Pourquoi l’ouverture de comptes bancaires est-elle devenue un enjeu stratégique pour le Luxembourg et ses entreprises?

. – «La faculté pour une personne privée et pour une entreprise d’ouvrir un compte bancaire est un droit fondamental et est essentielle au bon fonctionnement d’une économie. Actuellement, les personnes morales rencontrent des problèmes pour ouvrir un tel compte, ce qui n’est pas sans entacher la bonne réputation de notre place financière. L’économie luxembourgeoise doit attirer des start-up et des talents pour se positionner comme hub pour toutes les nouvelles technologies, notamment les fintech. Pour pouvoir continuer à être compétitif et attractif, l’ouverture de comptes bancaires doit être simple et rapide et ne doit pas représenter un obstacle insurmontable pour les personnes morales. L’image du pays et de sa place financière en dépend.

Comment les banques et les autorités peuvent-elles collaborer pour accélérer le processus et clarifier les responsabilités?

«Afin de faciliter et d’accélérer la procédure d’ouverture d’un compte, le client devrait avoir la possibilité de compléter une seule fois la procédure KYC/AML et ne pas être obligé de répéter cette procédure en vue de l’ouverture de comptes supplémentaires auprès d’autres banques. Cela nécessite une collaboration plus étroite entre les banques et plus particulièrement au niveau de l’échange de données de ses clients. L’objectif devrait être de préciser et d’harmoniser les procédures afin de réduire le nombre de formalités ainsi que les délais pour ouvrir un compte. Je pense qu’un compte devrait pouvoir s’ouvrir dans un délai de trois semaines au grand maximum. Le régulateur devrait accompagner étroitement les banques dans cet exercice de collaboration et d’échange d’informations.

En un mot de conclusion: quelles actions prioritaires doivent être mises en œuvre pour lever les blocages et relancer la dynamique bancaire?

«Les directives européennes permettent au législateur d’inscrire dans la loi une obligation pour les banques d’ouvrir un compte pour les personnes morales. La Belgique et l’Italie ont par exemple choisi cette option. Le Luxembourg pourrait aller dans la même direction. Une autre option serait d’imposer à une banque une sorte d’obligation de service public d’ouverture de compte bancaire pour les personnes morales. Finalement, la création de services de paiement, comme de néo-banques, pourrait contribuer à créer une certaine dynamique bancaire et offrir plus de services bancaires aux entreprises.»