Pour Daniel Warner, politologue américain basé à Genève et proche des Démocrates, la Suisse manque de savoir-faire dans ses relations avec les États-Unis. Une lacune qui, selon lui, a contribué à l’imposition de droits de douane de 39% par Washington. “La Suisse ne comprend pas la mentalité ni la culture américaines”, déplore-t-il mercredi au micro de Forum.
À ses yeux, la Suisse, par la voix de Karin Keller-Sutter, s’est mal préparée aux premières négociations. “Il ne faut surtout pas froisser ou moraliser les Américains vis-à-vis de leur fierté.” Or, selon lui, c’est ce qui s’est passé lors de l’entretien entre la présidente de la Confédération et Donald Trump fin juillet.
Tout ce qui fait traditionnellement la Suisse – notamment sa neutralité et son attachement au multilatéralisme -, ne trouve que peu d’écho chez Donald Trump, insiste Daniel Warner. Certes, la Suisse est le sixième investisseur aux États-Unis, rappelle-t-il, c’est un fait. “Mais Trump n’en a rien à faire des faits. Ce qui l’intéresse, c’est la force, surtout militaire.”
Et selon lui, certains petits détails pourraient jouer aussi en la défaveur de la Suisse pour la suite, notamment la question de la langue. “Je doute que Guy Parmelin ait parlé en anglais. Et ça, c’est un problème diplomatique, car c’est quelque chose qui touche le président américain”, explique-t-il.
L’administration Trump représente un tournant inédit, conclut-il. “Dès le 4 novembre (date de l’élection), il aurait fallu mettre en place une task force à Berne pour anticiper cette nouvelle réalité. Ce que la Suisse n’a pas fait.”
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