En outre, notre modèle social serait balayé si un tel adversaire venait à triompher, remplacé par un système nous ramenant au niveau de vie de la Russie – ce que personne ne souhaite.
L’idée de quitter l’Otan relève d’un égocentrisme consistant à vouloir profiter de la protection des autres sans y participer.
L’idée de quitter l’Otan est également une insulte à la solidarité européenne. Elle relève d’un égocentrisme consistant à vouloir profiter de la protection des autres sans y participer. On ne peut réclamer la sécurité offerte par nos voisins tout en refusant de prendre sa part du fardeau commun – ce serait moralement douteux et stratégiquement risqué.
Le discours prôné par cette opinion n’est pas sans rappeler la sinistre époque des années 1930, lorsque certains partis soutenaient la politique antimilitariste dite du “fusil brisé”. On sait où ce pacifisme naïf a mené l’Europe : aux accords de Munich en 1938 et, peu après, à l’envahissement de la Belgique par Hitler malgré notre neutralité. Autrement dit, refuser de se défendre n’a pas garanti la paix, bien au contraire.
Où se situent les frontières de l’Union européenne?
L’effort de renforcement de la sécurité militaire s’imposera à toutes les démocraties d’Europe de l’Ouest, chacune y contribuant en proportion de ses moyens. La Suisse, qui n’est membre ni de l’Otan ni de l’Union européenne, dispose d’un arsenal militaire relativement important et impose des rappels obligatoires à ses citoyens ayant accompli le service militaire, alors que sa population est inférieure à celle de la Belgique.
Par ailleurs, prétendre sauver le modèle social belge en quittant l’Otan relève d’un dangereux mirage économique. C’est un faux dilemme que d’opposer dépenses militaires et dépenses sociales. Rappelons que les dépenses de protection sociale de la Belgique représentent environ 30 % du PIB, alors que nos dépenses de Défense sont en cours d’augmentation pour atteindre 2 % du PIB en 2025. En réalité, notre appartenance à l’Otan a historiquement permis de développer le modèle social. Depuis 1949, le parapluie sécuritaire américain au sein de l’Alliance a offert à la Belgique la stabilité nécessaire pour investir davantage dans le bien-être de sa population.
Les retombées économiques liées à la présence de l’Otan sur notre sol
Enfin, un retrait de l’Otan ferait perdre à la Belgique les retombées économiques positives liées à la présence de l’Alliance sur notre sol. Actuellement, le siège politique de l’Otan est à Bruxelles et l’organisation emploie directement ou indirectement des milliers de personnes dans le pays : diplomates, fonctionnaires, contractuels, personnels de soutien, qui seraient menacés par ce départ.
En somme, quitter l’Otan pour prétendument préserver le modèle social belge serait se tirer une balle dans le pied. La Belgique a tout intérêt à rester solidaire au sein de l’Alliance atlantique. C’est le meilleur gage pour protéger non seulement notre liberté et notre sécurité, mais aussi les fondements économiques de notre modèle social. Les faits le démontrent : la défense collective et le progrès social vont de pair, et sacrifier l’un compromettrait inévitablement l’autre.