La Pologne tire la sonnette d’alarme. Tôt dans la matinée ce mercredi, Varsovie a révélé avoir ouvert le feu contre des « objets hostiles », des drones d’origine russe, repérés sur son territoire en pleine nuit. Au total, dix-neuf violations ont été recensées par les autorités locales, alors que la Russie menait une attaque dans l’ouest de l’Ukraine voisine.

Si aucune victime n’est à déplorer, l’incursion de ces drones inquiète l’état-major polonais. Ces incursions, « sans précédent » selon le Premier ministre Donald Tusk, l’ont poussé à activer l’article 4 du traité de l’Otan.

Last night the Polish airspace was violated by a huge number of Russian drones. Those drones that posed a direct threat were shot down. I am in constant communication with the Secretary General of NATO and our allies.

— Donald Tusk (@donaldtusk) September 10, 2025

Que prévoit l’article 4 ?

Que signifie le recours à ce texte ? Succinct, il tient en une phrase : « Les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée. »

« C’est une concertation de tous les membres de l’Alliance », explique Louis Duclos, analyste géopolitique spécialisé dans la défense, la guerre hybride et le renseignement. « C’est un moyen de prévenir l’Alliance qu’il y a un problème, de l’exposer pour faire comprendre ses craintes. »

Dans la foulée, une réunion est organisée pour définir le type de réponse que l’Otan va apporter, si l’instance décide d’en adopter une. Ce mercredi midi, les ambassadeurs des 32 pays membres se sont donc rassemblés à Bruxelles.

« Ça a permis à la Pologne de livrer des données confidentielles aux membres de l’Alliance pour que chacun puisse bien comprendre les faits. Ils vont ensuite se concerter et décider de la marche à suivre », détaille notre expert. Jusqu’à déclencher l’article 5 ?

« C’est un précurseur de l’article 5, qui amène à la guerre »

Si recourir à l’article 4 est une action purement consultative, déclencher le n° 5 conduit à des conséquences bien plus graves, puisqu’il stipule qu’une « attaque armée contre l’une ou plusieurs des parties (…) sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties ». Dans ce cas-là, « l’emploi de la force armée » devient une possibilité. « L’article 4 est précurseur de l’article 5, qui amène à la guerre », analyse Louis Duclos. « Il ne peut être déclenché après l’utilisation de l’article 4. »

Alors, est-on aux prémices d’une guerre entre l’Otan et la Russie ? Pas forcément, si l’on en croit l’analyse du spécialiste géopolitique. « Ça ne veut pas dire que l’article 5 sera automatiquement déclenché derrière. »

Ce dernier n’a été activé qu’une seule fois, par les États-Unis, à la suite des attentats du 11 septembre 2001. En 2022, lorsque la Pologne, déjà, avait invoqué l’article 4 au début de l’invasion russe, cela n’avait pas mené à une utilisation du n° 5, pas plus qu’en 2014, quand Varsovie s’était inquiétée de l’annexion de la Crimée par la Russie.

❝Last night showed that we are able to defend every inch of NATO territory including its airspace.❞

@SecGenNATO Mark Rutte on the violation of Polish airspace by Russian drones

— NATO (@NATO) September 10, 2025

« Mais déclencher l’article 4, ça reste très important et ça signifie qu’il y a eu un très gros problème, une réelle menace qui a pesé sur la Pologne », conclut Duclos. Dans l’après-midi, l’Otan, « vigilante », a averti qu’elle défendrait « chaque centimètre » de son territoire face aux intrusions russes. Et Donald Trump a assuré en fin d’après-midi ce mercredi qu’il s’entretiendrait directement avec le président polonais pour faire un point sur la situation.