Durant une demi-heure, le défenseur s’est livré avec sincérité. Il a parlé du blues de l’expatriation, de son évolution tactique, des Diables rouges mais aussi de l’Union, toujours omniprésente dans son récit. Avec ambition et une fidélité qui ne s’efface pas.
Pourquoi avez-vous décidé de revenir en Belgique ?
“J’avais besoin de retrouver des choses simples pour être vraiment heureux. Aller manger des spaghettis chez ma maman, passer prendre un café chez un ami, voir mon frère tous les jours… Ce sont des petites choses mais qui changent tout. Quand je revenais deux ou trois jours en Belgique, je n’avais pas le temps de voir toute ma famille. Certains disaient alors ‘je ne t’ai vu qu’un quart d’heure’ et même si ce n’est pas méchant, cela fait mal. J’ai toujours voulu voir tous ceux que j’aime et, aujourd’hui, c’est à nouveau possible.”


Siebe Van der Heyden n’a joué que treize rencontres avec Majorque. ©IMAGO/Pressinphoto
Vous semblez avoir connu un vrai mal du pays…
“On sous-estime beaucoup les à-côtés d’un départ à l’étranger. Pendant deux années, je me disais : ‘je dois tenir’. Certains me répétaient souvent que j’avais un cadre de vie incroyable à Majorque. Les gens pensent que je suis parti pour profiter du soleil, de la mer et de la plage… Mais quand tu ne joues pas et que tu as un mental de compétiteur, cela ne change rien que tu sois à Majorque, en Belgique ou ailleurs. Dans le même temps, je referais ce choix car je ne me serais pas pardonné de n’avoir jamais tenté l’aventure à l’étranger. Et si une équipe étrangère venait dans un ou deux ans, je ne fermerais en aucun cas la porte parce que je suis capable de réussir à l’étranger. Le besoin de prouver que je peux le faire est plus fort que le mal du pays.”
Je ne me serais pas pardonné de n’avoir jamais tenté l’aventure à l’étranger.
Footballistiquement, quel regard portez-vous sur votre passage à Majorque puis à Sankt Pauli ?
“Parfois, il y a des facteurs qu’on ne maîtrise pas. À Majorque, il y avait par exemple beaucoup de concurrence avec de très bons joueurs à mon poste. Quand tu essayes chaque jour de montrer ce que tu vaux mais que cela ne marche pas malgré cela, tu ne peux pas trop t’en vouloir. Je ne suis passé à Sankt Pauli que sur une courte période de six mois mais elle a été très importante car j’avais besoin de retrouver la compétition de haut niveau pour retrouver la confiance.”
Comment était l’ex-coach de l’Union Alexander Blessin au quotidien ?
“Je suis très reconnaissant envers lui. Après chaque match, il me prenait dans son bureau pour me faire une analyse individuelle. Il me disait : ‘Fais attention à cela, tu as moins bien joué sur cette action-là,…’ Il m’a vraiment aidé à grandir sur le plan individuel. Et collectivement, il poussait toujours les gars à fond à l’entraînement. Continuer à Sankt Pauli ? J’avais pris ma décision de revenir en Belgique. J’étais vraiment à la recherche d’une réelle stabilité pour redevenir le meilleur Siebe possible, comme joueur et comme homme. Je voulais revenir proche de ma famille, retrouver un certain équilibre et reconstruire à partir de là.”


