Un col hors catégorie : c’est ainsi que Bart De Wever qualifie le défi budgétaire qui attend son gouvernement dans un conclave qui débute demain. Ce défi économique majeur, que certains comparent aux efforts d’austérité des années 1990 sous Jean-Luc Dehaene. Les deux époques sont-elles comparables ?
« Le déficit budgétaire de la Belgique sera bientôt le plus important du monde occidental ». En début d’année, les propos du Premier ministre étaient déjà clairs : l’effort budgétaire à réaliser sera important. Car à politique inchangée, et donc sans mesure d’économie ou de rentrée financière supplémentaire, le déficit de l’État fédéral passera de 26 milliards d’euros en 2025 à 42 milliards d’euros en 2030.
« Politique inchangée, le déficit va continuer à augmenter pour deux raisons, note Benoit Colman, économiste. D’abord des dépenses en matière de défense, mais surtout parce qu’on rentre dans le coût du vieillissement de la population, c’est-à-dire les soins de santé, les pensions, et on sait que c’est un élément qui va jouer jusqu’en 2040. Donc, on rentre vraiment dans la montagne du financement du vieillissement de la population ».
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Les derniers ajustements budgétaires d’envergure remontent aux années 1990 et au plan global du Premier ministre de l’époque : Jean-Luc Dehaene. Il s’agissait alors d’économiser plus de 500 milliards de francs belges, soit plus de 12 milliards d’euros. « C’est un plan difficile, c’est un plan dur, mais je crois que c’est un plan nécessaire et donc le gouvernement a la ferme intention de le réaliser », se justifiait-il à l’époque.
L’effort budgétaire des années 1990 peut-il être comparé à la situation budgétaire actuelle ? Voici ce qu’en pense Philippe Ledent, économiste chez ING. « Sur plein d’aspects, la situation est différente, explique-t-il. Le rythme de croissance est différent, les taux d’intérêt sont différents, la période est différente… Mais oui, les efforts qu’on devrait réaliser aujourd’hui, compte tenu justement du fait qu’il faut compenser une dégradation presque automatique des finances publiques, les efforts à réaliser correspondent bien en termes d’ampleur à ce qui a pu être réalisé au début des années 90 ».
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Il y a enfin une différence majeure à noter : à l’époque de Jean-Luc Dehaene, l’effort budgétaire était obligatoire pour remplir les critères pour entrer dans l’euro. Aujourd’hui ce n’est pas le cas. L’importance de l’effort et les mesures d’économie à réaliser dépendent donc surtout des décisions politiques prises par le gouvernement.