La France, nouvelle malade de l’Europe ? • FRANCE 24

La France, nouvelle malade de l’Europe ? • FRANCE 24

[Musique] Bonjour. 5 premier ministres en 20 mois, sept depuis l’entrée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, du jamais vu sous la 5e République. La France, longtemps vontée comme un modèle de stabilité, désormais scruté entre angoisse et commissération par les démocraties parlementaires avoisinantes. Ses partenaires européens redoutent un risque systémique comme on dit. Vous nous direz Éric Leboucher, journaliste à l’opinion et aux échos, si les Français peuvent encore retarder l’heure des comptes, les comptes publics, alors que la situation est nous dit-on alarmante ou bien sommes-nous déjà pour nos voisins un trop gros danger pour ne pas être une fois de plus renfloué, toig, to fail dans la langue des investisseurs ? Retour en image en tout cas sur ce moment de vérité, c’était à l’Assemblée nationale lundi des images commentées par Jean Barrer. Sa chute était pronostiqué. Le gouvernement de François Baou perd la confiance des députés avec4 voix contre et 194 pour. Dans l’après-midi, le premier ministre avait pourtant tenté de convaincre une dernière fois. Mesdames et messieurs les députés, vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement mais vous n’avez pas le pouvoir d’effacer le réel. Les dépenses continueront d’augmenter plus encore. Le chef de fil des députés PS a renvoyé la responsabilité de la dette au macronisme dans un discours particulièrement virulent. Vous ne ferez pas aujourd’hui de votre défaite une victoire. De l’absurde un ha fait. Ce vote auquel vous soumitez n’est pas un acte de courage, c’est une dérobade. Les Républicains ont joué un numéro d’équilibristes en ménageant leur critique, le revoquer les laissant libres dans leur choix de vote. Certains voteront pour sans enthousiasme et ce sera mon choix. Mathilde Panneau de la France insoumise à conspuer le gouvernement et dénoncer une oligarchie rapasse. Aujourd’hui est un jour de soulagement pour des millions de français. soulagement que vous emportiez dans votre chute, votre projet de budget cruel et injuste qui visait à dépouiller le peuple de France. François Bairou a ensuite une dernière fois pris la parole devant l’assemblée dénonçant la violence et le mépris des propos et évoquant 9 mois de bonheur à la tête du gouvernement. [Musique] La chute de François Bairou, c’est quoi ? celle d’un homme qui a soudain perdu la raison et joué des réformes pourtant indispensables sur tapis vert ou bien le refus des oppositions au pluriel de se rendre à l’évidence un peu les deux sans doute puisque il a été maladroit on l’apprend en disant il voulait faire des réformes enfin des des économies sans en parler avec les autres de l’Assemblée nationale les autres partis donc il a il a pas été très habile. Mais néanmoins la situation appelle des des mesures. Ça va encore nous disent un certain nombre d’économistes. En effet, ça va encore mais c’est la dynamique qui est très grave et on est à environ un des paiements de dette des paiements d’intérêt de la dette de 2 % du PIB. Donc on nous dit ça va mais simplement ça va monter à 3 à 4 et et rapidement. Donc c’est il faut absolument aujourd’hui faire quelque chose. Oui, la réalité des comptes publics, elle est connue, nul ne l’ignore, plus de 3400 milliards de dettes, c’est plus que toute l’économie française, he 113 % du PIB ou de 5 % du déficit l’aorté au produits intérieurs bruts. Qu’est-ce qui ne fait pas consensus ? gravité de la situation ou les réformes à entreprendre en gros qui doit porter l’effort. Oui, mais la gravité elle-même ne fait pas consensus puisque on vient de le dire, un certain nombre d’économistes pensent que ça va encore. Bon, je pense que la dynamique est mauvaise et qu’il faut agir dès maintenant. Ensuite, comment agir ? Et là-dessus, il y a absolument pas de de d’accord parce que si vous ni qu’il y a un