Derrière l’image : dix mois de prison requis contre l’influenceur “Mojito, le piqueur fou”

Derrière l’image : dix mois de prison requis contre l’influenceur “Mojito, le piqueur fou”

Il est 14h30 à Paris, c’est l’heure de votre rendez-vous derrière l’image avec Marie Chuster aujourd’hui. Bonjour Marie, vous nous parlez d’un procès qui s’est ouvert vendredi dernier au tribunal correctionnel, celui de l’influenceur Morito, c’est c’est son nom. Et pour nous en parler, vous avez choisi pour nous cette image qu’on qu’on va voir à l’écran. Oui. Alors effectivement [Musique] effectivement cette photo, on va voir dans une seconde, c’est une capture d’écran issue d’une vidéo qui a cumulé plusieurs millions de vues he sur les réseaux sociaux. Celle d’un influenceur, vous le disiez, Amine Morito, un influenceur bien connu des internautes. Ce fameux Morito a défrayé la conique au début de l’été en se mettant en scène sur les réseaux sociaux, TikTok, Snapchat, Instagram. euh faisant mine de de piquer des personnes choisies au hasard dans l’espace public à Paris à l’aide d’une seringue. Alors, des vidéos qui ont été présentées par l’influenceur comme des pranks ou des canulars euh dont je vais vous montrer un extrait dans dans quelques instants pour mieux comprendre de quoi on parle. euh des vidéos qui sont aujourd’hui très difficiles à trouver sur les réseaux sociaux car les comptes de l’influenceur euh ont été bloqués et vous comprendrez pourquoi. Euh je précise que le son euh sur ces vidéos euh est le son original des vidéos qui ont été euh diffusées sur internet. [Musique] Et là qui va là et là ça va pas. Demain, je vais piquer tout Paris les gars. J’aurais pas j’aurais aucune pitié. C’est un prank. C’est un prank. C’est un prank. Un prank là. C’est un prank. Ouais, c’est un prank. Comme toi, il y a pas de prank ici là. Tu cries ? Je t’ai dis c’est un prank. Il y a pas de prank frère. C’est pour rigoler. Je rigole pas avec toi. En Nina, je voyais vos réactions pendant la diffusion de cette vidéo. Vous vous disiez choqué hein. Je vous laisse ou je laisse le téléspectateur juge seul juge de la puissance humoristique des ces vidéos qui ont été publiées le 20 juin donc à la veille de la fête de la musique. En tout cas ces pranks ou ces canulars he n’ont pas du tout été du goût de très nombreux internautes qui l’ont signalé sur la plateforme Faros. Faros étant la plateforme qui rassemble tout euh qui centralise tous les signalements de messages illégaux et d’autres internautes ne sont pas non plus privés de lui faire savoir dans les commentaires à grand renfort d’insultes car il faut dire que ces vidéos intervenaient dans un contexte très particulier de panique collective autour des attaques à la seringue. Une menace qui a été prise très très au sérieux chez les jeunes et de fait ces haters de mon deito. C’est lui qu’on voit à l’âge de 16 ans. Je vais vous je vais vous expliquer après. C’est haters de Morito très nombreux he sont très très nombreux puisque il l’accusait d’être un pousce au crime face à cette vague d’insulte. Il a donc essayé de redorer son blason auprès des internautes en publiant une vidéo d’excuses au cours de laquelle il expliquait essayer faire de la prévention. Mais problème plus grave pour Morito, c’est que la blague n’a pas du tout non plus été du goût des autorités et en particulier de la sûreté territoriale. Le 26 juin, donc la police l’interpelle à son domicile. Les explications faisant état qu’il ne s’agissait que d’un prank, qu’il n’y avait pas vraiment piqué les gens puisqu’il avait laissé la le capuchon sur l’aiguille et bien n’a pas convaincu autorités. Et il faut dire que Morito hein comme il se prénomme n’en est pas du tout à son coup d’essai. Oui, d’ailleurs, on vient de le voir à l’écran il y a quelques instants. Un L’influenceur s’était fait connaître en 2018 en publiant sur Snapchat et périscope des vidéos dans lesquelles ils se mettaient en scène pratiquant des actes de violence envers les femmes en leur assenant des coups de ceinture, en les aspergeant de liquide, en les insultant copieusement des scènes de violence, d’humiliation qui lui avait permis de construire sa notoriété. 