Publié16. septembre 2025, 18:19
Au Luxembourg: Des crispations sur fond de financement de la guerre d’Israël
Après avoir autorisé l’émission d’obligations de l’État d’Israël sur la place financière, la CSSF en appelle aux Affaires étrangères. Xavier Bettel s’est dit «surpris».


Le gouvernement évaluera vendredi la décision prise par la CSSF, autorisant Israël à émettre des obligations sur la place financière luxembourgeoise.
Foto: Editpress/Hervé Montaigu
L’opposition socialiste l’avait assuré, par la voix du député Yves Cruchten: «L’affaire est éminemment politique». Après des semaines de discrétion et prudence, les langues se délient progressivement vis-à-vis de l’approbation accordée à Israël par la CSSF d’émettre des obligations d’État sur les marchés européens, via Luxembourg.
Alors que la polémique s’intensifie, le sujet était abordé ce mardi matin en commission des Finances, à la Chambre des députés. «Voulons-nous être une place financière qui contribue aux mécanismes de financement de probables crimes de guerre et d’un potentiel génocide?», s’est interrogée l’opposition face à Gilles Roth et au représentant de la CSSF.
Face aux députés, le ministre CSV s’en est tenu au discours de ses services à L’essentiel: pas de commentaires sur les décisions de la commission de surveillance du secteur financier, un organe indépendant. Insuffisant pour faire cesser la controverse, car il existe plusieurs éléments troublants révélés ce mardi.
Israël a demandé le transfert au Luxembourg
Premièrement, c’est l’État d’Israël lui-même qui a formulé la demande de transfert d’approbation à Luxembourg, après que l’Irlande a décidé via sa banque centrale de mettre fin à ce mécanisme. Autre point sensible, l’analyse juridique effectuée par la CSSF peut interpeler. S’il est acté que l’organe de surveillance n’a pas pris de décision politique, ses conclusions sur le fait qu’Israël n’a pas encore été déclaré coupable de génocide au regard du droit international, sont sujettes à interprétation. Et posent, quoi qu’il arrive, question sur la nécessité d’agir en amont.
Face à cette situation hautement sensible, la CSSF a adressé lundi une lettre au ministère des Affaires étrangères pour solliciter un avis, révèle la diplomatie luxembourgeoise ce mardi dans un communiqué.
«Je n’ai été consulté ni avant leur décision, ni après»
Xavier Bettel
Dans un message transféré à L’essentiel, le ministre Bettel s’est dit «surpris» de cette démarche, la veille de la convocation en commission parlementaire. «Je n’ai été consulté ni avant leur décision, ni après, alors qu’ils savaient depuis des semaines qu’ils devaient se rendre en commission», a-t-il réagi.
Reste que cette démarche pourrait tout changer. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise présentera ainsi la lettre vendredi en Conseil de gouvernement, afin que ce dernier puisse «définir sa position». Considérant le contexte, avec la reconnaissance à venir par le Luxembourg de l’État de Palestine, une prise de position à contre-courant de la décision initiale pourrait intervenir.
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