problème de dette, vous n’y réfléchissez pas. Donc il faudrait que l’ensemble des partis fasse des propositions et je je crois que la réalité qui est très difficile en vérité, c’est qu’est-ce qu’il y a derrière la dette de 3500 ou 400 milliards comme vous l’avez dit, plus de 2000 milliards, c’est dû à des déficits sociaux. Et donc le vrai problème en France, c’est que l’énorme système social est appuyé sur les générations suivantes pour parti. Et donc ça ça ne peut pas coller, c’est pas moral. Et oui, ensuite euh comme ça dérape euh comme euh les gens vieillissent comme voilà et comme les gens vivent de plus en plus longtant pour le nombre de bénéfic. De toute façon, il faut absolument faire quelque chose. Et oui, cette cacophonie française hein inquiète vue de l’étranger. Que pensent qu’en pensent nos voisin européens Mayana Siatagen. Alors dans la presse, il y a eu deux approches. Par exemple, cette publication italienne qui titre sur la France qui plonge dans le chaos. Et puis il y a une approche un peu plus moqueuse, celle de nos confrères danois qui parlent d’une France qui change de premier ministre presque aussi souvent que nous changeons de sous-vêtements. Alors plus sérieusement, il est aussi nos collègues espagnols Elmundo qui parle évidemment de la chute de François Bairou qui serait un arakiquiri politique qui plonge la France dans une profonde incertitude. La faute à qui ? Et bien Emmanuel Macron selon nos confrères suisses cette fois-ci de Blic. Selon Blic et bien ce serait le président lui-même qui aurait mis le verre dans le fruit avec la dissolution de l’Assemblée nationale l’année dernière. La chute aurait donc eu lieu selon cette publication danoise au ralenti avec des blessures qui pourraient être mortelles, fatal et des conséquences qui pourraient être ressenties dans toute l’Europe. Les Allemands aussi dans le tagple disent la même chose. Ils s’inquiètent avec la France qui chancelle et bien c’est l’euro et l’Union européenne tout entière qui pourrait chanceler. Il se demande aussi toujours dans les colonnes du Tagas Spigle si avec quatre premiers ministres en 3 ans qui disent en français dans le texte au revoir et bien est-ce que la France ne serait pas devenue irréformable voire ingouvernable ? Et finalement, même jusqu’à jusqu’aux États-Unis qu’on parle d’un véritable bazar fiscal et politique dans le Wall Street Journal et nos confrères de CNN finalement résume ce serait un véritable cadeau pour Vladimir Poutine et Donald Trump dont le plaisir commun serait, je cite, de se moquer des faiblesses de l’Europe. Mais oui, car si la crise s’étend en France, craint-on qu’elle contamine le reste de l’Europe ? Certains dirigeants craignent en effet cette hypothèse puisque la France, c’est un poids lourd au sein de l’Europe, un membre fondateur de l’Union européenne et il faut dire que depuis sa première élection en 2017, Emmanuel Macron a été un moteur sur les dossiers européens avec une idée centrale : faire de l’Union européenne une puissance qui s’affirme. Mais la crise politique en France fait craindre un recul de l’influence française. Un recul déjà constaté depuis la dissolution avec un président affaibli. On l’a vu récemment par exemple dans le dossier du traité avec les pays du Mercossour où la voie de la France a peu pesé. pareil dans le dossier sur les droits de douanes avec les États-Unis dans lequel la France n’est pas parvenue à obtenir une exonération de droit de douane sur le vin alors que l’Allemagne est parvenue à obtenir un abaissement sur l’automobile. La France est également affaiblie sur le plan économique. Certains craignant que Paris soit devenu le nouvel homme malade de l’Europe. Malgré tout, la France reste active sur le plan diplomatique avec la coalition des volontaires dans le dossier ukrainien, mais également sur Gaza essayant d’entraîner d’autres pays vers la reconnaissance de l’État de Palestine. Éric Leboucher, la France était