Dans sa croisade contre ce qu’elle appelle « la censure des voix conservatrices », l’administration Trump pourrait riposter au règlement européen sur les services numériques (DSA). Cela prendra la forme de mesures ciblées contre des dirigeants de l’Union européenne, comme des restrictions de visa. Une mesure inédite et inquiétante pour la liberté d’expression.

En février, le vice-président américain JD Vance avait déjà tendu les relations transatlantiques en accusant les Européens de « museler la liberté d’expression » de certains groupes. Il avait cité notamment l’AfD, formation d’extrême droite allemande, provoquant l’indignation des partenaires européens de Washington.

Bras de fer transatlantique sur la liberté d’expression

Le gouvernement de Donald Trump s’est trouvé une cible : le règlement sur les services numériques (DSA), coupable selon lui de « censurer les voix des Américains » et de faire peser un lourd fardeau financier sur les entreprises US. « Nous suivons avec une grande inquiétude l’augmentation de la censure en Europe », a indiqué un porte-parole de la Maison Blanche à Reuters.

Côté européen, les accusations de censure proférées par les États-Unis sont qualifiées de « totalement infondées ». « La liberté d’expression est un droit fondamental dans l’Union européenne. Elle est au cœur du DSA », déclare un porte-parole de l’exécutif européen. « Ce texte fixe des règles pour les intermédiaires en ligne afin de lutter contre les contenus illégaux, tout en garantissant la liberté d’expression et d’information en ligne. »

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Washington envisage de punir des membres de la Commission européenne ou des responsables nationaux impliqués dans l’application du DSA. Les sanctions, qui pourraient prendre la forme de restrictions de visa, marqueraient une escalade sans précédent dans les tensions entre les États-Unis et l’Union européenne.

Une telle décision placerait la régulation du numérique au cœur d’un conflit diplomatique plus large, déjà nourri par les menaces de tarifs douaniers et les critiques américaines à l’égard du traitement réservé aux géants de la tech.

Il y a là deux visions irréconciliables de la liberté d’expression. Pour Washington, la régulation européenne revient à brider des opinions — même extrêmes — au nom d’un politiquement correct jugé oppressif. À Bruxelles, au contraire, la liberté d’expression s’exerce dans un cadre : protéger les citoyens contre les contenus haineux ou illégaux, sans quoi ce droit fondamental se transforme en arme contre la démocratie elle-même.

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Source :

Reuters