Et si les frappes aériennes russes sur l’Ukraine étaient en partie dues à ses propres alliés occidentaux, malgré eux ? C’est ce que révèle une étude de Partenariat international pour les droits de l’homme (IHPR). En collaboration avec la Commission indépendante ukrainienne de lutte contre la corruption (NAKO), l’ONG dévoile l’utilisation massive, sur le front, par la Russie, de composants électroniques fabriqués dans les pays occidentaux.

L’étude pointe du doigt l’inefficacité des sanctions envers le Kremlin, qui arrive toujours à se procurer des composants fabriqués par des sociétés américaines ou même européennes, qu’ils utilisent ensuite dans leurs chasseurs bombardiers.

« Réussir à perturber l’approvisionnement russe »

L’étude a retracé l’origine de 1 115 des 1 119 composants électroniques étrangers récupérés à bord de deux épaves d’avions de combat russes Su-34 et Su-35S. Derrière, se cachent finalement des grandes entreprises du secteur comme Texas Instruments (États-Unis), Intel (États-Unis), Murata Manufactoring (Japon) ou encore Analog Devices (États-Unis).

Dans le détail, les 221 composants étrangers trouvés dans les Su-34 provenaient de 59 entreprises de huit pays, principalement des États-Unis, suivis du Japon, et de l’Union européenne. Pour le Su-35S, 889 composants provenant de 138 entreprises, la plupart encore des États-Unis.

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Ces composants sont considérés comme « essentiels » par l’IHPR pour faire des avions russes, des bombardiers efficaces sur le terrain. « Ces semi-conducteurs gèrent la régulation de puissance de l’avion, le traitement du signal, un ciblage précis et le guidage », explique l’étude. En d’autres termes, ces composants permettent à l’armée russe de frapper l’Ukraine continuellement depuis le début du conflit. Et ce, même en prenant en compte les paquets de sanctions mis en place pour éviter un tel phénomène.

« Ce rapport vise à attirer l’attention du public et des parties prenantes sur le fait qu’au cours de la troisième année de la guerre à grande échelle menée par la Russie contre l’Ukraine, les décideurs politiques occidentaux n’ont pas réussi à perturber les chaînes d’approvisionnement de l’armée russe pour l’importation de composants utilisés dans les avions SU-34 et SU-35 », conclut l’IHPR.

En 2023, plus de 180 000 livraisons de composants sensibles sont entrées sur le territoire russe, pour une valeur totale estimée à 740 millions d’euros.