétente pour se prononcer.

La Suisse doit verser 80 000 euros à Semenya

Elle a en revanche fait droit à la demande de la double championne olympique concernant le droit à un procès équitable. Le respect de ce droit à un procès équitable, protégé par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, « exigeait un examen particulièrement rigoureux de sa cause ».

Or la cour a estimé que cela n’avait pas été le cas de l’examen opéré par le Tribunal fédéral suisse saisi antérieurement par Caster Semenya pour contester la sentence du Tribunal arbitral du sport (TAS), a déclaré Matthias Guyomar, président de la CEDH, en lisant l’arrêt de Grande chambre, dont la décision est définitive. La Suisse doit verser à Caster Semenya 80 000 euros pour frais et dépens.

Privée de compétition depuis 2018, Caster Semenya qui produit naturellement beaucoup d’hormones mâles (androgènes) susceptibles d’accroître la masse musculaire et d’améliorer les performances, se bat contre une réglementation de World Athletics imposant aux athlètes hyperandrogènes de faire baisser leur taux de testostérone par un traitement hormonal pour pouvoir participer aux compétitions internationales.