Dans un contexte de crise à l’Est de l’Europe, une nouvelle batterie de tir voit le jour au 35e Régiment d’artillerie parachutiste de Tarbes

Créer une batterie, la manœuvre n’est pas habituelle au sein de l’armée française. Pourtant, le 35e Régiment d’artillerie parachutiste de Tarbes vient de se voir doter d’une nouvelle unité, la 5e batterie sol/sol qui sera dans les faits la quatrième formation de tir du régiment. “C’est la conséquence directe des défis auxquels fait face l’armée française, au regard de la situation géopolitique actuelle, détaille le capitaine Ferdinand, à la tête de cette nouvelle batterie. On a vu à quel point l’artillerie pouvait être décisive sur le théâtre ukrainien. Dans le cadre de la remontée en puissance de l’armée, vis-à-vis de ce qui se passe à l’Est de l’Europe, il faut rendre l’artillerie française plus opérationnelle et efficace.”

Dans l’objectif du Chef d’état-major et de la 11e Brigade parachutiste dont dépendent les régiments tarbais, la création d’une nouvelle batterie de tir, la quatrième, une unité de combat, pour “ajouter de l’agilité et de la puissance” et ainsi venir en appui et en binôme des quatre régiments de mêlée de la 11e BP (le 1er RHP, les 3e et 8e RPIMA et le 1er RCP). Une création officialisée le 5 septembre à l’occasion d’une cérémonie où le colonel Marie de Lazzer a remis le commandement de cette batterie au capitaine Ferdiand, mais qui s’orchestrait en coulisses depuis des mois. “On a réorganisé nos unités, en recalibrant leurs effectifs un peu à la baisse, autour d’une centaine d’hommes, détaille le commandant d’unité. Ça a permis de dégager des soldats notamment pour l’encadrement. Ensuite, nous avons 26 nouveaux engagés qui ont débuté leur formation au printemps, soit 91 militaires pour armer deux sections, en attendant une troisième l’été prochain. Dans le même temps, nous avons perçu et continuons de percevoir du matériel, des canons Cesar, des mortiers de 120 mm, mais aussi des moyens de détections et d’observation, des Serval, des Griffons. Sur l’année, on va monter en puissance, en terme humain et matériel, pour être opérationnel et projetable d’ici fin novembre.”

En Roumanie au printemps

Avant cela, la batterie participera à l’exercice Foch cet automne au cours de laquelle seront contrôlées ses capacités. Si elle fait ses preuves, l’unité sera ensuite projetée au printemps en Roumanie, en appui interarmes du 12e régiment de cuirassiers de la cavalerie d’Olivet, sous l’égide de l’OTAN. “Tout ça s’inscrit dans la transformation du régiment, avec la dronisation, l’hybridation de la réserve, le détachement d’acquisition dans la profondeur… Cette nouvelle unité va permettre de mieux armer nos missions, décrypte son chef. C’est un défi génialissime pour lequel je me suis porté volontaire. On part d’une feuille blanche, avec des soldats recrutés personnellement. Ce qui permet de s’affranchir un peu des vieilles traditions. On demande à chacun d’être concerné à 100 % et quelque part, on se sent tous un peu comme les premiers, chacun nécessaire à son unité, avec cette urgence que cela marche.”

Une réactivité qui se retrouve dans la devise de la batterie, les “Déjà prêt”, et un espoir cultivé jusque dans les couleurs de l’unité : le vert. “On a la volonté de vivre dans notre ville, claironne le capitaine Ferdinand. On veut que les Tarbais qui nous sont chers sachent que les gars en vert qui courent dans la ville, ce sont les nouveaux grizzlis de la 5e batterie du 35e RAP.”