La Slovaquie du national-populiste Robert Fico a longtemps renâclé avant de se réfugier dans l’abstention, grâce à quoi l’Union européenne, vite rejointe par le Royaume-Uni, est parvenue ce vendredi à adopter un 18e « paquet » de sanctions contre la Russie. Principale mesure prévue, l’abaissement de 15 % du prix du pétrole autorisé à l’exportation. Rendu possible par un front européen – presque – uni, ce train de mesures constitue une indéniable avancée en faveur de l’Ukraine, même s’il ne bouleversera pas le rapport de force sur le terrain, pas davantage que ne l’ont fait les 17 paquets précédents.
En début de semaine, les États-Unis ont pour leur part annoncé la fourniture d’équipements militaires à l’armée ukrainienne « pour plusieurs milliards de dollars », par le truchement de l’Otan, tout en fixant un ultimatum de 50 jours à la Russie de Poutine pour que celui-ci accepte enfin un cessez-le-feu, sous peine de sanctions. La nouvelle, là encore positive pour l’Ukraine, doit cependant être accueillie avec prudence, pour deux raisons au moins : en premier lieu en raison de son « émetteur », Donald Trump, dont le caractère imprévisible est suffisamment avéré ; en second lieu parce que ces armes américaines, aussi précieuses et bienvenues soient-elles, ne sont pas non plus de nature à renverser la donne sur le front (ainsi n’est-il toujours pas question de missiles à longue portée) ; enfin, rien n’assure que Donald Trump mettra effectivement ses menaces de sanctions à exécution si jamais – comme il faut le craindre – Vladimir Poutine poursuit sa guerre une fois ce délai de 50 jours écoulé.
Ainsi les sanctions européennes s’empilent-elles sans faire plier Vladimir Poutine, tandis que l’aide militaire américaine, toujours aussi essentielle, se retrouve conditionnée par des jeux politiques internes de plus en plus erratiques. Simultanément, sur le terrain, l’Ukraine s’épuise dans une guerre d’usure, sans perspective de percée crédible ; une guerre d’usure que le soutien occidental à l’Ukraine, incertain, fluctuant et trop souvent timoré, ne contribue certes pas à bousculer.