Rentrée : un enseignant sur deux songe à changer de métier • FRANCE 24
[Musique] 2500, c’est le nombre d’enseignants qui manquaient à l’appel ce lundi, jour de rentrée scolaire en France. Cette année encore, l’éducation nationale n’est pas parvenue à faire le plein entre les salaires jugés insuffisants et les conditions de travail de plus en plus dures. Il y a une véritable crise des vocations. Selon une étude, un enseignant sur deux envisagerait même de changer de métier. Alors, comment redonner envie aux enseignants ? Pourquoi personne ne veut prendre leur place ? Notre invité ce soir est Sophie Vénettité. Bonsoir. Vous êtes professeur de sciences économiques et sociales dans le département de l’essonne. Vous êtes également secrétaire général du SNES FSU. C’est le principal syndicat du secondaire, donc collège et lycée. Alors, ce n’est pas la première année que l’on parle du malaise enseignant, loin de là. Ma première question va peut-être vous surprendre, mais pourquoi il reste ? Pourquoi 852800 enseignants étaient encore en poste cette semaine malgré tout ce qui ne va pas ? Écoutez, quelque part, on reste pour les élèves. On reste pour les élèves parce que c’est le cœur de notre métier que de leur transmettre des connaissances, que de les faire grandir. C’est peut-être d’ailleurs la dernière chose qui qui nous fait tenir parce que aujourd’hui l’éducation nationale en fait, elle ne tient plus que par le dévouement et l’engagement des professeurs parce que tout le reste autour s’effondre. Donc on reste pour ça mais pour combien de temps ? parce qu’on voit quand même qu’il y a de plus en plus d’enseignants qui pensent à partir. Nous quand on a fait au SNFSU quand on a fait une enquête en fin d’année dernière, on a demander à nos collègues s’ils avaient déjà pensé à la démission sur ces deux dernières années. Il y a près de 2 tiers des enseignants qui ont pensé à démissionner ces deux dernières années. Donc même si pour l’instant il y a encore des enseignants qui restent, c’est quand même un signal d’alarme très important. Euh plus d’un enseignant sur deux, vous le dites, qui envisage de changer de métier. 2500 postes qui n’ont pas été pourvus en cette rentrée. À quoi c’est dû ? Est-ce que c’est parce que certaines matières n’attirent personne ? Est-ce qu’ parce qu’il n’y a pas assez de candidats ? Écoutez, aujourd’hui enseignant, c’est un métier qui n’attire plus euh pour plein de raisons. D’abord pour des raisons salariales. C’est un métier qui reste mal payé par rapport à d’autres professions équivalentes. C’est aussi un métier qui est euh qui est difficile. On a des conditions de travail qui sont pas simples. Aujourd’hui, je pense que tout le monde le sait. Euh en collège et en lycée, on a des classes avec 28, 30 ou 35 élèves ou plus. Et euh et c’est vrai que ça pèse sur les conditions de travail. Et puis plus globalement, notre métier souffre quand même d’une euh d’une d’une image qui est pas très valorisée dans la société. C’est quand même assez souvent que on a des épisodes de profing, c’est-à-dire de critique des des enseignants où on manque de soutien dans des moments euh difficiles. Euh bref, aujourd’hui euh c’est un métier qui est qui est en crise, mais surtout qui a été euh euh la crise s’est s’est développée parce que les différents gouvernements n’ont rien fait pour surmonter cette crise. Et aujourd’hui, il faut vraiment une multitude de solutions sur les salaires, sur les conditions de travail, sur le respect, sur la considération parce que ces dernières années, on a eu aussi plein de ministres avec des réformes qui ont été faites, défaites et surtout qui ont été faites contre la vie des personnels. Donc il faut vraiment un changement de cap très fort pour revaloriser notre métier. Vous évoquez le prof bashing. Est-ce que vous diriez que la qualité, la nature des élèves et des parents d’élèves a changé au cours de ces dernières années ? Non, je dirais que de manière plus générale, il y a une la profession enseignante, les professeurs sont un peu devenus le punching ball de la société. C’est vrai qu’on sait que notre société ne va pas bien, que l’école est le réceptacle de tous les problèmes de de la société. On demande beaucoup à l’école, on peut prendre notre part mais on pourra pas tout faire. Et on est souvent pointé du doigt sans sans s’interroger sur la responsabilité du du reste de la société. C’est facile hein de taper sur les