Baisse de la natalité dans le monde : moins d’enfants… mais mieux! • FRANCE 24

[Musique] Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans cette édition d’actuel consacrée à la natalité. Partout dans le monde, elle est en baisse. Il nît de moins en moins d’enfants du Maghreb à l’Asie en passant par la Scandinavie. Dans le monde, l’indice de fécondité moyen en 2050 devrait être de 1,8 enfants par femme. C’est moins que le seuil de renouvellement des générations qui reste de 2,1 enfant par femme en âge d’en avoir. Alors, quel facteur explique que des pays aux cultures foncièrement différentes expérimentent la même tendance ? Qu’est-ce qui a changé pour que de moins en moins d’adultes aient envie de devenir parents ? On fait le point. En Europe, la notion de famille évolue beaucoup à partir des années 60. Le développement de l’accès à la contraception, la légalisation de l’IVG et le travail salarié des femmes changent la donne. Elles peuvent exister socialement sans être mère ou épouse. En France, le nombre de naissances diminue depuis 2014. Il vient d’atteindre son niveau le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale avec 663000 naissances, soit 20 % de moins qu’en 2010. Mais la France reste l’un des pays les plus féconds d’Europe avec 1,62 enfants par femme juste derrière la Bulgarie. Loin derrière se trouve l’Espagne avec 1,3 enfants et l’Italie 1,2. Aujourd’hui, leur population recule. Au Maghreb, le phénomène existe depuis une vingtaine d’années avec la hausse des divorces et la baisse des mariages. Mais c’est la Corée du Sud qui est bonne dernière avec seulement 0,75 enfants par femme. Les femmes, considérées comme le parent prioritaire, ne veulent plus se sacrifier. Pour relancer la natalité, les politiques publiques hésitent entre le bâton, restriction ou interdiction de la contraception et de l’IVG et la carotte avec des incitations économiques ou des solutions de garde d’enfants. Et pour aller plus loin sur ces questions, j’ai le plaisir d’accueillir Charlotte de Best. Bonjour, vous êtes sociologue, experte parentalité, autrice de Elles vont finir seul avec leur chat. C’est aux éditions Laut. Merci d’être avec nous et puis sur ce plateau avec moi Hélène Périvier. Bonjour, vous êtes économiste à l’OFCE, l’Observatoire français des conjonctures économique. Vous êtes également la présidente du Haut Conseil de la famille. Merci également pour votre présence. Merci. Euh Charlotte de Best, je vais commencer par vous. En France, il y a eu une récente enquête de l’INED qui a montré que la population française veut moins d’enfants et dans des conditions plus définies. Qu’est-ce qui explique cette évolution ? C’est principalement lié à des questions euh économiques finalement. Euh c’est-à-dire que quand même he 65 % des Français estiment qu’ils aimeraient avoir une famille à deux enfants ou plus. donc plutôt des personnes qui vont avoir leur première enfant mais pour tout un tas de raisons, notamment économiques, notamment d’organisation famille, travail, enfin la complexité que c’est aujourd’hui d’avoir un enfant, elles vont pas avoir le 2e ou le 3è enfant euh qu’elles auraient souhaité et que peut-être des générations précédentes auraient eu. Et Hélène Périvier, le haut conseil de la famille que vous présidez a également mené une enquête sur les raisons pour lesquelles les Français et les Françaises veulent ou ne veulent pas d’enfants. Est-ce que vous tirez les mêmes conclusions que l’INED ? Nous au conseil de la famille, on a fait une enquête auprès de 2000 personnes âgé de 20 à 35 ans pour essayer de voir sur cette jeune génération quelles pouvaient être les bonnes raisons de se projeter dans la parentalité ou les raisons de ne pas se projeter. Déjà ce qu’on voit c’est que 20 % des personnes qui n’ont pas d’enfants ne se projettent pas dans la parentalité. Finalement, c’est pas mal hein parce que quand on regarde les statistiques en France, à peu près 10 % des femmes qui à la fin de leur vie fécond n’auront pas d’enfant et comme ça a été dit, le coût est une raison importante. Mais il y a aussi l’inquiétude quant à l’état du monde. Euh les questions écologiques bien sûr, mais aussi les questions géopolitiques. Et puis il y a quelque chose qui est ressorti qui est assez original dans notre enquête, c’est la peur de la grossesse. C’est de ces conséquences, la peur de l’accouchement qui est aussi quelque chose d’un peu nouveau. Alors évidemment, c’est une enquête auprès de 2000 personnes, mais c’est quand même intéressant de voir que c’est quelque chose qui qui inquiète aussi les personnes de cette génération là. Vous parlez du coût d’élever un enfant, Hélène Périvier, c’est aussi ce que vous avez mentionné Charlotte de Best, comment on fait quand on est une femme qu’on veut préserver sa carrière et que souvent encore aujourd’hui, ce sont les femmes qui passent à mi-temps, les femmes qui font des sacrifices professionnels, comment on fait pour garder leur droit à avoir une activité professionnelle épanouissante tout en ayant des enfants et en relançant la natalité ? Ben peut-être qu’on pourrait demander aux hommes d’en faire un petit peu plus. il y aurait quand même certainement des politiques publiques à à jouer sur la question du côté des hommes. Donc ça peut être le congé paternité, ça peut être euh des horaires de les organiser autrement, ça peut être éventuellement un encouragement économique, enfin bon ça peut être plein de choses. Euh on sait aussi he très clairement que il faut absolument développer les modes de garde de la petite enfance. Euh et on peut aussi imaginer euh je sais pas peut-être une organisation où il y aurait ce que j’appelle une fluidité des espaces, c’est-à-dire que euh la majorité des salariés aujourd’hui sont par an, c’est une réalité. enfin euh et donc peut-être quand même investir beaucoup plus au sein des entreprises, au sein de la fonction publique et cetera pour que il y ait des crèches directement dans les entreprises ou donc dans la fonction publique, que les horaires soient aménagés pour euh que ça soit tout à fait normal, presque en tout cas pas complètement exceptionnel d’amener ses enfants sur le lieu de travail par exemple. Donc ça serait vraiment de refluidifier les espaces notamment entre le professionnel et la famille. Est-ce que la piste d’un congé paternité plus long équivalent