Trailer amateur, Grégory Camerlo a établi un record sur le célèbre sentier corse. L’exploit sportif vise à récolter des fonds pour deux associations en Corse et en Arménie.
Quatre jours, 16 heures et 27 minutes. C’est le temps qu’il a fallu au trailer amateur marseillais Grégory Camerlo pour parcourir en courant 355 kilomètres, soit la distance aller-retour du périlleux GR20, en Corse. La semaine dernière, le sportif marseillais amateur a établi le tout premier record en la matière sur le célèbre itinéraire connu pour sa dangerosité et sa difficulté, un an après s’être lancé ce défi. Jusqu’ici, aucun record n’avait été officiellement enregistré sur une telle distance. «Il y avait un record officieux qui avait été réalisé en 1990 en six jours et demi», explique Grégory Camerlo.
L’idée d’établir ce record a émané de l’ancien président d’un club de trail dont il est membre : celle de réaliser cet exploit sportif dans un but humanitaire, afin de venir en aide à deux associations en Corse et en Arménie. Mais le président s’étant blessé, Grégory Camerlo a repris le défi à son compte et tenté cette expérience impensable sur le papier.
Deux heures et demie de sommeil par nuit
«Je suis fasciné par le corps humain et je voulais savoir où étaient mes propres limites», explique-t-il. Le sportif amateur qui a démarré le trail en 2019 n’avait couru jusqu’ici que 180 kilomètres maximum d’une seule traite. Après avoir suivi un régime alimentaire spécial et un entraînement sportif régulier, en s’habituant notamment à courir de nuit, il est parti accompagné d’une petite équipe pour l’aider dans la logistique, ou courir avec lui afin de maintenir une vitesse constante.
«Le plus dur, c’était la gestion du sommeil, confie Grégory Camerlo. Sur le terrain, je me suis pris de belles chutes. Les douleurs, je savais que j’allais en avoir donc il fallait que je les accepte. Mais la fatigue, c’était difficile.» Et pour cause : pour établir ce temps record, Grégory Camerlo se forçait à ne dormir que 2 h 30 par nuit maximum, avec durant sa course quelques pauses de répit de 45 minutes maximum. «J’ai eu des hallucinations. À un moment, j’ai cru qu’une pierre était une tortue, et une autre un personnage imaginaire.» Au total, sur l’ensemble du périple, Grégory Camerlo n’aura dormi que neuf heures.
Je me disais : « Greg, tu peux crever dans cette aventure »
Grégory Camerlo, trailer amateur
«Mais je sais que j’ai un très bon mental et que je peux m’appuyer dessus, poursuit-il. Je prenais étape par étape. Jamais je ne me suis projeté directement sur l’arrivée. Après, bien sûr, j’ai douté. Je me disais : “Greg, tu peux crever dans cette aventure. Là, c’est dangereux.” De tout ce que j’ai fait, c’est le plus dur.»
Documentant étape par étape son périple sur les réseaux sociaux, le Marseillais a suscité un certain engouement, le long du chemin comme sur Internet. Une vidéo du trailer au milieu du périlleux Cirque de la solitude, sur le GR20, a ainsi été vue par 127.000 personnes. «Je ne voulais pas abandonner, pour tous ceux qui suivaient», reconnaît-il.
Surtout, le trentenaire avait une autre motivation : la cagnotte en ligne lancée pour l’occasion dont les fonds seront reversés à deux associations, l’une en Corse qui sensibilise au handicap, l’autre en Arménie pour financer du matériel et des soins aux populations touchées par le conflit au Haut-Karabakh. L’exploit à peine réalisé, et malgré quelques blessures dues à l’effort, Grégory Camerlo est déjà à la recherche d’un autre défi. Dans quinze jours, le sportif disputera sa prochaine course. La cagnotte, elle, restera ouverte jusqu’à la fin du mois.