sous le coup d’une procédure de déficit excessif de l’Union européenne. Ça veut dire des pénalités, procédures que la commission de Bruxelles a accepté de suspendre temporairement, mais à la condition hein que la France présente des mesures qui rendent crédibles sa trajectoire de retour à l’équilibre. Oui. Donc on sera pénalisé sûrement si on ne présente pas ses mesures et je vois pas à l’heure actuelle, je vois pas lesquelles on va pouvoir présenter. Donc on c’est on risque d’être pénalisé en effet. Après, c’est des pénalités qu’on paye pas toujours, qui qui se diffèrent et cetera, mais bon, dans ça aggrave le le cas de la France au sein de l’Europe, c’est certain, si en plus elle triche sur ses pénalités, donc tout va mal. En effet, la France est un grand pays donc européen, c’est un pays fondateur euh vraiment numéro presque numéro 1 dans la fondation de de l’Europe, mais un pays ruiné. Donc un pays ruiné, il a il a moins de pouvoir et ça ira croissant. Ça veut dire que les 44 milliards d’euros d’économie que présentait François Baou, aucun de ses successeurs, quel que soit son orientation, ne pourra s’en dédouiner. Il faudra bien trouver quelque chose. Je ne sais pas s’ils vont trouver à 44 milliards. Plus haut, plus bas. Il faudrait plus haut mais ce sera sans doute plus bas. Le Parti socialiste évalue une vingtaine de milliards seulement les forces. Oui, c’est ça. La moitié, ça suffit pas. sous prétexte assez compliqué et faux de de raisonnement économique. Euh oui, il faudra que la France se se mette à faire euh soit un peu rigoureuse soit mais pour l’instant le paysage politique ne le permet pas. D’où l’inquiétude des Européens tout à fait raison. Et ce d’autant plus que la moitié de la dette publique française est détenue par les nonrésidents. Et cette proportion, elle n’a fait qu’augmenter depuis la crise du Covid et le le quoi qu’il en coûte. Ça ça oblige à faire davantage d’économie que les si en gros comme au Japon la dette était détenue essentiellement par des nationaux. Oui mais enfin on fait pas des économies pour les autres, on fait des économies pour la France pour que la France parce que pourquoi il faut faire des économies aussi ? Il faut faire des économies pour la raison que je vous ai dit tout à l’heure, nous avons un système social déficitaire. Donc nous faisons des des on donne de l’argent, on prend on endett le pays pour payer le courant, les dépenses courantes. Or aujourd’hui ce qui est très dit nouveau si vous voulez avec l’éruption du la guerre d’une part de du numérique d’autre part le vieillissement et cetera. Donc tout ça impose qu’on fasse des investissements sur l’avenir et non pas des dépenses courantes. Donc euh les économies qu’il faut faire, elle comporte se remettre dans ordre euh éliminer le déficit mais aussi mettre de côté de l’argent pour investir. Donc c’est beaucoup comme c’est le changement il est grand. Qui plus est et c’était le sens de ma question avec des créanciers étrangers a priori moins captifs que des ménages français épargnant. Ouais. ou enfance aujourd’hui est en grand pays donc les la différence de taux entre la France et l’Allemagne n’est pas encore énorme mais ça peut glisser très vite et puis c’est encore une fois on fait pas toutes ces réformes toutes ces économies pour les autres pour l’Europe on fait pour remettre la France en ordre et il n’y a pas qu’en matière budgétaire he que la France inquiète ses partenaires. Quelle sera la position française si d’aventure la crise politique conduisait au pouvoir ? Une nouvelle majorité face à la Russie notamment à Emmanuel Macron s’est exprimé sur le sujet. Euh c’était lors de la réunion récemment à Paris de la coalition dite des volontaires autour de l’Ukraine. Écoutez, le contexte international en Ukraine comme au proch et Moyen-Orient nous rappelle d’abord que la France est attendue, que nous avons beaucoup à faire, que le monde dans lequel nous vivons est