Publié3. août 2025, 19:09

Suisse: La reconstruction de l’Ukraine gérée par le privé fait débat

Un document confidentiel consulté par la «NZZ am Sonntag» montre que l’aide ne sera pas gérée par Berne, mais directement par les associations économiques.

Ellen Weigand

Alors que la Suisse affiche son engagement en faveur de la reconstruction de l’Ukraine, un document confidentiel du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), consulté par la «NZZ am Sonntag», révèle les contours précis du programme fédéral d’impulsion de 500 millions de francs. L’objectif: financer l’achat de biens et services d’entreprises suisses pour des projets ukrainiens. Or, le document montre aussi que l’effort de reconstruction reviendrait aux associations économiques suisses au lieu d’être piloté par l’administration fédérale.

Déjà, des voix critiques dénoncent une telle procédure, jugée opaque et qui contourne le processus politique (lire encadré). «Il ne revient pas à l’économie de décider comment nous utilisons les fonds publics», fustige le conseiller national Fabian Molina (PS/ZH). Il demande que le Parlement et la société civile soient associés. A droite, certains comme Roland Rino Büchel (UDC/SG) préfèrent pour leur part faire confiance au secteur privé qui garantirait un usage plus efficace des fonds que l’aide au développement classique. Et au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), on estime que les associations économiques sont les mieux placées pour identifier les prestations suisses pertinentes pour l’Ukraine.

Le parlement exige une loi

Mais sous la Coupole, le débat s’enflamme: plusieurs élus refusent que le Conseil fédéral mette en œuvre ce programme sans base légale claire, ni contrôle parlementaire et sans attendre le feu vert du parlement au nom de l’urgence, dont Beat Rieder (Le Centre/VS) et Elisabeth Schneider-Schneiter (Le Centre/BL) qui dénoncent une dérive autoritaire et exigent une loi sur mesure pour encadrer la participation privée de l’aide à la reconstruction sous peine de bloquer l’accord. En mars déjà, une majorité du Conseil des Etats avait exigé cela du Conseil fédéral. Le National pourrait bientôt la suivre: début juillet, sa commission de politique extérieure s’est aussi prononcée en faveur d’une nouvelle loi en la matière.