Côte d’Ivoire : l’opposition piégée par la stratégie du pouvoir ? • FRANCE 24

Côte d’Ivoire : l’opposition piégée par la stratégie du pouvoir ? • FRANCE 24

On ouvre ce journal par le focus politique consacré ce soir à la présidentielle ivoirienne qui se tiendra le 25 octobre prochain. Ils étaient 60 candidats au départ mais au final ils ne seront que cinq retenus par le conseil constitutionnel dont le président sortant à laattara mais sans deux poids lourds Tidam et Laurent Bagbo. À plus d’un mois de la présidentielle ivoirienne, nous faisons donc un focus politique avec Richard Banigas, professeur de sciences politiques et de chercheur au série. Il travaille depuis plus de 25 ans sur la Côte d’Ivoire, co-auteur entre autres d’Andant avec Amando Coutolo de la guerre des papiers en Côte d’Ivoire apparaître le 25 octobre aux éditions Cartarla. Merci beaucoup Richard Banegas d’être avec nous. Alors dites-nous tout. La liste définitive de candidats continue de faire couler beaucoup d’encre he publié il y a plus d’une semaine. Peut-on eu voir une stratégie de fragmentation calculée de l’opposition ivoirienne ? Oui. Euh de toute évidence, hein, c’est une une liste effectivement qui est un petit peu cousu de fil blanc, qui est une une liste taillée sur mesure également, hein, pour que Alassan Watara puisse disons euh voilà avoir un boulevard vers son 4e mandat et aussi comme vous le suggérez euh fort justement diviser encore plus l’opposition puisque les candidatures invalidées, on les connaît, celle de Laurent Bagbo, Tiam mais aussi il faut le rappeler Affin Guessan qui avait pu être en compétition en en 2020 avec Bédier. Là, les candidatures validées, celle de Simon Bagbo, celle d’wait disons du clan qui auparavant représentait la gauche Bagbast, voilà, c’est aussi des coins hein, disons porté dans le dans le camp Bagbau et puis Jean-Louis Billon qui a pu se se présenter en candidat libre issu de la famille PDCI en rivalité avec avec Tiam. Donc voilà, ça va être compliqué. pas sûr que ces candidats-là puissent récolter les voies de ces partis dont ils ont été plus ou moins exclus. Mais en tout cas, c’est une des stratégies du pouvoir de toute évidence. Alors, quelle va être la réaction euh de l’opposition ? L’alliance PDCI, PPACI marque une tentative de Front Uni face au pouvoir, mais est-ce que ça va tenir ? Pour l’instant, l’opposition est dans une position un petit peu attentiste, je dirais, hein, avec peut-être aussi en tête, on y songe peut-être pas assez, le le scénario sénégalais, hein, où Macky Sall avait infiné au bout de quelques semaines de de crise, vous vous en souvenez, et bien permis à ses opposants alors en prison de d’entrer dans dans le jeu et ils l’ont gagné. Euh il est peu probable hein que euh le gouvernement ivoirien euh accède à ce genre de à ce genre à ce genre de demande. Pour l’instant euh c’est assez peu probable. Euh du côté du surtout qu’au Sénégal, le l’opposant était resté en prison et il avait été remplacé au pied. Puis là les questions juridiques et judiciaires sont tellement complexes et différentes aussi euh en en Côte d’Ivoire qu’il est c’est c’est absolument improbable. Mais si l’on s’imagine effectivement une réédition des affrontements qui avaient eu lieu en 2020, il faut se souvenir de ce qui s’était passé en 2020 avec l’appel au boycott actif à la désobéissance civile de de l’opposition qui avait quand même mis pas mal de gens dans dans la rue ainsi que aussi il faut s’en souvenir la non reconnaissance de l’élection d’Assassan Ouattara par le gouvernement qui avait l’opposition qui avait essayé de mettre en place un gouvernement parallèle et qui s’était soldé par de très très fortes répressions, de nombreuses violences qui avaient une centaine de morts 80 officiels mais sans doute beaucoup plus. Est-ce qu’aujourd’hui on est dans cette configuration ? Potentiellement, vous le vous le disiez, l’opposition s’est unie, les partis d’opposition sont unis, en particulier le PPACI et le PDCI. Donc c’est une force de prate qui est quand même potentiellement importante. Ils ont également créé ce