professeurs et leurs prétendues euh longues vacances qui sont pas si longues que ça d’ailleurs, mais euh il y a bien d’autres bien d’autres problèmes à régler. D’abord, vous évoquez les différentes réformes du gouvernement. Euh pour tenter d’enrayer cette crise d’évocation, euh la ministre de l’éducation nationale, Ellisabeth Born, a lancé une réforme de la formation initiale en ouvrant désormais les concours de l’enseignement du 1er et du second degré à bac + 3 au lieu d’un niveau master. Est-ce que vous êtes favorable à cette réforme ? Non, ce n’est on n’y est pas favorable et forcé de de constater qu’Élisabeth Borne fait fausse route. Il suffit tout simplement de s’appuyer sur ce que disent les étudiants. Il y a 3 ans, la cour des comptes a fait un sondage auprès des étudiants pour leur demander pour quelle raison euh il ne voulaient pas devenir enseignant. La première raison, c’était pour des questions salariales et ensuite c’était des questions de travail et des questions de considération. La place du concours n’était absolument pas indéterminant pour passer ou passer le concours. Donc euh vraiment moi, je regrette qu’Élisabeth Born n’ait pas euh traité ce problème à la racine, c’est-à-dire sur la question des salaires et des conditions de travail. Je voudrais qu’on revienne également sur euh un drame qui a eu lieu en ce jour de rentrée en début de semaine lundi. Euh le suici d’une directrice d’école victime de harcèlement homophobe entre 100 et 200 personnes ont d’ailleurs participé ce soir à un rassemblement à l’appel d’association de lutte contre l’homophobie. C’était devant le ministère de l’éducation nationale à Paris. Qu’est-ce que ça dit de l’isolement du manque de soutien de l’éducation nationale aujourd’hui face au à des professeurs en difficulté ? Écoutez, d’abord, c’est vrai que c’est c’est une tragédie qui a enillé la rentrée, qui a endeuillé la la communauté éducative à laquelle forcément on pense, tout comme on pense aux proches de Caroline Grand Jean, il y a une enquête administrative qui déterminera les responsabilités des uns et des autres, mais c’est vrai que on sait que être enseignant, c’est aussi être souvent isolé. On est parfois seul face à sa classe, seul face aux parents d’élèves et il y a besoin d’un soutien de l’institution. On a besoin euh en cas de euh de conflits avec les parents d’élèves, de menaces, de sentir l’institution avec nous parce que quelque part on la représente et euh forcé de constater que euh assez souvent euh et ben finalement le le soutien n’est pas immédiat, le soutien tarde à venir. On sait que il y a par exemple un sujet sur le programme des Vars euh d’éducation à la vie affective, relationnelle et et sexuelle. C’est un programme qui est très critiqué par certaines associations conservatrices voire d’extrême droite qui parfois menacent les enseignants des enseignants qui ne font que leur travail, c’est-à-dire appliquer les programmes, faire grandir les élèves, faire grandir leur conscience de citoyen. Et là, on va avoir besoin d’une institution qui est au côté de ses professeurs qui les soutient. Euh quand vous parlez de manque de soutien de la part du du de l’éducation nationale, euh qu’en est-il du soutien des parents d’élèves justement ? Ils sont la solution eux aussi ou le problème ? Écoutez, les les parents d’élèves, on maintient des relations avec eux parce que c’est important de pouvoir les les associer en tout cas les tenir au courant de ce que de la scolarité de leurs enfants. Mais c’est vrai que c’est parfois assez difficile. Vous savez, on va rentrer là dans la période des réunions parents professeurs de rentrée. Moi, j’ai le souvenir d’avoir fait parfois des réunions où les rangs étaient très clairsés. on a parfois du du mal à joindre les parents d’élèves. Donc il s’agit pas de de leur jeter la pierre parce que certains sont aussi parfois dans des situations qui peuvent être très difficile. Mais euh c’est vrai que aujourd’hui on aurait besoin euh d’un lien d’un lien plus fort où chacun est à sa place. Il s’agit pas que les parents prennent la place des enseignants. C’est nous les enseignants, il y a des programmes de l’éducation nationale, mais euh que les parents soient attentif à tous les signaux qu’on peut envoyer, tous les conseils qu’on peut donner nous en tant que professionnel pour faire réussir leurs enfants. Mercredi prochain, le 10 septembre mais aussi euh mardi 16 septembre, deux appels