En dépit des dénégations de Moscou, le ministre polonais des Affaires étrangères a dit mercredi 10 septembre n’avoir « aucun doute » sur l’origine intentionnelle de l’intrusion d’une vingtaine de drones russes sur le territoire polonais la nuit dernière. Volodymyr Zelensky a immédiatement dénoncé « un précédent extrêmement dangereux pour l’Europe » nécessitant « une réponse forte ». Au-delà du président ukrainien, cette information est très commentée en Ukraine, y compris dans cet hôpital de Dnipro qui accueille des militaires blessés.
Avec nos envoyés spéciaux à Dnipro, Anastasia Becchio et Julien Boileau
Ses jambes amputées et insérées dans des prothèses, Ihor, entame ses exercices de kiné sur un plateau technique ultra-moderne. Blessé il y a 5 mois au combat, ce soldat de 28 ans continue de prendre des nouvelles du front, mais aussi de la situation internationale
« On pourrait l’interpréter comme un signal indiquant qu’après l’Ukraine, les Russes pourraient aller plus loin, en Pologne ou ailleurs », estime-t-il. « Je ne sais pas pourquoi, les pays de l’Otan et les pays européens ont peur de Poutine. Aujourd’hui, ils comprennent mieux la situation. Ils ont réalisé que l’Ukraine se battait non seulement pour ses territoires, pour son peuple, mais aussi pour que la Russie n’aille pas plus loin ».
« Si on tombe, ce sera ensuite le tour de l’Europe »
Le chirurgien en chef Serhii Terechenko partage cet avis qu’il livre entre deux opérations de militaires blessés sur le front du Donbass voisin. « L’Europe doit comprendre que l’Ukraine, c’est son bouclier et son épée », résume le médecin. « Si l’Europe se ressaisit, alors ça ira. Dans chacun de ces pays, il y a des gens capables de se battre et formés pour. Il ne nous en faut pas beaucoup. Que l’Europe nous donne ces personnes, qu’elle nous donne plus d’armes. Elle n’a rien à craindre. Parce que si on tombe, ce sera ensuite son tour. »
Le chirurgien repart rapidement vers la salle d’opération, où l’attendent encore plusieurs interventions.
À lire aussiPologne: «La menace russe est devenue réelle», s’inquiètent les habitants à la frontière