mouvement trop c’est trop en essayant de surfer aussi sur la grogne sociale sur des mouvements sociaux sur lesquels nous pourrons aussi revenir qui sont très puissants également en fait très fort hein. Il y a beaucoup de frustration sociale autour de disons de la de la gestion du du pouvoir et on a vu lorsque des manifestations ont commencé début août qu’ils étaient capables de mettre des gens dans la rue. Mais est-ce que tout ça ça peut peser face au RHDP de vo c’est toute la question moi je crois que la question du 4e mandat par exemple n mais n’a pas du tout été évoqué voilà et assez peu opératoire c’était vous vous en souvenez un élément central la question des trisè mandants dans toute l’Afrique francophone et pas que en 2020 ils ont essayé de de mobiliser autour de ça ça a été relativement un échec premier point donc ça ça risque d’être compliqué évidemment les oppositions extrêmement divisées en interne même puisqu’on a vu hein que certains ont sorti sont sortis du de leur propre parti pour pour pour candidater. Et puis il faut aussi le dire hein, les associations les la société civile en Côte d’Ivoire est relativement faible par rapport à d’autres pays si l’on songe par exemple au Burkina Faso où voilà lorsque Blaise Compa aurait été tombé, il y avait vraiment voilà une une puissance du mouvement citoyen qu’il n’existe pas véritablement en en Côte d’Ivoire et puis les moyens tout simplement financiers. le FPI de l’époque et puis les les backbast d’aujourd’hui ont été très largement affaiblis aussi par dans la dans l’après-guerre et puis la capacité de répression du du régime qui au fond comme sous d’autres cieux y compris les nôtres hein fait fit du mouvement social hein. Donc voilà c’est ça va être une situation très compliquée je alors c’est intéressant il y a un autre point que vous soulignez dans vos travaux qu’on retrouve on soulligne l’âge des candidats. pense à à Lassan Ouattara qui a 83 ans même Bagbo même s’il est excusé à 80 ans. Euh la question ce que vous appelez la corocratie, est-ce que vous pouvez nous expliquer coro, le coro en en Malink dans le Noui, c’est c’est l’aîné hein. C’est le doyen auquel auquel on doit on doit rester la chocratie. Donc c’est aussi le le poids et le et la des anciens la gérontocratie hein pour pour aller vite. Et cette cette question du clivage générationnel sur lequel moi je travaille depuis 25 ans, il s’est encore aiguisé ces dernières années. En 2020, on avait pu écrire effectivement dans cet article là que on était face à une espèce de crise un peu ultime de la de la chorocratie avec cette voilà cette génération vieillissante qui refuse effectivement de de quitter la de quitter la scène alors même que depuis et bien une vingtaine d’années ben de nouvelles générations sont sont apparu y compris pendant le conflit comme dans toute situation de guerre bah de nouvelles générations politiques apparaissent. On avait pensé évidemment que Soro ou Blégoudé aurait pu hein voilà un jour prendre le relais puis finalement non hein, ils ont été l’un et l’autre disons marginalisé. Donc cette situation là, elle est toujours cristallisée, elle est toujours sous-jacente, me semble-t-il, à l’évolution du champ politique ivoirien. Elle est elle est aussi explosive, hein, parce qu’évidemment, elle se elle se elle se conjugue avec la crise sociale que j’évoquéis tout à l’heure. Ou merci beaucoup Richard Banegas d’être venu dans ce journal là de l’Afrique. Je rappelle, votre ouvrage apparaît le 25 octobre aux éditions Cartala, la guerre des papiers en Côte d’Ivoire courécrit avec Amando Coutolo. Merci beaucoup d’être venu. Votre accueil. M.

À quelques semaines de la présidentielle, la recomposition politique ivoirienne soulève de nombreuses interrogations. La Cour constitutionnelle vient d’écarter plusieurs candidatures. Dans ce contexte, Richard Banégas, professeur à Sciences Po et chercheur au CERI, décrypte les dynamiques à l’œuvre : fragilité de l’opposition, fracture générationelle, retour de la “korocratie”…
#Tidjanethiam #gbagbo #ouattara

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