à celui des femmes, c’est une piste Hélène Périvier ? Un congé paternité si les prix est synchronisé avec le congé maternité, ce qui est le cas le plus souvent aujourd’hui, ça a un petit effet. Quelques travaux montrent que ça a un effet sur le partage des tâches sur le long terme, mais c’est peut-être pas suffisamment transformatif. C’est vrai que pour que les hommes prennent vraiment conscience du temps et qu’ prennent du temps en fait seul avec l’enfant, ben il faudrait qu’il y a un congé parental bien partagé dont une partie soit prise par le père seul. Et et ça c’est un grand défi dans le cas de la France parce que c’est vrai qu’aujourd’hui le congé parental, il est essentiellement pris par les femmes. Donc il y a besoin de trouver des moyens d’inciter les hommes à prendre ce congé parental. Ça peut être parce qu’il est mieux rémunéré, donc il sera peut-être plus attractif, mais s’il est plus attractif, il le sera aussi pour les femmes. Donc il y a un vrai défi qui est pas simple à régler pour les politique publique qui va être d’amener les hommes à s’investir davantage dans la sphère domestique et en particulier quand il y a des enfants. Une crainte qu’on peut avoir avec cette baisse de la natalité, c’est que ça pèse davantage encore sur les droits des personnes et et peut-être aussi sur les droits des femmes en particulier. Je pense à certaines politiques natalistes à certains moments de l’histoire ou dans certains pays qui sont extrêmement violentes pour les personnes. Est-ce qu’il y a pas quelque chose de cet ordre là à craindre encore aujourd’hui ? B, ça c’est sûr qu’historiquement les politiques natalistes, elles visent à demander aux femmes de faire leurs de faire des enfants, donc le plus souvent au détriment de leur émancipation économique. Donc ça c’est le ça c’est l’histoire nous nous apprend ça. Et donc les avancées en matière de droit reproductif pour les femmes, le droit à la contraception, le droit à l’IVG, c’est des choses qui ont permis aux femmes de pouvoir en tout cas avoir le nombre d’enfants qu’elles désirent. Mais c’est vrai qu’historiquement l’idée d’avoir une politique nataliste qui vise à encourager voire à contraindre comme vous l’avez dit les femmes à avoir des enfants ou à ne pas en avoir parce que en Chine finalement les filles naissaient mais elles n’étaient pas reconnues à l’état civil euh et bien c’est évidemment un déni euh euh d’égalité euh des individus mais c’est pas forcément des pays qui ont les droits humains à le plus à cœur. Charlotte de Beste, votre analyse sur ce point. Ben, c’est sûr que les politiques natalistes ont toujours eu deux enjeux, c’est notamment bah de révéler à travers le nombre d’enfants que les femmes mettent au monde euh la puissance de l’État, la puissance de la nation. Du coup, un des leviers, bah c’est bien le corps des femmes. Euh donc potentiellement euh la coercition qu’on peut exercer dessus. Euh et puis aussi quels enfants euh on veut qu’ naissent. C’est-à-dire que euh dans le même temps, euh on peut aussi avoir une proposition ou un encouragement euh de stérilisation euh des femmes à Mayotte. Et la plupart des politiques natalistes sont conservatrices, nationalistes, on vient de le dire. Est-ce que c’est forcément quelque chose qui relève de l’extrême droite ? Est-ce que c’est appliqué partout dans les mêmes conditions ? Je crois que la Hongrie a une approche particulière. B ce qui est intéressant dans le cas de la Hongrie, c’est que le côté très xénophobe et nationaliste de ce pays avec une économie qui a un besoin de main d’œuvre accru, ça a conduit à une forme de néoconservatisme. C’està-dire le conservatisme, on peut penser que c’est des femmes qui restent à la maison et qui ont beaucoup d’enfants. Mais ça dans la Hongrie Victor Urbane, c’est pas possible parce c’est pas tenable puisque il a besoin que ses femmes travaillent. tout un ensemble de politiques publiques qui sont mises en avant avec cette idée d’articulation vie familiale vie professionnelle pour que les femmes puissent avoir beaucoup d’enfants mais aussi qu’elles puissent retravailler puisque il se ferment la possibilité d’avoir des flux migratoires qui permettraient de compenser ce problème de main d’œuvre. Donc vous avez un renouveau la pensée conservatrice de ce point de vue-là qui disons redéfinit le rôle des femmes en tant que mère mais aussi en tant que travailleuse. Est-ce que c’est vraiment grave de ne plus avoir d’enfants ? Mais non, c’est pas forcément grave. Si les raisons sont celles que les gens ne souhaitent pas avoir d’enfants parce qu’ils aspirent à d’autres vies, euh bah évidemment euh c’est pas forcément problématique. Euh d’un point de vue économique, on met souvent en amant en avant le fait que ben c’est très important pour la question de la soutenabilité de notre système de protection sociale par exemple. Mais en fait, ce qui compte c’est plutôt la question de la population. Donc la la natalité n’est qu’un aspect de cette population, hein. Bien sûr, la question migratoire est très importante. Et puis en fait, ce qui compte pour le financement de notre protection sociale, c’est le taux d’emploi. Donc donc je rappelle quand même que notre jeunesse n’a pas il y a pas une égalité des chances dans l’accès à l’emploi, à l’éducation, à l’instruction. Donc voilà, avoir des politiques publiques qui déjà permettent à ces jeunes et aux enfants de pouvoir s’épanouir dans les mêmes conditions, c’est déjà une priorité. Ça devrait être une priorité. Pour moi, c’est vraiment ça qui pourrait peut-être donner envie aux gens d’avoir des enfants parce que ils auront le sentiment que ils pourront les élever dans de bonnes conditions. Et pour vous, Charlotte de Beste, la meilleure solution euh ben c’est notamment de rendre effectif la la plupart des droits des femmes qui sont pas tout à fait rendus effectifs. Et peut-être qu’ aussi avant de relancer la natalité ou d’avoir tout un tas de discours, ça serait vraiment, il me semble important et urgent de prendre soin des enfants qui sont déjà là en fait, déjà présents et qui précisément seront les prochains peut-être à avoir des enfants. Et bien merci beaucoup. Merci Charlotte de Best. Merci aussi à vous Hélène Périvier d’être venue partager vos analyses sur cette question et puis merci à vous de nous avoir suivi. À très bientôt sur France 24. [Musique]