60000 followers, il n’avait alors que 16 ans et c’était autoproclamé roi de Snapchat. Sauf qu’en 2018 déjà et bien l’autoproclamé roi de Snapchat n’avait pas fait l’unanimité sur la toile des jeunes qui s’en prenaient son s’en sont pris à lui dans la vraie vie. Il est victime de plusieurs agressions, des agressions verbales, des agressions physiques. Certains se ventant même de fouetter le fouetteur. Il a fait l’objet aussi pour la justice de plusieurs condamnations. En 2018 pour violence, en 2020 pour agression sexuelle jusqu’à cette condamnation en 2022 où il a été reconnu coupable de provocation à la haine et à la violence envers les femmes pour ces fameuses vidéos dans lesquelles il s’en prenait à elle. Le tribunal avait reconnu qu’il encourageait ses spectateurs à lui suggérer d’autres actes de violence et d’humiliation, des actes qu’il pourrait ensuite diffuser en live sur internet. Alors, étant donné son jeune âge, il n’avait quel âge a-t-il justement ? C’est ce que je sais. à Alors aujourd’hui il a 27 ans mais à l’époque des faits pour lequels il avait été condamné, il n’en avait que 16 et étant donné son jeune âge et bien il avait écopé pour ses scènes de violence mises en scène sur internet d’un simple rappel à l’ordre he l’obligation de suivre un stage de 5 jours sur l’égalité femme-homme. Suite à cette affaire, l’influenceur avait disparu des réseaux sociaux pour mieux réapparaître en 2025. Il fait son retour en grande pompe, multiplie les pranks euh comme on le voit ici qui peuvent aisément s’apparenter également à des agression hein dans l’espace public jusqu’à ces fameuses vidéos de fausse attaque à la seringue. Et pour la justice et bien c’est la provocation de trop. le 27 juin dernier. Il est donc déféré et incupé pour violence avec usage ou menace d’une arme et diffusion de l’enregistrement d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité de la personne. Et vendredi dernier, vous avez pu assister à son procès en comparition immédiate. Alors immédiate mais pas totalement immédiate hein puisque comme je vous le disais, il a été arrêté le 27 juin. Il est resté incarcéré jusqu’au 13 août dans l’attente de l’audience qui avait donc été fixée vendredi dernier. Morito a donc passé l’essentiel de son été derrière les barreaux des conditions de détention extrêmement difficiles. Elle a été placée à l’isolement. En général, c’est ce sont des des conditions de détention que l’on réserve aux personnes extrêmement dangereuses, jugées et dangereuses. Par exemple, des génocidaires, des terroristes. Ça veut dire très peu de contact avec l’extérieur, presque pas avec sa famille et surtout aucun contact avec les autres détenus. Oui, parce que étant donné le nombre de haters qu’en disant l’influenceur accumulé grâce ou à cause de ces fameuses vidéos, et bien il faisait l’objet de menaces et de potentielles agressions de la part de ses codétenus. C’estes quelques semaines d’incarcération. Oui, je sais, je vous vois choqué, de plus en plus choqué. Nina c’est c’est vrai que ça tire beaucoup de fil cette histoire. Ça révèle beaucoup de choses sur notre société, je trouve. Toujours est-il que cette incarcération à l’isolement euh a sans doute la fait réfléchir puisque vendredi dernier devant le juge, il a largement euh reconnu les faits de violence qui lui sont reprochés. Euh il a euh d’ailleurs euh déclaré “Je me suis rendu compte que ma vie c’est un échec. C’est pas c’est ça a détruit ma famille. Ça n’a eu que des conséquences négatives. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.” Voilà. Bon, il a également expliqué en avoir définitivement terminé avec ce personnage de Morito. De l’autre côté de la barre, le procureur a lui expliqué que et bien même si le capuchon était resté sur la seringue, même s’il s’agissait d’une arme factice, même s’il s’agissait d’une blague, l’infraction était bien caractérisée. Il a donc requis contre lui à son encontre 10 mois de prison sous bracelet électronique. Je vous propose d’écouter son avocat, l’avocat Damine Morito à l’issue des réquisitions. Les réquisitions de ministère public sont celles de l’accusation. C’est normal qu’elle porte la voix de de l’ordre public. Nous les trouvons un petit peu décalé par rapport aux déclarations euh de monsieur Ilan qui a fait Normé à Coulpa dans le cadre d’une belle audience qui a été basée sur l’écoute et le respect de chacun. Les vidéos de de cet influenceur donc qui s’amusait à piquer les passants aurait pu passer sous les radars de la justice si seulement Marie elle n’intervenait pas dans un contexte particulier. Qu’est-ce qui a provoqué la la médiatisation de cette affaire ? Alors comme je vous le disais, la publication de ces vidéos intervenaient à la veille de la fête de la musique. La saison des festivals et des concerts était lancé. On est au début de l’été. Euh les incitations, vraies ou fausses à piquer euh dans lors de ces rassemblements de la fête de la musique se multiplie sur les réseaux sociaux. Une menace qui suffit à déclencher un véritable vent de panique hein sur la toile euh autour de ces piqûes dans lors de ces rassemblements particulièrement chez les adolescents et les adolescentes hein qui sont quasi connectés en permanence sur les réseaux sociaux. Euh sur le site Acturéact, là dont on voit quelques images, on mentionne que le but de ces attaques à la seringue serait de violer les jeunes femmes. Et c’est dans ce contexte de panique générale et bien qui est lancé euh qui est lancé euh sur les réseaux sociaux que euh 145 personnes en grande majorité euh des femmes signalent aux autorités euh avoir été piqué lors de la fête de la musique. des victimes qui pour certains ont été prises en charge à l’hôpital et parallèlement et bien une quinzaine d’interpellations a eu lieu sur le territoire national. Les enquêtes ont été peu concluantes à ce sujet. Toujours est-il que les internautes accusent Morito d’avoir incité aux attaques et c’est là que l’affaire devient médiatique puisque l’information remonte jusqu’aux oreilles du député PS et président de la commission TikTok à l’Assemblée nationale Arth Arnaud de la Porte qui explique le 23 juin sur son compte X avoir demandé à TikTok de vérifier et modérer le compte de l’influenceur. L’objectif étant d’éviter de revenir à la psychose de 2022 au cours duquel et bien euh au cours l’été au cours duquel 800 plainte pour piqû avait été déposé et plus de 1000 cas avaient été signalés et surtout pour éviter que bien ne réapparaisse comme en 2022 ces fameux challenge en ligne qui s’intitulaient celui qui pique le plus de monde. Donc modéré mais pas supprimer son compte. Demande de modération. Alors par justement TikTok a immédiatement répondu le 24 juin, TikTok supprime le compte de Morito et l’influenceur est banni du réseau. Ces vidéos sur les autres comptes sont également supprimées, d’où la la difficulté euh à les retrouver aujourd’hui sur la toile. Mais avec cette intervention politique, et bien ce sont désormais les médias du monde entier qui se saisissent de l’affaire. L’information selon laquelle des piqueurs fous sévirent lors des concerts en France fait le tour de la planète. Euh évidemment dans la presse anglaise, on va peut-être voir quelques euh unes de journaux dans la presse anglaise puisque c’est en Grande-Bretagne euh que le phénomène de Spiking est né en 2021, mais également dans la presse chinoise, dans la presse égyptienne, allemande et aux États-Unis, la peur des attaques à la seringue est si bien relayée qu’on publie des avertissements aux voyageurs qui désireraient se rendre en France durant l’été. Alors, l’été est passé, euh la panique est depuis retombée Marie, mais cette polémique créée par l’influenceur pose une fois encore la question de la régulation des réseaux sociaux. Tout à fait. Le cas Morito est loin d’être le seul exemple he cet été qui a remis à l’ordre du jour cette question de la régulation des réseaux sociaux alors que foisonne sur internet les contenus violents, masculinistes, racistes, antisémitees, maltraitant à l’égard des enfants. Enfin, j’en passe. Avant même cette polémique donc la commission d’enquête sur TikTok avait à l’Assemblée nationale avait demandé avait