instable, la France doit continuer d’avancer et c’est avec une volonté d’ambition, de responsabilité, de stabilité et de respect pour diversité des formations politiques que nous devons aborder tous ces débats. J’espère que c’est avec cet esprit et poursuivant ces principes que les jours et semaines à venir seront abordés. Éric le boucher, comment maintenir une telle détermination lorsque le pouvoir se sait menacé dans les urnes ? Bah il faut la maintenir. Qu’est-ce que vous voulez ? Les démocraties c’est comme ça. Il arrive queon vote et donc les gouvernements sont éphémères. Donc par nature mais c’est les gens le comprennent. Il faut simplement que à Paris la parole soit ferme en ce qui concerne la défense européenne, en ce qui concerne l’attitude face à l’Ukraine et Moscou et et ce et ce c’est l’État français. Maintenant, ce qui est très difficile, c’est que la politique enfin le le spectre politique français est très désordonné dans tous les sens et une grande partie sinon une majorité et pas pour les dépenses et la défense de l’Ukraine. Donc ça ça évidemment ça affaibli le discours présidentiel. Oui, c’est la crédibilité même de la France qui affaiblit aux yeux de ses alliés. On ne sait pas si dans un an, 2 ans, Paris sera toujours en mesure de prendre le lit de la tête he de ses forces de réassurance sur le terrain en Ukraine. On le sait, le Front national, le Rassemblement national et la France insoumise, ils sont résolument hostiles. Oui, c’est vrai. Mais enfin, on a encore la la l’armée la plus puissante en Europe avec les Anglais et aussi les Polonais. Euh c’est pas rien. C’est c’est quelque chose, ça parle, on parle pas de rien du tout. Donc on est ruiné dans les poches mais on a des des des rafales et et des missiles. Est-ce un signe en tout cas envoyé aux alliés ? C’est celui qui était jusque-là ministre des armées qu’Emmanuel Macron a choisi pour succéder à François Baou à Matignon. Portrait de Sébastien Lecornu, le nouveau premier ministre. Impass Sébastien Lecornu assiste hier à la chute de François Baï. En son fort intérieur, c’est-il qu’il lui succédera devenant le 5e premier ministre en 2 ans. Déjà pressenti par le passé à 39 ans seulement, c’est cette fois son moment. À la veille du mouvement bloquou, c’est pendant une autre crise qu’il tape dans l’œil d’Emmanuel Macron en 2019. Pour rebondir après la crise des gilets jaunes, c’est lui qui souffle au président une idée qui freamouche le grand débat. La prise de parole pas trop longin. Je vais être je vais disciplinaire. monde venu de la droite, il gagne alors ses gal d’homme de confiance, un statut qui se confirme aujourd’hui en pleine crise politique. À l’Assemblée, il est plutôt bien vu, y compris par le RN. Un dîner avec Marine Le Pen l’an dernier avait d’effrayé la chronique. Sans effet repoussoir non plus pour une partie du PS, il a pourtant fourbi ses armes à l’UMP. Son parcours est celui d’un pur politique qui cultive la discrétion. Sur ses images de 2005, il n’a que 19 ans. Il devient le plus jeune assistant parlementaire de l’Assemblée auprès du député Franck Gillard. Mais dans son département de l’heure, l’homme force appelle Bruno Lemire. En devenant ministre du gouvernement Fillon en 2008, il fait entrer dans son cabinet le jeune Le corn, simple titulaire d’une licence de droit. Ces deuxlà ne se quitteront plus. De la campagne des primaires de l’UMP en 2016 jusqu’à leur aventure commune de macronistes d’adoption. Peu connu des Français, Sébastien Lecnu se dit amoureux du consensus, effriant de missions impossibles, des mots bientôt mis à l’épreuve du réel. Éric Leboucher, on a beaucoup commenté le choix d’Emmanuel Macron de nommer un fidèle d’entre les fidèles en la personne de de Sébastien Lecnu. Il rétrécit encore davantage une coalition déjà minoritaire ou bien a-t-il les moyens d’après vous de bâtir des compromis ? On va voir. Il est déjà essayé de faire le le la somme des siens de de et plus