Van der Heyden a été prêté la deuxième partie de saison dernière à Sankt Pauli, en Allemagne. ©AFP or licensors
Considérez-vous ce retour en Pro League comme un pas en arrière ?
“Quand je suis revenu en Belgique, je me suis demandé si j’avais échoué à l’étranger mais la réponse est non. D’autant que j’ai évolué en tant que joueur et en tant que personne. Ma carrière a toujours été faite de hauts et de bas mais j’ai toujours réussi à m’en sortir. Ici à La Gantoise, j’ai le sentiment que j’ai fait un bon choix mais pas un pas en arrière. C’est une étape nécessaire pour moi qui va me permettre de rebondir et d’aller encore plus haut après. Et entre-temps, j’ai évolué en tant que joueur mais aussi en tant que personne.”
J’avais besoin de revenir en Belgique près de ma famille pour retrouver un équilibre.
En quoi le Siebe Van der Heyden de l’été 2023 est-il différent du Siebe Van der Heyden actuel ?
“Je suis devenu beaucoup plus calme. Sur le terrain, je gère mieux mon agressivité en sachant quand l’utiliser. Dans le passé, je n’arrivais pas à gérer cela et je passais par exemple mon temps à discuter avec les arbitres. Ces deux dernières saisons, j’ai appris à avoir des moments calmes pendant un match et à mieux utiliser mon agressivité. J’espère donc prendre moins de cartons jaunes (rires). Je me suis souvent dit que c’était un élément difficile à corriger car il faisait partie de mon style de jeu. Mais en ayant plus de moments calmes pendant un match, j’arrive à prendre moins de cartes.”
Avez-vous discuté avec d’autres clubs belges ? Anderlecht était intéressé par votre profil l’hiver dernier…
“Tout a été exagéré quand Anderlecht s’est intéressé à moi, c’était devenu une histoire beaucoup trop importante. Cet été, dès que j’ai entendu parler de La Gantoise, j’ai senti que c’était ce que je voulais. Le club avait déjà manifesté un intérêt sous Hein Vanhaezebrouck mais ce n’était pas encore le bon moment pour moi à l’époque. Désormais, c’est le moment parfait. Je veux aider ce club à revenir au niveau auquel il était il y a peu de temps. Je crois que nous pouvons ramener le club au sommet du football belge.”


Siebe Van der Heyden a passé quatre saisons à l’Union. ©Photo News
Dans quel état d’esprit abordez-vous la rencontre face à l’Union ?
“Ce sera évidemment un match spécial. Mais que ce soit l’Union ou La Louvière ou le Standard, mon esprit est totalement tourné vers Gand. Le match retour au Joseph Marien sera évidemment plus spécial. J’ai vécu des années magnifiques là-bas et j’ai beaucoup de respect pour ce club dont je resterai à jamais supporter. Samedi, l’Union est favorite car elle est actuellement la meilleure équipe du pays avec Bruges. L’intensité que les joueurs mettent dans un match est incroyable mais ils ont aussi des faiblesses qu’il faudra exploiter.”
Vos nouveaux coéquipiers vous ont-ils parlé de votre tatouage de l’Union ?
“Oui mais je m’attendais à pire (sourire). Cela ne me dérange pas que mes coéquipiers m’en parlent et on en rigole ensemble. Mais ce n’est pas comme si je me douchais avec un short plus long que d’habitude pour cacher le tatouage. J’ai ce tatouage fait après notre titre de champion en Challenger Pro League en 2020-2021. C’était une belle période de ma vie mais tout cela ne changera rien une fois que je serai sur le terrain.”
Mes coéquipiers m’ont parlé de mon tatouage mais je ne me douche pas avec un short plus long…
Préférez-vous un scénario dans lequel vous marquez le but de la vitoire à la 94e ou préférez-vous laisser cela à un coéquipier ?
“Peu importe tant qu’on gagne le match ! Mais évidemment, on rêve tous de ce genre de moment : imagine un score de 0-0 et je marque de la tête sur le dernier corner… Si je célébrerai ? Je ne sais pas, c’est quelque chose qui se décide sur le moment. Il y a l’euphorie après un but mais j’ai un tel respect pour l’Union que ce serait quand même difficile de célébrer.”
Pensez-vous encore aux Diables rouges ?
“C’est encore dans ma tête même si ce n’est pas la principale raison de mon retour. Mais cela me permettra de me montrer pour prouver que j’ai ma place chez les Diables. J’y ai goûté une fois et j’ai le sentiment qu’il y a encore de la place pour moi. La Coupe du Monde ? Je veux d’abord jouer mes matchs avec Gand et aider le club à retrouver le haut du classement. L’équipe nationale viendra si cela doit venir mais c’est quelque chose que j’ai en moi : je veux encore y parvenir.”
Je veux prouver que j’ai encore ma place chez les Diables.