convoqué à plusieurs influenceurs controversé hein si j’ose dire de de se rendre à l’Assemblée nationale pour les interroger sur la meilleure façon selon eux de protéger le public mineur de ces contenus violents. des auditions qui ont donné lieu à plusieurs passes d’armes entre les influenceurs et les et les députés comme avec Isaac Mayembo alias Alex Itchens, influenceur d’écrit comme masculiniste, lui aussi banni du réseau TikTok et qui a carrément quitté la commission lors de son audition regarder cette séquence. Vous avez pris 10 secondes de vos propos, vous l’avez isolé et vous venez de me le balancer à la gueule. C’est problème de balance à la gueule. Excusez-moi mais vous prenez son téléphone si le refuse. C’est une [ __ ] fin de fin de relation. C’est pas moins problématique. Sur TikTok et dans sur YouTube les conditions. Excusez-moi, je vais finir. Laissez-moi finir s’il vous plaît. Vous changer de sujet. Je vous demande de me laisser finir. C’est moi qui mène l’audition. Je suis président de la commission d’enquête. Je vous demande de me laisser finir. Non, je vous lis. Je suis président. Excusez-moi. Excusez-moi. On va couper le son de monsieur s’il vous plaît. Si vous continuez. Voilà. Donc je finis ma je finis mon propos s’il vous plaît. Je vous disais auir monsieur. Bonne journée. Je je finis mon propos. Alors des voilà des auditions d’influenceurs qui ont vu là une forme de procès hein que leur faisaient les parlementaire et qui refusent catégoriquement de remettre en cause le contenu qu’il propose. Je vous propose d’écouter également l’influenceur Adrien Laurent, connu pour ses contenus pornographiques, accusé, je cite, de propager une vision déformée et toxique de la sexualité par la ministre déléguée à l’égalité homme-femme Aurore Berger et lui aussi banni du réseau TikTok à la demande de la même ministre. J’arrive à attraper 100ion8 d’abonnés en 1 an et demi, c’est que mon contenu plaît. Évidemment que j’ai une responsabilité sur les les personnes qui sont sur TikTok, mais je ne peux pas être responsable de tout. Alors évidemment les plateformes, elles aussi hein ne sont pas enfin ne sont pas pour autant déresponsabilisées hein par les responsables politiques puisque la même ministre Aurore Berger avait convoqué début juin l’ensemble des responsables des plateformes MTA Snapchat, TikTok, Twitch, YouTube et X. Euh l’objectif étant qu’il puisse rendre des comptes sur la prolifération euh des contenus haineux euh violents ou considérés comme toxiques, des plateformes accusées de réduire le nombre de modérateurs à leur même où euh qu’elles sont soumises euh euh à un règlement européen, le règlement européen sur les services numériques, le DSA, une loi qui leur impose de supprimer des contenus considérés comme illégaux selon un principe simple. Ce qui est interdit dans le monde réel l’être aussi dans le monde virtuel. Et si ces plateformes contreviennent à ce principe, et bien elles risquent une amende pouvant aller jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires mondial. C’est dire que la facture peut être très salée pour ces plateformes si elles ne se conforme pas à la loi. Et ce qui explique aussi pourquoi TikTok a été extrêmement réactif à supprimer les comptes de ces influenceurs qui posaient problèmes et qui surtout avaiit été signalés euh par les plus hauts les au plus haut de de l’État. Mais sans l’intervention des politiques et bien ces contenus violents continuent de tourner. continue d’être accepté par les plateformes et sont et des plateformes qui sont aujourd’hui accusées de capitaliser sur le sordide sous un vernis de divertissement. On se souvient d’ailleurs de la mort de Jean Portmanov, ce cet influenceur qui était mort en direct euh sur la plateforme Kick. M.

Une peine de 15 mois de prison, dont cinq avec sursis, a été requise vendredi contre un influenceur qui s’était fait filmer en train de piquer avec une seringue – vide – des passants dans la rue, une “blague” dont il a reconnu la “violence” devant le tribunal correctionnel de Paris.
#Seringue #France #Mojito

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