Des chutes, des étapes amputées, des podiums esquivés, une crise diplomatique… et un rendez-vous pris pour 2026. La Vuelta s’achève à peine, particulièrement remuée par l’accumulation de manifestations propalestiniennes, qu’une nouvelle course, et pas des moindres, se voit notifier d’un avertissement sans frais : la ville de Barcelone, qui accueillera le grand départ du Tour de France 2026, a demandé l’exclusion de l’équipe Israel-Premier Tech, visée à de nombreuses reprises pendant le Tour d’Espagne.

«Nous voulons que les équipes qui concourent sous le drapeau israélien, de la même manière que cela s’est produit avec la Russie, cessent de concourir sous ce drapeau», a ainsi affirmé David Escudé, conseiller au sport de la capitale de la Catalogne, lors de l’émission Bon dia, Barcelona, mardi 16 septembre. «Il est inadmissible que, pour des événements similaires, les athlètes russes soient suspendus de leur participation sous leur drapeau et que, face aux atrocités et aux horreurs commises à Gaza, le décideur, le CIO, ferme les yeux», a poursuivi le responsable. Sans la citer, c’est bien l’équipe du magnat israélo-canadien Sylvan Adams, ambassadeur autoproclamé de l’Etat israélien, qui est visée.

Et, par ricochet, l’Union cycliste internationale, dénonciatrice des manifestations comme du soutien que leur ont apporté les autorités espagnoles. Au lendemain de l’arrivée de la Vuelta, le gouvernement espagnol a répliqué aux reproches formulés par l’instance mondiale du cyclisme professionnel à son endroit, lui reprochant d’«utiliser le sport pour blanchir un génocide comme celui qui est commis à Gaza».

De quoi nourrir des inquiétudes du côté d’ASO, l’organisateur du Tour de France, pour qui le départ à Barcelone pourrait ressembler à l’exact inverse de la parade populaire de l’étape finale sur la Butte Montmartre, en conclusion du Tour 2025. Le directeur de la Grande Boucle Christian Prudhomme, présent à une table ronde à Berlin ce mardi, ne s’y est pas trompé, lui qui n’est de toute façon pas décisionnaire pour exclure ou non des équipes World Tour, automatiquement invitées, comme c’est le cas d’Israel-Premier Tech. Commentant les troubles qui ont ponctué la Vuelta, l’ancien journaliste de France Télévisions a fait le constat d’«un phénomène complètement nouveau».

«Les courses cyclistes sur route, elles sont soumises aux soubresauts de la vie, d’une manière générale, depuis toujours», a estimé Christian Prudhomme. «Le cyclisme sur route est dans la vie, il ressent plus qu’ailleurs dans un stade fermé ce qui se passe au quotidien.»

«Des brigands attaquaient les coureurs du Tour dans les années 1920, ose encore l’organisateur. Il y a toujours eu ça. Quand nous allons quelque part, il y a toujours des usines qui ferment, et il y a des négociations qui sont forcément nécessaires. On connait cette fragilité là, c’est une évidence», a-t-il expliqué, alors que les routes du Tour ont pu être, ces dernières années, envahies notamment par des militants écologistes. Des actions que France Télévisions avait pris grand soin de ne pas filmer. Les 28 000 membres des forces de l’ordre mobilisés pour l’événement tous les ans devront-elles faire preuve de zèle pour empêcher l’irruption de «cette fragilité» sur les prochaines routes du Tour ?