ont été lancés pour manifester contre le gouvernement. Est-ce que vous serez dans la rue avec votre syndicat ? Vous vous appelez à les Français à se mobiliser ? Écoutez, ce qui est certain aujourd’hui, c’est que l’éducation nationale ne va pas bien, qu’elle est qu’elle est à l’OS, qu’elle manque de tout. Et donc, on voit bien par exemple dans l’appel du du 10 septembre euh qu’il y a des revendications très très protéies. Il y en a certaines euh qui concernent le rejet de ce budget d’austérité. Il y a une vraie colère par rapport au aux mesures qui sont dans dans ce budget. C’est une colère qu’on partage. Donc là où il s’agit de manifester dans des dans un cadre intersyndical contre le budget de de François Bairou, on pourra se retrouver localement dans ces dans ces manifestations. Après, c’est vrai que la perspective, c’est vraiment la grève interprofessionnelle du 18 septembre où là, il s’agira aussi, à l’appel de toutes les organisations syndicales, de faire grève pour exiger un autre budget. Et donc de manière très claire, nous c’est ce qu’on dit aujourd’hui et c’est ce qu’on dit depuis la rentrée parce que d’ailleurs il y a des établissements qui étaient déjà mobilisés cette semaine, c’est que finalement François Bairou ou un autre, Ellisabeth Borne ou une autre, il faut un autre budget euh pour l’éducation nationale. Il faut enfin financer la revalorisation des enseignants. Il faut enfin revaloriser les AH, ces personnels qui s’occupent des élèves en situation de handicap. Il faut pouvoir assurer euh la rénovation du bâtis scolaire pour qu’il soit enfin euh apte à à à suivre et à pour qu’on puisse travailler dans de bonnes conditions, y compris en période de canicule. Donc oui, on va être mobilisé euh dans les prochaines semaines avec différentes dates pour obtenir un autre budget. Vous évoquez effectivement ce budget, les perspectives à venir. Est-ce que dans ce contexte vous diriez aujourd’hui à un étudiant d’aller passer le concours d’enseignant ? Je lui dirais que c’est un très beau métier. C’est un très beau métier quand on est dans la classe face aux élèves. Mais je lui dirais aujourd’hui de bien réfléchir avant de de choisir ce ce métier parce qu’il est parce qu’il est difficile pour plein de raisons, parce qu’il est en crise. Donc même si la décision lui lui appartient, je lui dirais certainement de de réfléchir davantage certainement que je ne l’aurais dit au début de ma carrière il y a 17 ans. Merci. Un grand merci Sophie Venétité d’être intervenue sur l’antenne de France 24 pour répondre à cette question qui fâche. Peut-on encore sauver l’école manifestement, il y a encore du pain sur la planche. Restez avec nous sur France 24. On va marquer une courte pause et on se retrouve juste après. Mais en attendant, il y aura également le journal de l’Afrique dans un instant. [Musique]
Selon une enquête du Syndicat des enseignants-UNSA, un enseignant sur deux envisagerait de changer de métier. Entre les salaires jugés insuffisants et les conditions de travail de plus en plus dures, il y a une véritable crise des vocations. Comment y remédier ? On en parle avec Sophie Vénétitay, professeure de sciences économiques et sociales et secrétaire générale du Snes-FSU, le principal syndicat du secondaire.
#éducation #rentrée #enseignants
En savoir plus avec notre article : https://f24.my/BPfj.y
🔔 Abonnez-vous à notre chaîne sur YouTube : https://f24.my/YTfr
🔴 En DIRECT – Suivez FRANCE 24 ici : https://f24.my/YTliveFR
🌍 Retrouvez toute l’actualité internationale sur notre site : https://www.france24.com/fr/
📲 Recevez votre concentré d’information sur WhatsApp : https://f24.my/WAfr
et sur Telegram : https://f24.my/TGfr
Rejoignez-nous sur Facebook : https://f24.my/FBfr
Suivez-nous sur X : https://f24.my/Xfr
Bluesky : https://f24.my/BSfr et Threads : https://f24.my/THfr
Parcourez l’actu en images sur Instagram : https://f24.my/IGfr
Découvrez nos vidéos TikTok : https://f24.my/TKfr
5 comments
MDR CE ZIAD LIMAM QUI SE DEMANDE CE QU'IL VA MANGER SI IL VA A MOSCOU….
Souriez vous êtes grand remplacer
je ne pense pas que l' école soit devenu le receptacle des problemes de la societé. mais on a tous été a l' ecole , et on a vu comment cela se passe.
852000 apart être prof ils peuvent faire quoi serieux?
Un prof d histoire ? Travailler au smic a la bibliothèque?
Je vois pas leur reconversion
C'est tres mal payé mais il y a beaucoup de vacances 😎
Comments are closed.