le LR. Donc au moins qu’il y ait pas de fuite euh dans le parce qu’il y en a eu dans le vote contre 13 députés LR, hein. Exactement. Donc là, il faudrait au minimum ça. Ensuite, il est parti pour discuter en parlant de rupture avec la gauche. Alors, est-ce que il va réussir à amener la gauche à ne pas le censurer sur son budget ? Euh, ça se discute en ce moment. Voilà, les les enchères mises par la gauche sont par le Parti socialiste sont très très élevées. Pour l’instant trop élevé, mais on est dans le souc là, ça discute. Économe en tout cas de ses propos à défaut des deniers publics, il a effectivement marqué les esprits avec ce mot de rupture. D’après vous, Emmanuel Macron lui a donné carte blanche pour revenir sur les fondamentaux du du macronisme. C’est ça le prix à payer pour éviter une nouvelle dissolution, voire même une démission du chef de l’État que d’aucun appelle de leur vœu. Alors non, il a pas il a pas le droit de rompre avec le le macronisme, je crois pas. mais simplement comme il faut faire un geste euh pour séduire le Parti socialiste pour qu’ on ait un budget, que la France ait un budget et que par euh du coup euh Emmanuel Macron puisse encore survivre une année jusqu’à l’horizon 2027, euh il faut qu’il fasse ce geste. Donc il va falloir qu’ expliquent que non on ne rond pas la ligne mais on l’amende un tout petit peu sur tel ou tel dispositif fiscal pour les riches qui donc la question c’est de savoir est-ce que ça coûte le parti socialiste est-ce qu’il coûte 4 milliards 5 milliards 10 milliards voilà c’est ça dont on discute aujourd’hui. Voir éventuellement la réforme des retraites. Vous y croyez ou non ? Ça je pense que c’est là là pour le coup Emmanuel Macron ne peut pas accepter ça en tout cas. D’ailleurs, c’est la CFDT elle-même a basculé. Donc on ne voit pas pourquoi le PS demande ça pour mettre la la barre haute mais mais sans y croire. En tout cas, à l’arrivée de Sébastien Lecnu à Matignon, a de quoi rassurer nos voisins allemands, eux qu’il connaissent comme ministre des armées depuis 2022. Anne Maillet, oui, la nomination expresse d’un nouveau premier ministre à Matignon qui plus un fidèle lieutenant du président Emmanuel Macron rassure de toute évidence le gouvernement allemand. D’autant que Sébastien le cornu n’est pas un inconnu ici en Allemagne. Il a travaillé très étroitement ces deux dernières années avec le ministre allemand de la défense Boris Pistorius. Sa volonté euh de consulter les différents partis politiques pour former un gouvernement selon une méthode somme toute très allemande est par ailleurs largement commenté de ce côté-ci du rein. Mais ceci dit, l’instabilité politique qui règne en France depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 est une source de préoccupation majeure pour les Allemands qui ont tendance à penser de toute façon que la France est un pays incapable de se réformer. Et c’est bien évidemment la dette française qui inquiète le plus ces dernières semaines. Le spectre d’une nouvelle crise de la zone euro a été très largement agité par la presse allemande. Sébastien Lecornu aura donc fort à faire pour convaincre ses partenaires allemands qu’il est en mesure de redresser le pays. Ah oui, car à peine nommé Sébastien Lecornu fait face à une multitude de revendications illustré notamment par cette journée du 10 septembre à l’initiative du collectif Bloont né des réseaux sociaux. Les flammes dévorant cette brasserie dans le quartier des à Paris. C’est l’une des images marquantes de cette journée de mobilisation. Dans un autre quartier, les policiers sont pris à partie partout en France. Des actions de blocage dès la matinée comme ici près de Poitier. L’intervention d’un blindé de la gendarmerie a dû être nécessaire pour déblayer la voie. À Renn, un bus municipal a été incendié. Il ne reste plus que sa carcasse. Au total, 540 personnes ont été interpellées, même si la majorité des rassemblements s’est