Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez présente des mesures pour lutter contre la guerre israélienne à Gaza, au Palais de La Moncloa à Madrid, le 8 septembre 2025.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez présente des mesures pour lutter contre la guerre israélienne à Gaza, au Palais de La Moncloa à Madrid, le 8 septembre 2025.  BORJA PUIG DE LA BELLACASA / AFP

Rappel d’ambassadeur, interdiction d’entrée de ministres, déclarations cinglantes… Les tensions entre Israël et l’Espagne s’accroissent ce mardi 9 septembre après l’annonce, la veille, d’un plan espagnol pour « mettre un terme au génocide à Gaza ».

• Mettre un terme « au génocide à Gaza »

Le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a annoncé lundi une série de mesures à l’encontre d’Israël dans « une étape supplémentaire […] pour mettre un terme au génocide à Gaza, poursuivre ses auteurs et soutenir la population palestinienne ». Il est l’une des voix les plus critiques d’Israël en Europe, l’Espagne ayant reconnu un Etat Palestinien dès le mois de mai 2024.

Parmi ces mesures pour soutenir le peuple palestinien à Gaza, le Premier ministre espagnol a notamment annoncé mettre en œuvre un embargo sur les ventes d’armes à Israël, interdire dans l’espace aérien espagnol les avions transportant du matériel de défense pour Israël, ou encore interdire aux navires transportant du carburant destiné à l’armée israélienne d’accoster dans les ports espagnols. Le dirigeant espagnol a aussi déclaré que l’entrée sur le territoire espagnol serait interdite à davantage de personnes participant « directement au génocide ». Il a précisé que ces mesures avaient pour but d’être mises en œuvre « immédiatement ».

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« Nous savons que toutes ces mesures ne suffiront pas à arrêter l’invasion ni les crimes de guerre, mais nous espérons qu’elles contribueront à augmenter la pression » sur le gouvernement de Benyamin Netanyahou, qui compte plusieurs ministres d’extrême droite, a poursuivi le dirigeant espagnol.

• Israël interdit d’entrée deux ministres espagnoles

La réaction israélienne après ces annonces n’a pas tardé, et le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar a répliqué dans la foulée sur le réseau social X, accusant le gouvernement espagnol de mener une campagne « anti-israélienne et antisémite continue » afin de « détourner l’attention de graves affaires de corruption », une référence apparente aux dossiers judiciaires dans lesquels sont accusés des proches de Pedro Sánchez.

En guise de sanction, le gouvernement israélien a interdit l’entrée en Israël à la numéro 2 du gouvernement, la ministre espagnole du Travail Yolanda Díaz, et à la ministre de la Jeunesse et de l’Enfance Sira Rego, d’origine palestinienne, toutes deux membres de la plateforme de gauche radicale Sumar qui fait partie de la coalition au pouvoir avec les socialistes.

• L’Espagne rappelle son ambassadrice à Tel Aviv

Après avoir fustigé des accusations d’antisémitisme « fausses et calomnieuses » et des mesures « inacceptables » visant ses deux ministres, le gouvernement espagnol a passé une nouvelle étape en annonçant lundi dans l’après-midi le rappel de son ambassadrice à Tel Aviv pour consultations. « Le gouvernement espagnol ne se laissera pas intimider dans sa défense de la paix, du droit international et des droits humains », avait assuré le ministère des Affaires étrangères un peu plus tôt dans un communiqué.

• Deux ministres israéliens interdits d’entrée en Espagne

Mardi matin, les premières mesures annoncées par Pedro Sánchez sont entrées en vigueur. Les ministres israéliens Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich ont été inclus « dans la liste officielle des personnes sanctionnées » et « ne pourront pas accéder au territoire espagnol », a annoncé le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares. « C’est une liste ouverte », a ajouté José Manuel Albares, n’excluant pas d’y ajouter d’autres personnes qui, selon Madrid, entravent la paix et rappelant qu’elle comprenait déjà « 13 colons violents ».

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• Le tour d’Espagne cycliste très perturbé

Les tensions entre les deux pays couvaient depuis plusieurs semaines. Et cette année, la course de la Vuelta – le tour d’Espagne cycliste auquel participe notamment l’équipe Israel-Premier Tech, une structure privée créée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams – a été très perturbée. En effet, l’ampleur des protestations lors de cette 80e édition a pris une autre dimension, dans un pays qui a reconnu l’Etat de Palestine en mai 2024 et où le soutien à la cause palestinienne est très fort.