Pour Ecolo, les accusations de lien avec les Frères musulmans “sont délirantes” et relèvent du “complotisme”

Comment avez-vous réagi en découvrant les informations mises en lumière par ce rapport de la Sûreté de l’État ?

“Je suis heureux que la DH a publié ce rapport parce que la population a le droit de connaître les menaces graves qui pèsent sur ses libertés. Ce rapport apporte la preuve que le CIIB est une organisation frériste. La Sûreté démontre qu’il s’agit d’une émanation du CCIF, une organisation interdite en France étant donné le danger qu’elle faisait peser sur les libertés et la démocratie française. Ce qui est absolument incroyable, c’est qu’en Belgique, non seulement on a laissé prospérer cette organisation, mais les subsides publics ont permis à cette organisation, sous couvert de luttes contre les discriminations, de fragiliser nos libertés et notre démocratie. C’est évidemment très choquant de voir que cette situation perdure malgré les alertes, malgré les avertissements du président français. Il y a, à tout le moins, une forme de naïveté, mais plus grave que ça, un déni.”

Êtes-vous en train de dire qu’une partie du monde politique belge a travaillé avec les Frères musulmans ?

“Oui, main dans la main. Peut-être en partie sans le savoir, mais les alertes sont de plus en plus claires. Il y a des personnalités qui, au nom de la défense de l’égalité des droits et de nos libertés, militent en réalité contre notre démocratie, contre nos libertés essentielles, avec une organisation extrêmement dangereuse, extrêmement clivante et qui, à certains égards, est une organisation totalitaire. Je le rappelle : la finalité, le combat final des Frères musulmans, c’est d’imposer la charia, notamment dans notre pays. Or, le CCIB devenu CIIB est une organisation créée conjointement par le CCIF et par Ecolo en Belgique. On est au-delà de l’aventurisme s’agissant d’Ecolo. Il s’agit d’une association véritablement portée sur les fonts baptismaux et créée par toute une série de personnalités éminentes d’Ecolo. Il y a notamment Farida Tahar et Hajib El Hajjaji, qui sont aujourd’hui tous les deux membres du Sénat belge.”

Avez-vous observé des accents fréristes dans le combat politique mené par ces personnalités Ecolos ?

“Je l’ai observé lorsque j’ai voulu défendre certains principes fondamentaux, comme la neutralité de l’État ou le fait que le port du hijab et des signes convictionnels ne devait pas être autorisé dans la fonction publique. J’ai été très violemment attaqué, jusqu’à devoir mettre mes enfants sous protection policière pour avoir simplement énoncé le fait que le hijab pouvait, dans certains cas, être l’étendard d’un islam radical. J’ai été violemment pris à partie par cette organisation dans laquelle siégeaient des membres éminents du parti écolo.”

Un rapport accablant de la Sûreté de l’État décrit le Collectif contre l’islamophobie en Belgique comme un groupe de pression lié aux Frères musulmans

Au cœur de ce rapport de la Sûreté de l’État, il y a un point fondamental : la notion d’islamophobie. Selon vous, l’usage de cette notion cadenasse-t-il toute forme de débat, comme le suggère la Sûreté ?

“Oui. Dès qu’on essaie de protéger la neutralité de l’État, on est immédiatement pris à partie, traité d’islamophobe, traité de raciste. Il y a immédiatement un déchaînement de violence verbale pour tenter de vous discréditer, de vous disqualifier, de vous sortir du débat public et de faire en sorte que vos positions soient considérées comme extrémistes, alors qu’elles tentent au contraire de protéger les libertés fondamentales.”

En face, ils se défendent avec les mêmes arguments. Ils avancent qu’ils sont là pour défendre une partie de la population et qu’ils agissent pour le bien commun.

“Il y a effectivement une posture de victimisation, de soi-disant discrimination. Lorsqu’on demande que les signes convictionnels ne soient pas tolérés dans la fonction publique ou dans les écoles, c’est une mesure prise à l’égard de tous les signes convictionnels, qu’ils soient religieux, politiques ou autres. Mais lorsqu’il s’agit du hijab, tout à coup, ce principe serait discriminatoire, alors qu’il est au contraire un principe d’égalité.”

Ce rapport de la VSSE, c’est un peu une petite victoire pour vous, non ?

“C’est en tout cas, je l’espère, un signal clair d’interdiction de cette organisation et d’autres organisations de ce type. Avant son interdiction, que j’espère très prochaine, j’espère la fin de son financement. Ce serait vraiment très choquant de voir que des fonds publics – wallons, fédéraux, régionaux, locaux – servent finalement à miner nos institutions et nos libertés.”

Pour Ecolo, les accusations de lien avec les Frères musulmans “sont délirantes” et relèvent du “complotisme”.