déroulé dans le calme. Bruno Rotaillot a salué la réactivité des effectifs de sécurité. Nous avons précisément mise en échec cette stratégie et les bloqueurs n’ont pas bloqué la France. Il y a eu de très nombreuses tentatives, des tentatives qui ont parfois été violentes. Quel avenir pour ces manifestations ? Certains souhaitent encore se mobiliser. Je trouve que il y a beaucoup trop de choses où on s’est laissé un peu marcher dessus et donc dès qu’il y a un mouvement qui conteste tout ça, moi je suis là. Deux nouvelles grèves et rassemblements sont prévues le 18 septembre. Ça illustre le point de vue de nos amis allemands Éric Leboucher. La France incapable de se réformer. Non, ça je crois pas du tout hein. Je pense d’abord que les Allemands doivent nous faire la leçon enfin mettre au vot si je puis dire en italien parce que leur coalition est un peu branlante. L’AFD est le premier parti. Même chose pour les anglais avec Farach. Les italiens sont quand même pas dans une situation extrêmement claire politiquement. Donc euh même si madame Mélonie a atteint les 1000 jours euh au gouvernement, bon donc euh non la euh les autres européens ont le même problème que la France, c’est un problème énorme des classes moyennes. En France, on a réussi à à se réformer très euh d’un coup en 1958, on l’a fait en 1992 93 quand François Miteran a changé politique complètement et on l’a fait encore pour entrer dans l’euro d’ailleurs comme d’autres pays européens. Donc on peut le faire simplement. Il y a une classe politique qui est aujourd’hui éparpillée, débousselée, qui sait pas quoi faire et qui est l’ensemble et qui est et deux côtés populistes. Nous, on en a pas un seul, on en a deux partis populistes qui ont séduit une majorité de Français à à dire que tout va mal, que rien n’est possible et que il faut tout renverser. Euh moi je je crois que le le problème il est là dans l’état d’esprit des Français qui sont convaincus que rien ne va alors que il faut faire des réformes, il faut faire des économies et que on va y arriver. Est-ce qu’il y a pas un devoir d’exemplarité tout de même ? C’est pour rendre acceptable aux Français des concessions sur le recul de l’âge de départ à la retraite ou une nouvelle réforme de l’assurance chômage, est-ce qu’il ne faut pas taxer davantage les très hauts patrimoines ou que l’État lui-même réduise son périmètre y compris dans les collectivités locales ? Oui, pour les collectivités locales, je suis d’accord. Pour ce qui est des riches, c’est toujours le le problème éternel des privilèges en France depuis euh 1789, on n’aime pas les privilèges. C’est ça nous ressemble, c’est notre génétique, je dirais. Oui, il y a quand même beaucoup d’optimisation fiscale aussi aujourd’hui hein, par la mobilité du capital. Oui, non. Oui. Bon, donc il y a des privilèges. Oui, je suis d’accord. Donc les privilèges, c’est pas normal. Personne n’en veut. C’est tout à fait justifié que l’on les les qu’on veuille pas. Donc c’est tout à fait dans les gènes de la France. simplement, il faut regarder les choses calmement. Le le quand on dit les entreprises reçoivent de l’argent de l’État, c’est c’est ridicule. L’ensemble des entreprises, elle paye plus qu’elles reçoivent. Point. Et elle la la différence est la plus forte d’Europe en proportion. Donc faut pas raconter des bêtises de ce genre. Il faut pas écouter les populistes. Les populistes nous emmènent dans des aventures sans solution. Donc il faut revenir à des choses calmes, à des choses simples, à des des à des économies faisables où tout le monde doit payer en effet. Mais sans oublier que si on fait payer les entreprises ou les riches, il faut surtout veiller à ce que la production ne se parte pas de France. Donc c’est pas non plus très simple à faire. Et si on réussit à faire ça, très bien. Si si les riches veulent bien payer, je crois qu’ils veulent d’ailleurs, mais à condition que ce ne soit pas un engrenage pour payer