Partout dans le monde, la natalité est en baisse. Il naît de moins en moins d’enfants du Maghreb à l’Asie en passant par la Scandinavie. Dans le monde, l’indice de fécondité moyen en 2050 devrait être de 1,8 enfant par femme. C’est moins que le seuil de renouvellement des générations, qui est de 2,1 enfants par femme en âge d’en avoir. Quels facteurs expliquent que des pays aux cultures foncièrement différentes expérimentent la même tendance ? Qu’est-ce qui a changé pour que de moins en moins d’adultes aient envie de devenir parents ?
#natalité #fécondité #Maternité

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8 comments
  1. Quelle hypocrisie ?
    …"Dans le monde" ou chez les occidentaux?😂
    Et vous vous battez à coup de toutes sortes de stratégies aussi diaboliques les unes que les autres afin de limiter voire stopper celle de l'Afrique. Du machiavélisme.

  2. Le problème essentiel est que l’école s’est transformée d’un lieu d’instruction en un lieu d’endoctrinement pour propager toutes les idéologies destructrices , le bourrage de cerveau imposé par des groupes élitiste maçonniques a créé une génération de gens confus qui n’ont ni le courage, ni la volonté de prendre leurs destin entre les mains.
    Le résultat est l’autodestruction de la civilisation occidentale au non des lumières et du progrès.

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