encore plus l’année d’près l’année d’après. Si on rétablit une stabilité, je pense qu’on retrouvera une possibilité et que oui, la France est réformable. On a tendance en tout cas à l’oublier, mais l’instabilité politique a fait partie de notre histoire politique récente jusqu’en 1958. La 4e République en France, c’était deux gouvernements par an en moyenne. Image. Comment la France aurait-elle pu peser de tout son poids sur les grandes décisions internationales alors qu’en 12 ans, 24 gouvernements se sont succédés à sa tête avec une moyenne d’existence de 6 mois à peine ? Durant la même période, l’Angleterre a connu quatre gouvernements représentant deux politiques. [Musique] Les États-Unis n’en ont eu que deux. L’Allemagne a le même gouvernement depuis 10 ans. En France, l’instabilité est née d’une Constitution qu’une opinion trop divisée n’a jamais réussi à amender, malgré 99 propositions de révision en 12 ans. Opinion de George Bidau le 10 juin 55. La nécessité d’une révision n’est plus contestée. Minds France le 3 juin 53. Je demanderai au Parlement d’examiner très prochainement la réforme constitutionnelle. Paul Renault a dit : Il faut réviser la Constitution. L’instabilité de nos gouvernements afflige nos avis dans le monde et fait la risée de nos ennemis. [Musique] N’ayant pu réviser la Constitution, le Parlement a confié ce soin au gouvernement en le chargeant de soumettre au peuple le texte de la nouvelle constitution par la voix du référendum. Française et françaises, soyez responsables de votre liberté, mais c’est aussi de l’avenir de vos enfants que votre choix sera l’exacte monnaie. Un jour, il vous en sera demandé compte. Français et françaises, par votre voix s’accomplira le destins. [Musique] Éc le boucher voit effectivement sourire depuis avec l’émergence du Front National devenu Rassemblement national puis plus récemment du macronisme, la France a a épuisé les charmes de la la 5e République, fini l’affrontement droite gauche et le scrutin majoritaire qui règle le tout. Il faut changer de régime. Écoutez, on est dans un brouillard euh à mon avis économi-social tel que c’est pas en changeant des institutions ou des constitutions seulement que on va résoudre ça. Il faut retrouver un contrat social en France, en Europe autour à mon avis de d’un retour à au régime qui marche. C’était un régime démocratique, un régime européen et un régime social libéral comme comme c’était. Il faut il faut ce retour-là. Donc euh après est-ce qu’il faut changer de constitution ou pas en France ? Est-ce que autrement dit est-ce que la 5e c’était adapté à à Charles de Gaulle et à personne d’autre ou et que ça s’est éteint petit à petit, je suis pas spécialiste de la Constitution. Je je crois que cette constitution correspond profondément à une vision centralisée de la France qu’il est possible de décentraliser et cetera, mais honnêtement, c’est un travail qui me paraît secondaire par rapport à la définition en Europe, dans l’ensemble de l’Europe, de la définition pour parler simple d’un capitalisme plus humain et d’une socialdémocratie plus redistributive. Ça je suis voilà, c’est ça le sujet. Ensuite, il faut que le système politique se réadapte à ça. Ou merci beaucoup Éric Leboucher d’avoir été l’invité cette semaine du monde dans tous ces états. Une émission que vous pouvez retrouver sur notre site internet france24.com. Rendez-vous la semaine prochaine. [Musique]

Cinq Premiers ministres en vingt mois, sept depuis l’entrée d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Du jamais vu sous la Ve République. La France, longtemps vantée comme un modèle de stabilité, est désormais scrutée de près par les démocraties voisines. Ses partenaires européens redoutent un risque “systémique”. La France est-elle le nouveau malade de l’Europe ? Pour en parler, notre invité : Éric Le Boucher, journaliste à L’Opinion et aux Échos.

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